Que sait-on des tombes de vampires présumés découvertes en Pologne ?

Depuis les années 1990, les archéologues ont découvert plusieurs sites funéraires en Pologne qui pourraient être les dernières demeures de vampires présumés.

De Heather Pringle
Publication 23 juin 2021, 08:38 CEST
Des archéologues polonais soupçonnent que ce squelette dont la tête a été placée entre les jambes ...
Des archéologues polonais soupçonnent que ce squelette dont la tête a été placée entre les jambes provienne de la tombe d'un "vampire".
Photo Andrzej Grygiel, European Pressphoto Agency

Lorsqu’une équipe d’archéologues a découvert un ancien site funéraire sur le chantier d’une autoroute près de Gliwice en Pologne, ils sont tombés sur une scène digne d’un film d’horreur : les tombes de vampires présumés.

Les squelettes humains retrouvés enterrés avaient la tête coupée et placée entre les jambes, suivant une ancienne pratique funéraire slave pour disposer des vampires présumés dans l’espoir que les individus décapités ne puissent pas quitter leur tombe.

Cette découverte faite en Pologne n’est pas une première. D’autres archéologues sont déjà tombés sur des sépultures d’individus soupçonnés d’être des morts-vivants...

 

COMMENT ENTERRER UN MORT-VIVANT

À ce jour, plusieurs équipes de chercheurs ont fait part de la découverte de sites funéraires de vampires présumés sur le Vieux continent comme dans le Nouveau monde.

Dans les années 1990, Hector Williams, archéologue à l’université de Colombie-Britannique, et ses collègues ont découvert un squelette mâle adulte dont le corps avait été transpercé de plusieurs pieux avant d’être enterré dans un cimetière du 19e siècle sur l’île grecque de Lesbos. Ceux qui avaient enterré l’homme avaient pris le soin de lui planter plusieurs pieux en fer de 20 centimètres de long dans son cou, son pelvis et sa cheville.

« Il était également placé dans un lourd cercueil en bois presque entièrement décomposé », décrit William, « alors que la plupart des autres restes [du cimetière] étaient simplement enroulés dans des draps avant d’être mis sous terre ». Il ne fait aucun doute que quelqu’un ne voulait pas que cet homme s’échappe de sa tombe. Les anthropologues physiques qui ont étudié le squelette « n’ont rien trouvé de spécial et inhabituel chez lui », ajoute Williams.

Plus récemment encore, une équipe archéologique menée par Matteo Borrini, anthropologue légiste de l’université de Florence, a découvert une autre sépulture de vampire présumé sur l’île italienne de Lazzaretto Nuovo. Dans ce cas, il s’agissait du corps d’une vieille femme, apparemment enterrée avec une brique de taille moyenne dans la bouche. Cette forme d’exorcisme était autrefois pratiquée sur les personnes soupçonnées d’être des vampires.

Passons au Nouveau monde. Dans les années 1990, les archéologues qui travaillaient sur un petit cimetière des 18e et 19e siècles près de Griswold dans le Connecticut ont découvert quelque chose de très inhabituel : la tombe d’un homme quinquagénaire dont le crâne et les fémurs avaient été disposés en « crâne et os croisés ».

L’examen des os a permis aux anthropologues légistes de déterminer que cet homme était mort de ce que l’on appelait autrefois la « consomption », c’est-à-dire de tuberculose. Les personnes souffrant de cette maladie infectieuse deviennent pâles, perdent du poids et maigrissent à vue d’œil, attributs caractéristiques des vampires et de leurs victimes.

« Le désir de ‘nourriture’ du vampire l’oblige à se nourrir de ses proches encore vivants, qui souffrent alors du même phénomène ‘d’amaigrissement’ », ont expliqué les chercheurs dans un article de la revue American Journal of Physical Anthropology. Pour jouer la carte de la sécurité, les habitants locaux semblent avoir décapité le cadavre du vampire présumé.

 

LA PREUVE DANS LA MORT

La plupart des archéologues pensent aujourd’hui que la croyance en l’existence des vampires a émergé à cause de la mauvaise compréhension que l’on avait de maladies telles que la tuberculose, et du manque de connaissances sur le processus de décomposition.

Même si la plupart des Américains et Européens du 19e siècle connaissaient les changements subis par les cadavres immédiatement après leur mort, ils n’avaient que rarement observé ce qu'il se passait dans la tombe après plusieurs semaines et plusieurs mois.

Le cadavre finit par perdre sa rigidité et ses membres deviennent souples. Puis le tube gastro-intestinal commence à se décomposer, ce qui produit un liquide sombre que l’on peut facilement confondre avec du sang frais lors d’une exhumation. Tout cela donne au cadavre l’apparence d’un vampire qui vient de prendre son repas.

Reste maintenant à savoir où sera découvert le prochain vampire présumé.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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