Cette frise antique raconte l’histoire des mystérieux "rois serpents"
Au Guatemala, deux tombes Mayas ayant miraculeusement échappé aux pillards ainsi qu’une frise en stuc pourraient nous en apprendre davantage sur la mystérieuse Dynastie des Serpents, ainsi que sur les raisons du déclin de cette brillante civilisation.
Cette frise aux dimensions peu communes (deux mètres de haut pour huit mètres de long) pourrait nous en apprendre davantage sur la légendaire dynastie des Rois Serpents.
C’est dans une pyramide du centre précolombien de Holmul, située à environ 500 km de la capitale guatémaltèque et près de la frontière avec le Bélize, qu’une frise aux dimensions impressionnantes a été découverte par l’archéologue Francisco Estrada-Belli. L'équipe de chercheurs qui l'accompagnait excavait une cavité creusée par des pillards quand ils sont tombés sur ce bas-relief s’étendant sur près de huit mètres de long et deux mètres de haut. La frise en stuc date d’il y a 1 400 ans et raconte un pan très important de l’histoire.
La composition comporte trois personnages revêtus de riches atours de jade et de plumes de quetzal, l'oiseau national du Guatemala, assis au sommet de collines personnifiées sous la forme de monstres. Pour les Mayas, les rois défunts renaissaient dans le monde céleste pour devenir des dieux solaires et cette frise raconterait l’histoire de ces rois devenus dieux.
Une inscription au-dessous de ces personnages a permis d'identifier le commanditaire de cette pyramide ; il s'agit d'un souverain de Naranjo, un puissant royaume au sud de Holmul, qui aurait fait construire le bâtiment dans les années 590.
Les archéologues ont également découvert d’autres éléments ; des hiéroglyphes se rapportant à la dynastie des Rois Serpents. Cette famille a régné pendant des décennies sur l’empire Maya il y a 1 300 ans et utilisait des têtes de serpents en guise d'emblème. La frise sculptée fait notamment mention de cinq dirigeants qui, selon les archéologues, seraient les pères fondateurs de cette dynastie aujourd’hui devenue légendaire.
À côté de cette frise se trouvent deux sépultures, datées de 650 à 700 après J.-C., soit vers le pic de la période maya Classique, avant l'énigmatique effondrement de cette civilisation 200 ans plus tard.
Entouré d'une grande quantité de céramiques ornées des divinités de l'inframonde, l'enfer des Maya, le premier corps a les dents serties de perles de jade, comme il était de coutume parmi les membres de la royauté maya de la période Classique. Ces incrustations, réalisées au moment de l'adolescence, correspondaient à des rites de passage à l'âge adulte et témoignaient chez les individus de leur capacité à supporter la douleur. Le squelette était accompagné d’un tibia ayant probablement appartenu à un ancêtre ou un captif de guerre, qui comportait ces inscriptions gravées directement dans l’os : “Yuknoom Ti Chan, Saint-roi de Kaanul.”
Le second corps est quant à lui affublé d'un collier de jade portant une inscription en référence à un roi de la dynastie des Rois Serpents ayant régné sur une ville à plus de 150 km de Holmul. Cette dynastie, plus puissante que celle régissant Holmul, aurait étendu son influence jusqu’à cette cité.
On ne sait pas encore très bien ce que cette découverte signifie : témoignage d'une guerre civile ou d'une alliance par mariage ? Bien que l'on ait fini par percer beaucoup de secrets mayas, on sait peu de chose sur l’effondrement de cette brillante civilisation qui comptait astronomes et mathématiciens, mais les guerres civiles y ont certainement joué un rôle, ainsi que les relations encore mystérieuses entre les différents royaumes mayas. Ces découvertes pourraient bien nous en apprendre davantage sur ce sujet encore enfumé par un épais brouillard.
En ce sens, le règne des Rois Serpents fascine autant les archéologues qu'il divise la communauté scientifique. Puissante et mystérieuse, cette dynastie désignée aujourd’hui comme la dynastie de Kaanul et dont tous les royaumes alentours portaient la marque de leur influence, n'a fait son entrée en scène que récemment et révèle progressivement une politique d’expansion peu commune ainsi qu’une histoire toujours plus étonnante.