Ce camp d'été offre une dose de liberté aux jeunes transgenres et non-binaires
Dans le Tennessee, un camp d'été permet aux jeunes transgenres et non-binaires d'exprimer librement leur identité et leur créativité, tout en recevant le soutien et la protection des adultes de leur entourage.
Riley « Boom » Willis, 14 ans, qui participe au camp d'été Girls Rock! à Chattanooga, dans le Tennessee, depuis son lancement en 2015, regarde ses ami.es se produire lors d'un spectacle en juillet.
Les photographies suivantes illustrent toute la joie que peuvent ressentir ces jeunes personnes queers, membres de la communauté LGBTQIA+. Leurs visages souriants et leur dynamisme dégagent un réel sentiment de liberté.
Sam Mazurek et Carson Branham, 15 ans, participent à l'assemblée d'ouverture du camp Girls Rock! à Chattanooga, dans le Tennessee.
Pour de nombreux enfants dans le sud des États-Unis, comme dans de nombreuses autres régions du monde, il n’est pas possible de s’adonner à des activités comme celles qui sont documentées dans cet article.
Dans cette région, nombreux sont ceux qui sont encore convaincus que les personnes LGBTQIA+ n’existent que dans les grandes villes. En réalité, on retrouve des personnes queers absolument partout, et ces dernières doivent souvent endurer des expériences très compliquées.
Maggie Gill, Vivian Caldwell et Macy Merciers, 10 ans, attendent entre deux représentations à The Signal, une salle de concert de Chattanooga qui accueille des jeunes filles, personnes transgenres et non-binaires pour une semaine de créativité et de communauté durant le camp d'été Girls Rock!.
Des membres du camp d'été brandissent la lampe de poche de leur téléphone durant un concert à Chattanooga, dans le Tennessee.
Janelle Jezebel, musicienne et compositrice de la région, signe un autographe sur le bras de Reed Sileas Balthrop, sous le regard d'Elsy Perez, une autre membre du camp d'été.
J’ai récemment participé à une table ronde au Southern Festival of Books organisé à Nashville, dans le Tennessee, centrée sur le sujet de la communauté LGBTQIA+ dans les Appalaches. Lors de cet événement, une femme âgée, qui s’identifiait comme une alliée de la communauté, a demandé si, selon nous, notre culture n’était pas « allée trop loin » en termes de droits accordés aux personnes transgenres. Son petit-enfant de 10 ans avait récemment fait son coming-out, et sa famille se demandait s’il était réellement transgenre ou simplement en train de se chercher. La femme a fait référence à divers exemples affirmant que les enfants effectuaient leur transition trop tôt, et le regrettaient plus tard dans leur vie.
Un long silence gênant a envahi la salle. Un.e autre intervenant.e et moi-même nous identifions comme personnes transgenres et non-binaires.
« Non, pas vraiment », a répondu l’autre intervenant.e non-binaire. « Je n’ai jamais observé d’inconvénient au fait de laisser les enfants s’exprimer davantage. »
Après avoir remis un peu d’ordre dans mes idées, j’ai répondu en racontant l’histoire de ma sœur qui, il y a quelques années, à l’âge de 11 ans, nous a annoncé qu’elle était lesbienne. J’ai ensuite décrit en quoi son enfance et sa relation avec sa sexualité étaient très différentes de mon expérience.
Dans un espace commun connu appelé la Rainbow Room, la salle arc-en-ciel, des membres du camp Girls Rock! prennent le temps de laisser libre cours à leur créativité pendant les pauses des entraînements du groupe.
Des membres du camp fabriquent des pin's personnalisés et d'autres souvenirs de leur expérience estivale. Sur cette photo, le pin arbore le nom de l'un des groupes.
« Selon moi, certain.es craignent que les enfants commettent une erreur s’ils ont accès à un vocabulaire queer et à des hormones. Mais pour beaucoup d’enfants qui s’identifient comme cisgenres et hétérosexuels, ça arrive dès le plus jeune âge. Avec mes amis, nous n’avons jamais eu ne serait-ce que la possibilité de choisir notre nom ou de réfléchir à notre genre et à notre sexualité, ce qui nous a causé beaucoup de tort. Entre-temps, ma sœur a fait son coming-out et ses amis l’ont très bien pris. Ça a motivé l’un.e de ses amis à leur annoncer qu’iel était non-binaire. Ça me fait tellement plaisir que les jeunes puissent avoir accès à un langage que je n’avais pas à leur âge, et je suis si fièr.e que le travail que nous avons fait ait permis de leur ouvrir cette porte. Mes frères et sœurs voient que j’arrive à exister en tant que personne trans et queer, et savent ainsi que c’est une option pour eux aussi. Quand j’étais enfant, je pensais que je ne pouvais pas exister en tant que personne queer. »
Divers camps d’été offrent un espace dans lequel les enfants qui s’identifient comme transgenres et non-binaires peuvent s’exprimer en toute sécurité. Ces enfants sont la prochaine génération de nos communautés queers, et méritent toute la liberté et toute la sécurité qui viennent avec le soutien et la protection des adultes de leur entourage.
Maggie Gill, Juliette Keller et Maeve Fitzsimmons chantent lors du spectacle final du camp Girls Rock!. Les noms de leurs groupes respectifs sont The Oddities, Outlet, et The Blackout.
Les membres du camp, les bénévoles, les mentors, les amis, la famille et les membres de la communauté se rassemblent pour assister aux performances finales de Girls Rock! à la salle de concert The Signal à Chattanooga, dans le Tennessee.
Melanie Metz est photographe en Floride. Retrouvez son travail sur son Instagram.
Zane McNeill, 27 ans, est activiste est auteurice non-binaire en Virginie-Occidentale, et a édité l'ouvrage Y’all Means All: The Emerging Voices Queering Appalachia.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.