Demander justice : 2020, l'année qui nous a rendus plus forts
La pandémie n'a pas pu occulter les appels au changement.
Reprendre le pouvoir. Waitangi, Nouvelle-Zélande. Bronwyn Clifford, 16 ans, célèbre avec d’autres femmes maories le Waitangi Day qui, en février, commémore le traité de Waitangi, signé en 1840 entre quelque 500 chefs autochtones et les Britanniques. Les jeunes Maoris actuels utilisent les médias sociaux pour réclamer la restitution des terres ancestrales.
On pourrait appeler cela l'année où le monde a boxé douze rounds avec la peur au ventre, pantelant et épuisé, mais a remporté la victoire par décision – celle d’utiliser la crise comme carburant.
Une année où la phrase « I can’t breathe [Je ne peux pas respirer] » a revêtu de multiples significations, dans les salles d’hôpital bondées du monde entier comme dans les rues des villes en proie à des échanges meurtriers.
Ces mots, de cri d’angoisse, se sont mués en un cri de bataille. La mort de George Floyd a déclenché une révolte mondiale.
Nous avons combattu la peur d’être trop proches. Ou trop déconnectés. Le confinement a suscité un besoin de changer d’air – pour se divertir, mais aussi pour revendiquer ses droits.
Sur la pelouse, devant leur maison, les lycéens américains brandissaient leur diplôme de fin d’études et, décidés à obtenir la reconnaissance publique de leurs succès, jetaient leur toque en l’air quand des parents ou des amis passaient en voiture.
Des capitales aux plus petites villes, nous avons récupéré nos voix. Nous nous sommes retrouvés dans une démonstration de force au nom de la justice. Les gens qui se rassemblaient portaient le plus souvent des masques, en guise d’armure contre un ennemi aéroporté.
Aux États-Unis, qui ont perdu des icônes telles que Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême, et John Lewis, membre du Congrès et figure du mouvement des droits civiques, les urnes sont devenues une mesure de la soif de changement de la Nation.
En 2020, nous nous sommes battus à mains nues pour le pouvoir d’inspirer la justice et d’expirer la peur.
Article publié dans le numéro 256 du magazine National Geographic