Centrafrique : après la guerre civile
Ce pays plein de richesses s’enlise dans un conflit opposant groupes chrétiens et musulmans, malgré des accords signés en 2013.


En Centrafrique, lors des quatre dernières années, un violent conflit a opposé la minorité musulmane – environ 15 % de la population - à la majorité chrétienne. Les habitants du Nord, plutôt musulmans, se sont longtemps sentis ignorés par les dirigeants de Bangui, la capitale. Leur rébellion a déclenché une guerre civile en 2013.
Pendant la saison des pluies, de mai à octobre, les villages du nord est sont coupés du reste du pays, fermant d’importantes routes commerciales : l’économie du Nord peine à se développer, et la population locale est en colère. C’est là qu’est née la Séléka. Un groupe de rebelles à majorité musulmane formé en 2012 et officiellement dissout en 2013, après l’accord de paix signé avec les milices chrétiennes anti-balaka. Tous deux sont accusés de crimes de guerre.
La paix difficile à construire
Mais ces accords n’ont que partiellement résolu le conflit. Dans le Nord, des groupes rebelles disparates ont divisé leur territoire en fiefs, chacun tenu par un ancien chef de la Séléka qui puise dans les ressources locales pour payer les combattants et acheter des armes. Dans l’année écoulée, ces différents groupes ont commencé à s’attaquer mutuellement, poussant 70 000 personnes à fuir de chez elles. Les commerces ne marchent plus, la population chrétienne les ayant désertés. Les entreprises étrangères, qui cherchaient du pétrole, exploitaient le bois, construisaient routes et barrages, sont parties au moment de la guerre civile et ne sont pas revenues. Le système judiciaire est délabré : le peu de policiers et magistraux encore en fonction sont mal préparés à traiter les délits graves. Globalement, les habitants, meurtris par la guerre civile, n’ont plus confiance dans l’État de droit.
Un territoire économiquement prospère
Pourtant, dans ce pays peuplé d’environ 5 millions d’habitants se trouvent de nombreuses richesses : diamants, or, uranium et peut-être même du pétrole. En 2005, les diamants et l’or représentaient plus de la moitié des exportations. Aujourd’hui, ils n’en constituent plus qu’une infime partie, à cause du conflit et de la contrebande. Remettre en ordre l’économie du pays pourrait être la clef pour instaurer durablement la paix, avant que le conflit ne se ravive.
Retrouvez notre reportage Dans le cœur brûlant de l'Afrique, dans le n° 212 du magazine National Geographic (mai 2017).
