Le premier meurtre de l'Histoire aurait eu lieu il y a 430 000 ans

Le premier meurtre connu de l'Histoire a été pour le moins brutal. La victime a été violemment frappée à la tête avant d'être traînée dans un puits menant à une grotte - où elle est restée près d'un demi-million d'années.

De Erika Engelhaupt
Publication 8 sept. 2020, 12:19 CEST, Mise à jour 11 févr. 2021, 10:27 CET
Les deux trous visibles sur ce crâne sont la preuve du premier meurtre (connu) de l'Histoire.

Les deux trous visibles sur ce crâne sont la preuve du premier meurtre (connu) de l'Histoire.

PHOTOGRAPHIE DE Javier Trueba, Films scientifiques de Madrid

Les paléontologues ont reconstitué un crâne vieux de 430 000 ans et ont rapporté leur analyse médico-légale dans la revue PLOS ONE en 2015. Les blessures au crâne représentent la plus ancienne preuve directe d'homicide, selon les scientifiques.

Quant à savoir s'il s'agissait du premier meurtre jamais commis, « ce n'est certainement pas le cas », déclare Nohemi Sala, auteure principale de l'étude. Les scientifiques décrivent cette victime comme un jeune adulte, mais son âge et même son sexe sont inconnus.

« Dans les archives fossiles, il y a de nombreux cas de blessures traumatiques, mais peu de preuves de meurtre », explique Sala, paléontologue à l'Instituto de Salud Carlos III à Madrid.

Cela ne veut pas dire que le meurtre était rare à l'époque, bien sûr, mais les restes fossiles en apportant la preuve sont relativement rares, du moins jusqu'à présent.

Les dernières dizaines de milliers d'années, en revanche, sont ponctuées de scènes macabres. Prenons le cas de Shanidar-3, un Néandertalien qui a vécu il y a environ 50 000 ans. Une coupure sur l'une de ses côtes gauches montre que Shanidar-3 a probablement été tué par une lance, ce qui en faisait la plus ancienne victime de meurtre connue avant cette plus récente découverte.

Le crâne en question a été mis au jour sur le site de Sima de los Huesos, en Espagne, où des paléontologues ont trouvé les restes d'au moins 28 individus. Qui étaient ces gens ? Eh bien, pas des Hommes modernes. Pour autant ils n'étaient pas non plus vraiment des Néandertaliens.

Le classement exact du peuple ayant vécu à Sima de los Huesos a fait l'objet de débats, mais Sala et ses collègues les identifient comme membres de l'espèce Homo heidelbergensis, un des premiers ancêtres humains dont descendent les Néandertaliens.

 

CAUSE DU DÉCÈS

Pour déterminer si les fractures du crâne résultaient de coups ou de la chute dans le puits de la grotte, l'équipe a comparé les blessures à celles des cas modernes de violence et de chutes. Une attaque directe avec un instrument contondant correspond le mieux au modèle de blessure, selon les scientifiques. Les os n'ont montré aucun signe de guérison, de sorte que la victime est probablement décédée sur le coup ou peu de temps après l'attaque.

La grotte « Sima de los Huesos » en Espagne. Les restes de 28 individus qui vivaient ...

La grotte « Sima de los Huesos » en Espagne. Les restes de 28 individus qui vivaient il y a plus de 400 000 ans ont été retrouvés dans cette grotte.

PHOTOGRAPHIE DE Javier Trueba, Madrid Scientific Films

De plus, les deux trous dans le crâne ont la même forme et semblent avoir été faits par la même arme. Il est très peu probable qu'une chute accidentelle sur un rocher produise deux fractures du crâne presque identiques.

 

L'ARME

Pour Sala, l'arme était probablement « quelque chose de très dur », mais nous ne saurons jamais si elle était faite de bois ou de roche, ou d'un autre matériau.

Les scientifiques ont parcouru le site, dit-elle, mais n'ont pas trouvé d'armes potentielles. Seul un outil en pierre a été trouvé sur le site, et il n'était pas de la bonne forme.

 

LE MOBILE

Autre mystère non résolu : qu'est-ce qui a bien pu pousser une personne à en tuer une autre ? « La vie était difficile en ces temps-là », dit Sala, les raisons de se battre étaient légion.

Quand bien même leurs vies auraient été difficiles, Sala décrit les Sima de los Huesos comme une communauté où les gens se souciaient les uns des autres. « Il y avait 28 personnes sur le site d'âges différents », dit-elle. « Nous savons que certaines de ces personnes avaient des problèmes de santé. L'une d'elles avait une pathologie très grave dans le bas du dos et avait probablement des difficultés à marcher et à bouger. Quelqu'un devait prendre soin de ces personnes avant leur mort » dit-elle. 

Et bien que cela puisse ne pas ressembler à de belles funérailles, le fait que les personnes vivant sur le site aient enterré des corps en les déposant dans le même puits indique un certain sens de l'inhumation ou un rituel cérémonial - les morts n'étaient pas simplement traînés hors du campement.

Le site dresse surtout une image d'anciens peuples qui vivaient ensemble, s'aimaient et parfois s'opposaient.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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