Le CNES renforce son action en Guyane
Deux conventions viennent d'être signées par le CNES et la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, pour améliorer les conditions techniques et économiques des infrastructures de l’enseignement supérieur en Guyane.
Le secteur spatial est au centre du développement économique et social de la Guyane. Souhaitant agir en faveur du plan d’actions Phèdre II mené par le CNES (Centre National d'Études Spatiales), le gouvernement français a décidé d’ajouter 10 millions d’euros au budget de 40 millions du CNES alloué pour la période 2014-2020. Le plan Phèdre II ou Partenariat Hermès au Développement régional II, dont le but est de favoriser l’activité locale, n’est pas une première pour ce territoire abritant le Centre Spatial Guyanais. Le CNES octroie en effet depuis 1990 d’importantes sommes à l’intention du développement économique de la Guyane comme le financement de projets scientifiques et numériques.
Suite à l’annonce d’Emmanuel Macron, en octobre 2017, de la volonté de développer l’activité de l’Université de Guyane sur les métiers du spatial et de créer une chaire autour cette thématique, deux conventions ont été signées par le CNES le mercredi 25 juillet 2018 en présence de Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ces conventions signées avec l’Université de Guyane et les formations du Rectorat de l’Académie de Guyane s’engagent à entre autres à développer une université numérique, à développer les équipements et les infrastructures des laboratoires ainsi qu’à prendre en charge des bourses d’aides aux études supérieures et à l’apprentissage. Le gouvernement par cette initiative souhaite privilégier l’enseignement supérieur et la recherche dans cette région où 33 % des jeunes sortent sans diplôme du système scolaire.
La Guyane, ancienne colonie française, est un département et région d’outre-mer (DROM) depuis 1946. Située en Amérique du Sud, ce territoire est recouvert à 94 % par la forêt amazonienne. Outre sa biodiversité foisonnante, la Guyane est réputée pour son centre spatial. Ce centre est le port spatial européen d'où décollent régulièrement des satellites de toutes nationalités. Historiquement, ce fut la première base à lancer une fusée européenne : Ariane 1, en 1979. Depuis, il est devenu l’un des lanceurs les plus modernes et les plus performants du monde.
Le CSG (Centre Spatial Guyanais) est actuellement géré par le CNES, l’Agence spatiale européenne, Arianespace et la Communauté Industrielle et Spatiale de Guyane. Responsable de 17 % du PIB, il est l’un des principaux employeurs de la région puisqu’il draine près d’un tiers de la masse salariale guyanaise.
UN SYSTÈME ÉDUCATIF À RESTRUCTURER
Un an auparavant de nombreuses manifestations éclataient sur le département français, une des revendications des guyanais concernait l’éducation, un point sensible si on en croit un rapport du Sénat sur l’état d’urgence du système éducatif guyanais. Celui-ci alerte notamment sur :
- La pénurie d’enseignants qualifiés : 16 % des professeurs sont des contractuels à l’école primaire et 33 % dans les collèges / lycées.
- Le manque d’adaptation du modèle scolaire métropolitain au modèle guyanais : une grande partie du programme et des horaires sont inadaptés.
- Les sureffectifs des établissements : les trois lycées du territoire ont un taux d’occupation de 140 % à 150 %.
L’enseignement supérieur souffre également de ces dysfonctionnements puisque les poursuites d’études sont peu nombreuses et possèdent un nombre limité de places. Ce système alimente donc la « fuite des cerveaux » vers la métropole. Ainsi l’aide gouvernementale tombe à pic pour tous les jeunes guyanais souhaitant s’orienter vers le spatial ou les métiers attenants.