Mars aurait été habitable bien avant la Terre
Selon des chercheurs de l’Université de Western Ontario, la planète rouge aurait pu présenter des conditions propices à la vie il y a un peu plus de 4 milliards d’années, bien avant les premières formes de vie connues de notre planète.
La croûte de Mars se serait refroidie progressivement et la surface aurait ainsi pu réunir les conditions de température et de pression propices à la vie, environ 500 millions d’années plus tôt que la plus ancienne trace de vie reconnue sur notre planète.
Lors du Grand bombardement tardif, l'augmentation drastique des impacts météoritiques et cométaires sur les planètes telluriques du Système solaire a particulièrement touché Mars et la Terre. Si l’existence de cette période n’est pas avérée et reste purement théorique, elle a pu être énoncée grâce aux datations de roches lunaires rapportées au fil des missions Apollo.
Ce bombardement tardif s’étendrait approximativement de 4,1 à 3,9 milliards d’années avant aujourd’hui et serait la seconde salve de bombardements intensifs, les premiers ayant cessé progressivement après la formation des planètes de notre Système, lors de sa genèse il y a 4,6 milliards d’années. Cette théorie a été remise en question par les chercheurs de l’Université de Western Ontario, dans une étude publiée dans la revue Nature. Y est exprimée l'hypothèse que les impacts météoritiques sur Mars auraient cessé bien avant ceux sur notre planète.
UNE COMPOSITION DIFFÉRENTE
Les chercheurs ont analysé des minéraux martiens retrouvés dans des morceaux de météorites ayant échoué sur notre planète dans le désert du Sahara. Celles-ci ont été captées par notre champ gravitationnel suite à une collision entre Mars et un astéroïde de plusieurs centaines de mètres d'envergure.
Lorsqu’une météorite ou un astéroïde vient s’écraser sur une planète tellurique, le choc engendre des pressions et des températures hautement élevées, facilement détectables lors d’analyses. Les échantillons de Zircon et de Baddeleyite, datés de 4,48 milliards d’années, présents dans ces minéraux martiens ne présentent pour leur part aucune trace indiquant qu'ils ont subi un impact important. « 97 % des grains que l’on a étudié présentent des caractéristiques métamorphiques de choc faible ou nul » admet Edmond Moser, chercheur à l’Université de Western Ontario et principal auteur de cette étude. « Nous n’avons décelé aucune surimpression thermique induite par un choc important. »
Des analyses identiques réalisées sur des échantillons terriens et lunaires ont montré que 80 % des grains étudiés affichaient quant à eux des signes thermiques d'impacts importants. Qu’en conclure ? Pour les auteurs de l’étude, la période de bombardement intensif sur Mars aurait donc pu prendre fin beaucoup plus tôt que sur notre planète, il y a 4,48 milliards d’années. De cela aurait résulté un environnement propice au développement de la vie. « En prenant en compte les modèles d’habitabilité thermique, nous avons conclu que certaines parties de la croûte de Mars ont atteint des pressions et des températures habitables il y a 4,2 milliards d’années, soit au début de la période humide martienne » conclut le chercheur.
À QUOI RESSEMBLAIT MARS ALORS ?
Toujours selon l’étude, après cette phase d'impacts, la croûte de Mars se serait refroidie progressivement et la surface aurait ainsi pu réunir les conditions de température et de pression propices à la vie, environ 500 millions d’années plus tôt que la plus ancienne trace de vie reconnue sur notre planète.
Mars présentait à cette période un aspect totalement différent de celui qu’on lui prête aujourd'hui et entamait donc il y a 4,2 milliards d’années sa période humide. Certaines études ont avancé l’idée qu’un immense océan couvrait alors une partie de son hémisphère nord et plusieurs lacs et rivières parsemaient toute sa surface à cette période. En 2020, une mission cherchera d’ailleurs à trouver des traces d’un ancien océan ; le rover de la NASA Mars 2020 explorera en effet le lac Jezero, ayant potentiellement abrité la vie.
Le Grand bombardement tardif mit fin à l’éon du Phyllosien, l’éon étant un intervalle de temps géochronologique, caractérisé par un état encore chaud de la planète Mars et d’une enveloppe atmosphérique épaisse. Lui a succédé l’éon du Théiikien, qui s'est prolongée jusqu’à -3,6 milliards d’années. « C’est une période de très fort volcanisme permettant de conserver une bonne pression atmosphérique, beaucoup de gaz à effet de serre, notamment le soufre, et une bonne couverture nuageuse » avance Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland. Cet éon est surtout intéressant du fait « de l’abondance d’eau liquide s’écoulant au cours de cet épisode ».
Si de récentes études montrent en écho que l’eau aurait parcouru Mars bien plus longtemps qu’on ne le pensait, les prochaines missions devraient nous permettre d’en apprendre un peu plus sur l’habitabilité potentielle de Mars durant ses premiers temps géologiques.