Un immense couloir de glace découvert sur Titan, la lune de Saturne
En cherchant des sources d’émission de méthane sur Titan, des chercheurs de l’Université de l’Arizona sont tombés sur un immense couloir de glace souterrain. Le processus de sa formation reste un véritable mystère.
La sonde Cassini a été lancée en 1997 en direction de Saturne, dans le but d'analyser la géante gazeuse et ses lunes de plus près. Entre 2004 et 2017, au fil de ses voyages en orbite autour de Saturne, la sonde a récolté une multitude de données qui ont permis aux scientifiques d’en connaitre davantage sur Titan, deuxième plus grand satellite naturel du système solaire après Ganymède.
Avec ses 5 000 kilomètres de large, ses caractéristiques l'apparentent davantage à une planète qu'à une lune morte couverte de cratères. Plus précisément, ses nombreuses similitudes avec notre planète intriguent : une atmosphère dense, des paysages pouvant rappeler les étendues terriennes ainsi que la présence de bourrasques de sable. D’après de récentes études parues dans la revue Nature, Titan serait le seul astre à abriter des étendues liquides stables sur sa surface, changeantes au gré des saisons. En cherchant les sources de méthane qui composent ces étendues, des chercheurs de l’Université d’Arizona ont découvert un gigantesque corridor de glace.
DES MERS DE MÉTHANE SENSIBLES AUX SAISONS
Située à près de 1 448 409 600 kilomètres du Soleil, les températures sur Titan sont basses, très basses. À tel point que certains composés organiques, comme le méthane, que l’on retrouve sur Terre sous forme de gaz sont retrouvés sous forme liquide sur Titan. Cette lune possède trois grandes mers et plusieurs petits lacs reliés entre eux par des rivières et des ruisseaux situés dans son hémisphère nord. Au sud se trouve un grand lac. Ces zones liquides recouvrent près de 2 % de sa surface totale, soit 1,6 millions de km².
Des chercheurs de la NASA suggèrent que certains de ces lacs ont une profondeur de plus de 100 mètres et ont été alimentés par des précipitations de méthane sur des milliers d'années. D'autres sont éphémères et ne sont que des étangs ou des nappes d'eau très fines qui peuvent s'assécher en une saison. Au Nord de Titan, les pluies tombent principalement l'été mais Saturne et ses lunes mettent beaucoup plus de temps que la Terre pour accomplir une révolution autour du Soleil ; une année pour ces astres équivaut à trente années sur Terre. Les saisons de Titan, elles, peuvent s'étendre sur sept ans.
DÉCOUVERTE D’UN COULOIR DE GLACE
Des chercheurs se sont donc posés la question de la source de tout ce méthane. Mise à part son évaporation depuis des lacs polaires, ces sources ne sont pas encore localisées. Les lacs de Titan, eux, ne contiennent qu'un tiers du méthane présent dans son atmosphère et les échelles de temps géologiques les épuiseront bientôt.
Une théorie veut que ce seraient des réservoirs situés sous la surface de Titan qui pourvoiraient au méthane contenu dans l'atmosphère. Grâce à l’activité volcanique de cette lune, l’atmosphère pomperait alors le méthane.
Les chercheurs se sont alors concentrés sur la région de Sotra, singulière par sa ressemblance à un « cryovolcan », un volcan de glace. Caitlin Griffith, professeur au Laboratoire planétaire et lunaire de l’Université d’Arizona, a analysé avec son équipe cette région. Après avoir analysé des milliers d’images, prises par Cassini en utilisant un spectromètre infrarouge, ils y auraient découvert un immense couloir de glace, s’étalant sur environ 40 % de la circonférence de Titan.
Cette méga structure de glace intrigue. « Ce couloir glacé est déroutant, car il ne correspond à aucune caractéristique de surface ni à aucune mesure du sous-sol » déclare Griffith, auteur principal d’un article paru dans la revue Nature Astronomy. « Nous détectons cette caractéristique sur les pentes abruptes, mais pas sur toutes les pentes. Cela suggère que le couloir glacé est en train de s'éroder. »
« La trace du couloir est probablement un vestige du passé » réagit-il. « La structure de Titan est un véritable casse-tête, on ne peut pas expliquer ce que nous voyons là maintenant ».