L'Islande, paradis des chasseurs d'aurores
« C'est presque comme si l'espace venait à vous », confie un photographe à propos des aurores boréales qui investissent le ciel dans ce lieu mystique.
La Terre est enveloppée dans une magnétogaine qui protège la planète des rayons cosmiques nocifs. Appelée la magnétosphère, cette gaine est normalement invisible à l'oeil nu, sauf à proximité des pôles. Là-bas, des lumières étranges et scintillantes visibles dans le ciel la nuit trahissent sa présence.
Ces lumières dansantes, les aurores, voient leur luminosité s'intensifier lorsque le soleil expulse de nombreuses particules chargées en direction de la Terre. Celles-ci entrent ensuite en collision avec les atomes situés dans l'atmosphère de la planète, ce qui produit une large palette de couleurs éclatantes dans le ciel. Récemment, des photographes canadiens ont découvert un nouveau type d'aurores.
La couleur d'une aurore dépend de la nature de l'atome percuté par les particules cosmiques. S'ils entrent en collision avec un atome d'oxygène à haute ou à basse altitude, l'aurore sera respectivement rouge ou verte. L'azote moléculaire produit une couleur rouge, parfois bleue et éventuellement violette. Ces rayons lumineux semblables à des rideaux en mouvement indiquent comment les rayons des électrons décrivant des spirales sont alignés avec le champs magnétique terrestre.
Pour de nombreux passionnés de l'espace, c'est en Islande que l'on peut voir le mieux ces manifestations du champ magnétique de la Terre.
« Je voulais me rendre dans ce pays à l'évocation mystique et admirer les aurores boréales la nuit, dans ce paysage volcanique à l'allure lunaire », a déclaré Robert Ormerod, un photographe vivant au Royaume-Uni.
Situé dans le nord de l'Atlantique, ce pays insulaire est une terre sauvage faite de champs de lave, de glaciers, de curieux phénomènes géothermiques et de plages de sable noir. Grâce à son apparence quelque peu extraterrestre, l'Islande a servi de décors dans Prometeus, Interstellar, plusieurs films Star Wars ainsi que dans la série Game of Thrones. Lorsque le ciel se pare de couleurs vives, vous avez encore plus l'impression d'être sur une autre planète.
Robert Ormerod s'est rendu en Islande dans le cadre d'un projet destiné à toutes ces personnes fascinées par l'univers et qui souhaitent aller dans les étoiles, mais qui n'en auront jamais l'occasion, comme beaucoup d'entre nous.
« Que se passe-t-il pour ceux qui s'accrochent à leur rêve, mais qui ne peuvent pas devenir astronautes ? Que font-ils de leur passion ? », s'est interrogé le photographe.
Pour ce projet, Robert a photographié des personnes qui participent à des simulations de la vie sur Mars, d'autres qui sont captivés par la recherche de civilisations extraterrestres intelligentes ou bien des fuséologues amateurs. Et il y avait aussi des chasseurs d'aurores, prêts à tout pour voir ces sublimes lumières cosmiques.
« C'est presque comme si l'espace venait à vous ».
L'année dernière, Robert Ormerod s'est donc rendu en Islande pour photographier les aurores boréales, mais aussi Örlygur Hnefill Örlygsson, qui dirige le Musée islandais d'exploration. Ce dernier possède une réplique d'une combinaison spatiale du programme Apollo et a joué un rôle décisif dans l'organisation d'une visite de certains astronautes d'Apollo sur l'île où ils venaient s'entraîner en vue de leur voyage sur la Lune.
Au cours de son séjour, le photographe britannique s'est aventuré sur la Ring Road de l'île et a rencontré deux frères, tous deux ingénieurs le jour et chasseurs d'aurores la nuit.
« Ce fut un moment magique. J'étais époustouflé », se souvient-il. « Les deux frères, eux, étaient là comme si ce n'était pas grand chose ».
La nuit suivante, alors que les deux frères voulaient l'emmener avec eux, Robert a presque refusé de les accompagner. Il était fatigué du voyage et de la nuit passée dehors la veille à prendre le ciel en photo. Une fois sorti du van dans lequel il dormait, il a été récompensé : le spectacle de lumière céleste était encore plus beau que la nuit précédente. Dans les moments où les aurores étaient particulièrement intenses, Robert n'a même pas essayé de capturer le phénomène naturel : il a posé son appareil et a juste contemplé le ciel.
« Ces aurores ne ressemblaient à rien que j'avais pu voir en photo jusqu'alors », a-t-il déclaré. « Elles ressemblaient un peu à des araignées, rampant à travers le ciel étoilé. On aurait dit que des extraterrestres débarquaient sur Terre. C'était incroyable ».