Pourquoi les pilleurs de tombe détruisaient-ils les momies ?
La momification, rituel sacré de l’Ancienne Égypte, donnait droit aux défunts d’accéder à la vie éternelle. Empêcher les morts de reposer en paix était considéré comme le plus odieux des crimes... Pourtant, certains s’adonnaient à cette pratique.
Trois momies reposent dans la tombe tout juste découverte près de Louxor.
Les anciens Égyptiens croyaient à la résurrection du corps après la mort, ainsi qu’à la vie éternelle. Cette croyance émanait de ce qu'ils avaient appris à observer chaque jour. Le soleil mourrait chaque soir dans l'horizon occidental et renaissait le lendemain matin, à l'est, et la lune croissait et décroissait. Une vie nouvelle jaillissait et l’ordre était établi et connu de tous ; tant que ce dernier était maintenu, la vie après la mort était possible. Si certaines conditions étaient respectées.
Pour permettre au défunt d’accéder à l’éternité, son corps devait rester intact. Pour cela, ce dernier était donc embaumé grâce au processus de momification, une pratique plus ancienne qu’on ne le pense, et placé dans un tombeau où avait été déposé tout ce qui était nécessaire à la vie dans l'au-delà. Les embaumeurs de l'antiquité utilisaient d’ailleurs très peu d'outils ; il n’était pas rare qu’une fois leur travail terminé, ils les laissent dans la tombe.
Sous l’Ancien Empire, selon les croyances, seuls les pharaons pouvaient accéder à l’au-delà et, par conséquent, devenir immortels. Vers 2000 av. J.-C., cette croyance mua et s’élargit à tous, ou plutôt à ceux qui en avaient les moyens, le processus de momification étant assez coûteux.
Les Égyptiens momifiaient des êtres humains, mais également des animaux, censés protéger et accompagner les morts dans leur nouveau Royaume ; oiseaux, insectes et poissons en tout genre, taureaux, faucons ou serpents. De nombreuses espèces étaient même élevées dans les temples pour être sacrifiées au dieux.
L’acte d'endommager volontairement une momie constituait donc à l’époque le pire de tous les sacrilèges, mais c’est pourtant ce que faisaient les pilleurs de tombes.
Ce témoignage d’un voleur lors de son procès intervenu sous Ramsès IX, vers 1100 av. J.-C., en dit long sur les intentions de leurs auteurs ; dérober les richesses que gardaient tombeaux et momies, quitte à bafouer les principes les plus sacrés.
Les pillards de tombes ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Boutehamon, un scribe de haut rang ayant vécu lors de la 20e et de la 21e dynastie, était une figure connue de l’époque. Il était le gardien et protecteur des tombeaux de la Vallée des Rois contre les pillards.
Dans le but de renflouer les caisses de l’Etat égyptien, ce dernier s’est adonné au larcin de nombreux objets de valeurs au sein des tombeaux de pharaons célèbres, dont les Ramsès. Rien ne prouve cependant qu’il s’est adonné à la destruction de momies.