Tentés par le tourisme spatial ? Voici ce qui vous attend...
Découvrez les quelques conseils de la formatrice d'astronautes Beth Moses, première femme à bord d'une navette spatiale commerciale, pour les excursions extraterrestres.
En février, la société Virgin Galactic spécialisée dans les vols spatiaux commerciaux a envoyé trois personnes dans l'espace, dont la responsable de la formation des astronautes Beth Moses. Cette ingénieure en aérospatial ayant précédemment travaillé pour la NASA effectuait alors sa première sortie dans l'espace. Avec ce vol, elle devenait la première femme à s'envoler aussi haut à bort d'un vaisseau spatial commercial.
À présent, la mission de Beth Moses sera de préparer les clients de Virgin Galactic à ce qui pourrait bien être l'expérience de leur vie : un voyage par delà l'atmosphère en microgravité, là où l'horizon se courbe et le ciel s'habille de noir. Les tickets sont en vente au prix de 220 000 € pièce et pour l'instant, ce sont 600 personnes provenant de 58 pays qui attendent patiemment leur tour.
Tous les prétendants doivent se soumettre à un examen médical basique mais, contrairement au programme hautement sélectif mis en place par la NASA pour ses astronautes, les passagers commerciaux ne sont pas tenus d'avoir « l'étoffe des héros ». Il leur suffit d'avoir beaucoup d'argent, un soupçon de témérité et un goût certain pour l'aventure.
À ce jour, l'entreprise n'est pas encore prête à débuter les opérations commerciales car elle doit encore réaliser plusieurs vols d'essai. Toutefois, Moses indique que ce jour est « extraordinairement proche ». Elle nous a parlé de la préparation au vol des futurs astronautes et de ses attentes en matière de changement lorsque l'espace (quelle que soit la définition que vous lui donniez) sera plus largement accessible.
Pour vous, que signifie être responsable de la formation des astronautes pour Virgin Galactic ?
Mon rôle est de préparer chaque astronaute qui embarquera pour un vol spatial à bord de notre cabine réservée aux clients. Je dois m'assurer qu'ils sont prêts pour ce voyage et veiller à ce qu'ils tirent un réel plaisir de l'expérience, quelle que soit la façon dont ils souhaitent en profiter.
Comment se déroule l'entraînement ?
Mon principal objectif est de garantir que les passagers arrivent dans l'espace sans aucune préoccupation et sans surprise : ils sauront à quoi s'attendre et y seront préparés. Je ne veux pas que l'un d'entre eux consacre ses premiers instants dans l'espace à se demander d'où viennent ces bruits ou de quel côté se trouve le nord sur Terre, ou encore si ce qu'ils voient à travers le hublot est normal ou si le vaisseau avance dans la bonne direction. Je veux simplement qu'en arrivant dans l'espace, leur seule préoccupation soit de profiter de cette expérience unique et d'en retirer tout ce qu'ils souhaitent.
Dans ce but, l’entraînement s’étale en théorie sur trois jours. Le premier jour est centré sur le participant, sa tenue, son équipement, ses moyens de communication ainsi que sa préparation avec notamment un test de résistance aux G. Le deuxième jour se concentre sur la cabine, les autres passagers, leurs points de vue. Il permet de former l’équipage. Enfin, le troisième jour vient consolider cet équipage et le mettre à l’épreuve grâce aux répétitions. Il offre aux passagers une meilleure compréhension de l’opération dans un sens plus large.
Le vol spatial a lieu le quatrième jour.
Quelles sont les différentes attentes des passagers de ces vols ?
C’est une excellente question et je ne manque pas de la poser à chaque astronaute dès notre première rencontre. Certains d’entre eux répondent habilement : « Je ne sais pas, j’aimerais que vous me prépariez à ce que je dois en retenir et à ce que je ne dois absolument pas manquer. »
D'autres au contraire ont des idées clairement définies, certains attendent avec impatience le voyage en fusée et la poussée du décollage, d’autres ont hâte d’être en apesanteur et d’autres encore ont des objectifs très personnels de l'ordre de l'introspection. Pour certains participants ce voyage représente le rêve d’une vie, pour d’autres il revêt une dimension plus spirituelle et enfin, pour une grande majorité, c’est l’occasion unique de se délecter d’une vue à couper le souffle.
Comment s’est passé le vol de votre côté ?
C’était magnifique, indescriptible. C’est une expérience stupéfiante, vraiment, légèrement intense et absolument merveilleuse. Nos clients sont des individus très, très chanceux. Lors de mon vol, j’étais un membre professionnel de l’équipage, j’avais des tâches à accomplir et pourtant, même dans ces conditions, j’ai trouvé le voyage incroyablement magique.
Aurez-vous l’occasion de retourner là-haut ?
Bien entendu j’aimerais vraiment y retourner mais j’aimerais également envoyer chaque personne que je connais et chaque être humain. Notre ambition est d’ouvrir la voie vers l’espace, de l’ouvrir pour changer le monde et honnêtement, même si j’ai tout simplement adoré ce voyage, mon souhait est d’en faire profiter le plus grand nombre possible.
J’ai entendu de nombreux astronautes dire que s’il était possible d’envoyer tout le monde là-haut pour voir la planète depuis l’espace, cela changerait la façon dont l’être humain interagit avec la Terre et les choses auxquelles nous attachons de la valeur, tout simplement parce que la vue est spectaculaire et le fait de voir la planète en tant que telle est bouleversant.
C’est tout à fait vrai. J’ai un regard complètement différent sur les clichés tirés depuis l’espace, parce que ces images ne lui rendent pas justice. J’ai pu prendre entièrement conscience de la beauté de la Terre et de sa nature précieuse lorsqu'elle était si loin en-dessous de moi, j’ai également réalisé à quel point elle est majestueuse.
J'ai réellement de la chance que mon vol se soit déroulé ce jour-là car le sud-ouest des États-Unis était totalement dégagé, scintillant de cimes enneigées, recouvert d'un vert luxuriant en raison de la météo des derniers jours. Voilà ce qui m'a vraiment frappée en ce qui concerne la vue, elle était si nette depuis l'espace, je suis même incapable de la décrire.
Et comment était le ciel au-dessus de vous ?
Il était tellement noir. D'un noir si profond, plus que toutes les nuances que j'avais pu apercevoir jusque là. Oubliez le vantablack [le matériau le plus noir à ce jour], ce fond noir était si intense qu'il dessinait avec précision les contours de la Terre et la faisait briller.
Pour finir, pensez-vous que les futurs astronautes pourront sabrer le champagne dans l'espace ?
Nous allons devoir nous pencher sur la question. Les projectiles et les navettes spatiales ne font pas bon ménage, les liquides et l'avionique non plus, mais il ne faut jamais dire jamais !
Cette interview a subi quelques modifications par souci de longueur et de clarté.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.