Sandy Island, l'île cartographiée qui n'existait pas
Pendant des décennies, cette île est apparue sur les atlas alors qu'elle n'existait pas.
Sandy Island, qui apparaît dans le coin supérieur gauche de cette carte National Geographic de 1921, a finalement été classée comme « non découverte » en 2012.
Cela fait plus de 140 ans que Sandy Island apparaît sur les cartes. Seulement voilà, cette île n’a jamais existé. C’est vers 1880 que ce lieu fictif de la mer de Corail, à l’est de l’Australie, a été ajouté de manière erronée sur les relevés topographiques et les cartes.
Et, comme ces dernières sont établies en consultant les éditions antérieures, l’erreur s’est perpétuée. Même l’avènement de l’imagerie par satellite n’y a rien changé. En 2000, un lecteur de National Geographic a suggéré que Sandy Island n’existait pas, sans pour autant en apporter une preuve formelle.
L’île est donc restée sur les cartes qui prenaient pour références la National Geographic Society et l’Agence nationale du renseignement géospatial des États-Unis (NGA). Mais, en 2012, des scientifiques australiens passant dans la zone ont constaté qu’il n’y avait aucune terre émergée correspondant aux coordonnées de Sandy Island.
Comment une fausse île a-t-elle pu apparaître aussi longtemps sur les documents officiels ? « C’est une région tellement isolée qu’on lui a prêté peu d’attention », explique Juan José Valdés, géographe en chef de National Geographic. Suivant ce principe, poursuit-il, il pourrait y avoir d’autres fantômes sur nos cartes. »
ÎLES FANTÔMES
Sandy Island est en effet l'une des « îles fantômes » cartographiées sans preuve formelle de leur existence. Frisland, par exemple, semble avoir été l'invention d'un riche Vénitien nommé Niccolò Zeno, qui a écrit un livre en 1558 affirmant que son ancêtre avait découvert le Nouveau Monde avant Colomb. Les historiens considèrent maintenant cette affirmation comme fausse, mais à l'époque, elle était très populaire. Les îles que Zeno décrit sont apparues sur les cartes pendant plus d'un siècle. C'était, après tout, l'époque où l'on commençait tout juste à explorer les océans, et les nouvelles voyageaient lentement.
Il est aussi possible que certaines îles aient existé avant de disparaître. C'est le cas de Sarah Ann Island, une parcelle de terre dans l'océan Pacifique revendiquée par les États-Unis en vertu du Guano Act de 1856, une loi permettant l'appropriation d'îles couvertes de déjections d'oiseaux (précieuse source d'engrais à l'époque). L'île se trouvait sur le chemin de l'éclipse solaire totale de 1937, mais lorsque les astronomes s'y sont rendus, l'île avait disparu. L'hypothèse la plus probable est certainement que cette île n'a jamais été découverte, mais les journaux de l'époque ont rapporté qu'elle avait « coulé » et la rumeur est restée.
D'autres îles « non découvertes », comme l'île Philippaux, semblent être le résultat d'une fraude pure et simple. Cette île apparaît sur une carte d'un loyaliste britannique né en Virginie, John Mitchell, qui a été utilisée pour négocier le Traité de Paris. Mitchell n'est cependant pas l'auteur de cette invention, il a simplement copié une carte plus ancienne sur laquelle l'île apparaissait.
SANDY ISLAND
L'une des découvertes insulaires les plus récentes a donc eu lieu en 2012, lorsqu'un navire de recherche australien a signalé que Sandy Island, que les cartes représentaient au large de la Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique Sud, ne s'y trouvait pas. Quelques semaines plus tard, la National Geographic Society a annoncé que Sandy Island serait rayée de toutes ses cartes, et d'autres cartographes lui ont emboîté le pas.
Google a également supprimé Sandy Island de ses cartes, mais des photos associées à son ancien emplacement supposé ont continué de circuler. Les photos étaient principalement conçues comme des blagues, explique Malachy Tallack, auteur de The Un-Discovered Islands, mais elles soulignent à quel point ces îles continuent de fasciner l'imaginaire collectif. « Parce que leurs frontières sont bien définies, nous pouvons faire des projections beaucoup plus facilement que sur d'autres endroits. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.