Ouganda : comment transformer un camp de réfugiés en véritable ville ?

Le pays s’est fixé pour objectif de transformer Bidi Bidi, un camp abritant 250 000 Soudanais du Sud, en un pôle urbain durable, pourvu d'hôpitaux, d’écoles et de commerces.

De Rédaction National Geographic
Publication 4 avr. 2019, 09:09 CEST
Un DJ diffuse de la musique du haut d’un camion. Des festivals, des défilés de mode ...
Un DJ diffuse de la musique du haut d’un camion. Des festivals, des défilés de mode et même un concours de beauté ont déjà eu lieu à Bidi Bidi. « Au début, il n’y avait pas une route, pas une école, pas un puits », rappelle le superviseur du camp Robert Baryamwesiga. Il imagine une ville de premier plan émergeant de la forêt. « Je dis qu’il n’y a pas de limite. ».
PHOTOGRAPHIE DE Nora Lorek

Nous sommes à Bidi Bidi, dans le nord de l’Ouganda, le deuxième plus grand camp de réfugiés du monde, après celui des Rohingyas, au Bangladesh. 250 000 personnes occupent ses nombreux villages. Alentour, toute une forêt a été rasée. 400 km de routes ont été tracées pour accueillir un flot de Soudanais du Sud fuyant la guerre qui sévit tout près, plus au nord.

Le plus souvent, les camps sont conçus comme des lieux provisoires. Or un réfugié reste exilé dix ans en moyenne. Et, tandis que la Terre compte un nombre record de déplacés, l’entretien des camps coûte des centaines de millions par an et laisse des millions de vies en suspens. Pour rendre leur quotidien plus agréable, l’Ouganda a lancé, en 2017, un projet de développement des zones d’accueil des réfugiés. L’objectif : transformer ce camp de réfugiés en une véritable ville, qui pourrait perdurer même si les réfugiés rentraient un jour chez eux.

À Bidi Bidi, des panneaux solaires alimentent les lampadaires, les tonitruantes radios des salons de coiffure, les télévisions retransmettant les matchs de football et les téléphones portables qui se rechargent sur les bornes des magasins. Le pays a ainsi transformé la majorité des écoles et des hôpitaux du camp en structures permanentes, et a créé un réseau d’adduction d’eau. À la différence de la plupart des camps de réfugiés, isolés et fermés, Bidi Bidi se fond presque sans rupture dans son environnement. Les habitations des réfugiés, entourées de plantations de maïs, d’arachide et de sésame, sont presque identiques à celles des villages ougandais disséminés entre les cinq zones du camp.

Partout sur la planète, des réfugiés s’entassent dans des tentes, des abris de fortune ou des préfabriqués. Des lois leur interdisent de travailler ou de sortir du camp. En Ouganda, les réfugiés du Soudan du Sud peuvent vivre, cultiver et sont autorisés à travailler librement. Et si les Soudanais du Sud rentrent un jour chez eux, les Ougandais profiteront des hôpitaux, écoles et réseaux d’eau installés dans cette ville nouvelle.

 

Extrait de l’article Naissance d’une ville de Nina Strochlic, publié dans le numéro d’avril 2019 du magazine National Geographic.

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