Le 4 juillet, symbole de la déclaration d'indépendance américaine

Les colonies avaient déjà voté pour leur indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne le 2 juillet 1776, mais les débats sur l'esclavage ont retardé l'adoption officielle de la Déclaration d'indépendance.

De Erin Blakemore
Publication 4 juil. 2020, 09:00 CEST
Des feux d'artifice éclatent par-dessus le Washington Monument lors des festivités du Jour de l'Indépendance du ...

Des feux d'artifice éclatent par-dessus le Washington Monument lors des festivités du Jour de l'Indépendance du 4 juillet 2018, à Washington. Chaque année le 4 juillet, les États-Unis commémorent l'adoption de la Déclaration d'indépendance de 1776. Dans ce document historique, les délégués des treize États unis d'Amérique dressaient la liste des raisons pour lesquelles ils souhaitaient faire sécession de la Grande-Bretagne.

PHOTOGRAPHIE DE Ting Shen, Xinhua News Agency, Redux

Feux d'artifice, drapeaux et hot-dogs : aux États-Unis, le 4 juillet baigne dans le patriotisme et la tradition, en rappel de ce jour où des colons américains mécontents se sont affranchis du joug britannique pour déclarer leur intention de fonder une nation démocratique indépendante.

Mais l'histoire de cette journée festive est plus complexe qu'il n'y paraît. L'anniversaire de l'indépendance des États-Unis est le 2 juillet, et non le 4. Qui plus est, les révolutionnaires à l'origine de cette nouvelle nation ne garantissaient pas le droit à « la vie, la liberté et la recherche du bonheur » à l'ensemble de ses citoyens.

En 1774, après des années de taxation abusive et de contrôle impérial, la clameur à l'encontre de la couronne britannique avait atteint son paroxysme à travers les 13 colonies américaines. La guerre semblait inévitable et, face à ce constat, les délégués des colonies décidèrent de se réunir au mois de septembre pour exprimer leurs doléances dans le cadre d'un Congrès continental.

Il faudra ensuite attendre le 7 juin 1776 pour que s'amorce le processus de déclaration de l'indépendance avec l'introduction d'une résolution par le délégué de Virginie, Richard Henry Lee, lors du Second Congrès continental. D'une longueur de 80 mots, la Lee Resolution proposait la dissolution de toute connexion politique entre la Grande-Bretagne et les colonies. Même si la plupart des délégués étaient favorables à l'indépendance, la proposition n'était pas assurée de recueillir l'unanimité et les membres du Second Congrès avaient donc préféré différer le vote.

Un groupe de touristes admire le tableau de John Trumbull des Pères fondateurs réunis au sein de la rotonde du Capitole des États-Unis. Commandé en 1817, le tableau s'intitule « La Déclaration d'indépendance » et dépeint la présentation d'une ébauche de la Déclaration d'indépendance par Thomas Jefferson devant le Second Congrès continental.

PHOTOGRAPHIE DE Orjan Ellingvag, Alamy

Pendant que les délégués exhortaient leur État respectif à soutenir la résolution, un groupe de cinq hommes fut affecté à la rédaction d'un document annexe présentant les raisons pour lesquelles les colons souhaitaient rompre leur lien avec la Grande-Bretagne. La Commission des Cinq était l'équipe politique idéale : John Adams, Thomas Jefferson, Benjamin Franklin, Roger Sherman et Roger Livingston. Jefferson fut ensuite nommé par ses confrères pour dresser l'ébauche d'un texte qui allait plus tard devenir la Déclaration d'indépendance.

En un peu plus de deux semaines, Jefferson avait rédigé une première version qui s'inspirait de divers autres documents, notamment certaines déclarations parmi la centaine qui avaient circulé dans la période précédant la Lee Resolution. Dans l'un de ces textes, intitulé Fairfax County Resolves, George Washington et George Mason dénonçaient la violation par le Parlement britannique des droits constitutionnels des colons. Dans un autre texte, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, George Mason revendiquait le droit pour chaque homme à « jouir de la vie et de la liberté, avec les moyens d’acquérir et de posséder des biens et de chercher à obtenir le bonheur et la sûreté. »

Dans son ébauche, Jefferson fait écho à cette tournure de phrase en déclarant que « tous les hommes sont créés égaux » et « doués par le Créateur de certains droits inaliénables » à « la vie, la liberté et la recherche du bonheur. » Il présentera cette première version aux autres membres de la commission, lesquels y apporteront de substantielles modifications avant de la soumettre au Congrès continental le 28 juin 1776.

Avec la Déclaration d'indépendance en main, le Congrès était prêt à aborder la résolution de Lee pour l'indépendance. Cependant, un vote préliminaire organisé le 1er juillet avait révélé des positions encore divisées. La Pennsylvanie et la Caroline du Sud avaient encore espoir de se réconcilier avec la Grande-Bretagne ; les deux États avaient donc voté contre l'indépendance. La délégation du Delaware était partagée. Et New York s'était abstenu : ses délégués avaient pour ordre de ne pas s'opposer à une possible réconciliation.

Le lendemain, le 2 juillet, les délégués avaient reconduit le vote. Cette fois, l'issue fut différente. Caesar Rodney, un délégué du Delaware, avait chevauché pendant la nuit jusqu'à Philadelphie où se tenait le vote afin de sortir le Delaware de l'impasse. La Caroline du Sud s'était ravisée et deux délégués de Pennsylvanie s'étaient simplement abstenus, ce qui avait fait basculer le vote de leur délégation en faveur de l'indépendance. Ce jour-là, le Congrès venait de voter à l'unanimité pour l'indépendance.

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    « Le deuxième jour de juillet 1776 sera le jour le plus mémorable de l'histoire des États-Unis, » écrivait le jour suivant un John Adams fou de joie à sa compagne Abigail. « Je suis persuadé que ce jour sera célébré par les générations à venir comme une grande fête commémorative. Il mérite d'être célébré en grande pompe au travers de parades, spectacles, jeux, sports, salves, cloches, feux de joie et illuminations d'une extrémité à l'autre de ce continent, dès maintenant et pour toujours. »

    Cependant, le document censé accompagner la résolution n'était pas tout à fait terminé. Les 3 et 4 juillet, les débats sur la Déclaration d'indépendance de Jefferson se poursuivirent au Congrès. Les plus animés d'entre eux concernaient un passage au sujet de l'esclavage dans lequel Jefferson accusait le roi George III d'avoir « violé les droits les plus sacrés à la vie et à la liberté d'individus qui ne l'avaient jamais offensé, les capturant et les transportant en esclavage dans un autre hémisphère ou les faisant mourir d'une mort misérable lors de la traversée. » Dans un autre passage, Jefferson accusait le roi d'inciter les esclaves à s'échapper et à rejoindre les forces britanniques.

    Les débats n'ont pas été relatés, mais Jefferson reprochera plus tard à la Caroline du Sud et la Géorgie de s'être opposées à ce passage. Cela dit, l'ensemble du Congrès voyait dans le maintien de l'institution de l'esclavage un intérêt économique commun : ils savaient que l'économie des colonies reposait largement sur le travail des esclaves. Bon nombre de délégués, y compris Jefferson, possédaient des esclaves et tiraient personnellement profit de leur exploitation.

    Au lieu de jeter les fondements de l'abolition de l'esclavage, le Congrès opta pour la suppression du passage controversé et associa la brève référence aux révoltes d'esclaves à une autre section de l'ébauche de Jefferson qui accusait le roi d'encourager les natifs américains, qu'ils qualifiaient avec mépris de « sauvages », à s'attaquer aux pionniers des colonies britanniques vivant sur la Frontière de la conquête de l'Ouest.

    La Déclaration d'indépendance achevée, le Congrès continental vote son adoption le 4 juillet 1776. Elle fut accueillie en fanfare et le 4 juillet (non pas le 2) est aujourd'hui célébré comme étant l'anniversaire de l'Indépendance des États-Unis. Ce n'est qu'avec sa victoire à l'issue de la guerre d'indépendance américaine (1775-1783) que la nouvelle république sécurisera son indépendance. Cependant, pour ceux que le texte avait laissés de côté, les esclaves, les natifs et les femmes, la célèbre déclaration se révéla être tout sauf une garantie d'égalité.

     

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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