Les origines des poissons d'avril, entre farces et légendes
Les origines du premier avril restent empreintes de mystère encore à ce jour, pour le plus grand bonheur des farceurs.
Pour le farceur, rien ne vaut la tradition séculaire du poisson d'avril.
« Beaucoup de gens pensent que les blagues du 1er avril sont juste désagréables et n'en voient pas bien l'intérêt », estime Alex Boese, conservateur du Musée des canulars à San Diego, en Californie. « Mais les amateurs de blagues aiment vraiment cette journée et refusent d'abandonner la tradition, ce sont eux qui la maintiennent en vie ».
Il note toutefois que le nombre de farces individuelles ont diminué ces dernières années, remplacé par des canulars institutionnalisés.
LE POISSON D'AVRIL EST UN MYSTÈRE
Les origines du poisson d'avril restent entourées d'un certain mystère. La théorie la plus populaire est que la France a changé son calendrier dans les années 1500 afin que la nouvelle année commence en janvier pour correspondre au calendrier romain, et non plus au début du printemps, fin de mars - début d'avril.
Mais l'annonce du changement n'aurait pas été faite dans toutes les campagnes, et les ruraux continuaient de célébrer la nouvelle année au début du printemps. Ces paysans ont alors été désignés sous le terme un peu péjoratif de « poissons d'avril ».
Mais Boese, qui a étudié l'origine de cette date, explique que « cette histoire est complètement fausse, parce que le jour où les Français célébraient le début de l'année, légalement, était le jour de Pâques, et n'a donc jamais été associé au 1er avril. »
Boese croit plutôt que les traditions du 1er avril sont plus probablement nées pendant les festivals de renouveau organisé au printemps, durant lesquels les farces et les déguisements étaient monnaie courante. Aujourd'hui en France, le poisson d'avril prend la forme classique d'un poisson en papier coller sur le dos d'une personne qui ne se doute de rien.
LE JOUR DU RIDICULE
Joseph Boskin, professeur émérite professeur d’histoire à l’Université de Boston connu pour son humour, a donné sa propre interprétation des origines des réjouissances du 1er avril.
En 1983, Boskin a déclaré à un journaliste de l'Associated Press que l'idée avait germé dans l'esprit des Romains sous le règne de Constantin Ier, aux IIIe et IVe siècles de notre ère. Selon la légende, un groupe de fous et de bouffons auraient soutenu à l’empereur romain qu’ils seraient plus à même d’assurer la conduite de l'empire. Constantin, amusé, a donné à son bouffon préféré nommé Kugel le droit d'être l’empereur le temps d'une journée. Kugel fit alors adopter un décret appelant, le 1er avril, à célébrer l’absurdité et le ridicule.
« Kugel » est en fait le nom d'un plat typique d'Europe de l'Est dont l'un des amis de Boskin était friand.
L'agence de presse était furieuse lorsqu'elle s'est rendue compte du mauvais tour que lui avait joué Boskin. « Je pensais au contraire qu'ils me féliciteraient pour cette histoire décalée et si adaptée. » N'est pas professeur farceur qui veut.