L’Atlantide, un mythe hérité de Platon
Mythe platoniste ? Utopie d’explorateurs ? L’Atlantide demeure aujourd’hui l’un des plus grands mystères de notre monde, et fascine avec la même ferveur explorateurs et historiens du monde entier depuis des siècles.
Les rois de l'Atlantide auraient été, selon Platon, les descendants directs du dieu Poséidon.
« En l’espace d’un seul jour et d’une nuit terribles, tout ce que vous aviez de combattants rassemblés fut englouti dans la terre, et l’île Atlantide de même fut engloutie dans la mer et disparut. » D’abord résumée dans le Timée, le récit de la mythique Atlantide est longuement développé dans le Critias de Platon, dont les éléments les plus mémorables sont les descriptions de l’essor et de la chute soudaine de cette mystérieuse civilisation perdue, berceau d’une humanité supérieure et dévoyée, de son immense flotte, de ses anneaux concentriques alternant terre et eau et de ses temples recouverts d’or.
Zeus, témoin de l’orgueil et de la cupidité grandissants des Atlantes, aurait décidé de les punir en provoquant un cataclysme qui submergea l’île, 9 600 ans avant notre ère. Longtemps considérée comme une simple fable issue de l’imagination du penseur, cette île imaginaire, dont les rois seraient les descendants directs de Poséidon, trouve écho chez certains géologues, scientifiques et historiens, qui croient en une civilisation exceptionnelle qui attend inlassablement au fond de l’océan que l’on perce enfin les secrets de son existence.
À l’heure actuelle, les écrits de Platon sont les seules pistes d’exploration dont disposent les scientifiques pour mener à bien cette quête. Écrits qui intriguent d’ailleurs fortement par leur contenu. Selon le journaliste américain Mark Adams, Platon était un penseur « profondément influencé par les pythagoriciens », qui croyaient en un code mathématique à l'origine de la vie, qu'il fallait déchiffrer pour comprendre la vérité de notre existence. « Il utilise plein de nombres dans le récit de l’Atlantide, mais nous ignorons s’ils doivent être pris de manière littérale ou s’ils ont une signification pythagoricienne. »
Parmi les points d'interrogations, l’utilisation du mot « Nesos », employé par Platon pour qualifier l’Atlantide. L’utilisation de ce terme en grec ancien, qui revêt plusieurs significations géographiques, a été le point de départ de la quête de l’Atlantide selon Stavros Papamarinopoulos, professeur de géophysique appliquée à l’Université de Patras en Grèce. « Au 6e siècle avant J.-C., lorsque l’histoire de l’Atlantide apparut pour la première fois, le mot “nesos” avait cinq sens géographiques différents.» On pouvait traduire ce mot par une île, un promontoire, une péninsule, une côte et une terre entourée de lacs ou de rivières. Cependant, « nesos » a toujours été traduit par « île » par les historiens.
Si de nombreux explorateurs ont envisagé l’Antarctique, les Caraïbes ou l’océan Indien comme possibles localisations, c’est ailleurs qu’il faut chercher pour trouver des preuves, s’il en existe, de la réalité de l’Atlantide. « Si vous suivez Platon, vous allez tout droit à la péninsule ibérique, parce que c’est là où le texte vous mène » affirme Stavros Papamarinopoulos. Cette hypothèse correspond à la description faite par Platon de la vallée plate et allongée entourée de montagnes, qui ne seraient autres que la Sierra Nevada et la Sierra Morena. Autre concordance, les « colonnes d’Hercule » mentionnées par le penseur, auxquelles faisait face l’Atlantide, et qui désignent l’actuel détroit de Gibraltar. Plusieurs autres scientifiques et historiens sont arrivés à la même conclusion. Pourtant, et ce malgré de nombreuses recherches, il n'existe aucune trace de l’île.
Comment expliquer le cataclysme qui a submergé l’Atlantide ? La région du détroit de Gibraltar a historiquement été soumise à des épisodes sismiques importants. En 1755, une vague causée par le tremblement de terre de Lisbonne avait été estimée à près de 10 mètres. Pour certains historiens, la catastrophe de l’Atlantide n’est autre qu’une inondation suivant des séismes de forte magnitude.
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