Quelle vérité scientifique se cache derrière le mythe du tombeau maudit de Toutankhamon ?
100 ans après la découverte de la célèbre tombe du jeune roi égyptien, la science apporte des réponses à la question qui a fasciné le monde entier pendant de nombreuses années : le tombeau de Toutankhamon était-il réellement maudit ?
Les écrits concernant le jeune pharaon Toutankhamon sont rares. Cependant, les nombreux artefacts retrouvés dans son tombeau, dont cette statue en bois grandeur nature, fournissent des indices sur sa vie et sur son époque.
Comme l’affirme l’archéologue Ella Al-Shamahi dès les premières minutes du documentaire inédit LE TOMBEAU MAUDIT DE TOUTANKHAMON diffusé ce dimanche 13 novembre à 21 h sur la chaîne National Geographic, lors de la découverte de ce fameux tombeau, le monde n’avait jamais rien vu de tel.
En 1922, lorsque Howard Carter et son équipe ont enfin mis la main sur ce joyau de l’histoire de l’Égypte antique, les médias se sont immédiatement emparés du sujet. S’ensuivit un intérêt général de la part des musées, du monde du cinéma et de la mode. La Toutankhamon mania était lancée.
« Toutankhamon est fascinant pour le public, c’est un roi adolescent, qui est le résultat de beaucoup d’inceste, il capte forcément l’attention collective, notamment à travers son histoire familiale. Il y a également l’aspect de la découverte. Il a fallu des années de recherches pour découvrir son magnifique tombeau. Et puis, finalement, la malédiction, c’est un peu comme la cerise sur le gâteau. Ce qui est merveilleux avec Toutankhamon, c’est aussi que son corps existe toujours ! », affirme Ella Al-Shamahi.
Le mythe de la malédiction s’est développé lors de la découverte du tombeau du jeune roi, lorsque les premiers journalistes ont commencé à couvrir l’information. À l’époque, Howard Carter avait choisi de s’entourer de l’archéologue britannique Lord Carnarvon pour fouiller la Vallée des rois. Une fois le tombeau découvert, la presse souhaitait s’emparer de toutes les informations qui touchaient de près ou de loin cette affaire. Le climat entre les différents journalistes était très tendu.
Après plusieurs propositions financières pour couvrir l’affaire au plus près, c’est finalement un journaliste du Times qui avait obtenu l’exclusivité et le droit d’accès à la tombe. Les autres journaux, notamment les médias locaux, étaient très mécontents de cette exclusivité. C’est un correspondant du Daily Mail, qui n’était pas en accord avec la manière dont se déroulaient les choses, selon Ella Al-Shamahi, qui avait commencé à parler de malédiction. « Il n’aimait pas la manière dont était faite l’excavation. Il trouvait ça irrespectueux et disait que ça n’allait rien apporter de bon aux hommes qui s’en occupaient », explique l’archéologue.
Lord Carnarvon est finalement décédé vers la mi-mars 1923 d’une septicémie mortelle. « Je pense qu’au vu du contexte historique, de ce qui se disait, de ce qu’en ont dit les journalistes, la mort de l’égyptologue britannique permettait de rendre crédible la malédiction. Il y avait aussi une grande rivalité au sein de la presse qui a grandement contribué au mythe. »
Après cet événement, la presse n’a cessé de partager des témoignages de décès qui étaient, de ce qu’on en disait à l’époque, liés à la malédiction de Toutankhamon. Au total, les journaux de l’époque recensaient vingt-sept décès. « En fait, cela dépend de comment vous comptez. Il s’avère qu’en réalité, certains décès étaient des suicides. Certains étaient le résultat de crimes conjugaux. Il y a même une personne qui n’avait jamais été en Égypte, mais dont on associait le décès à la malédiction ! Finalement, c’est assez difficile d’affirmer que ces morts étaient liées directement au tombeau. »
À l’époque du décès de Lord Carnarvon, Howard Carter avait lancé des recherches pour tenter de comprendre ce qui avait emporté son collègue et essayer de désamorcer le mythe de la malédiction. « Les méthodes de recherches de l’époque n’avaient pas permis d’aboutir à quelque chose. Les recherches scientifiques ont repris il y a seulement quelques dizaines d’années. » Même si l’experte précise que l’exercice est encore très délicat aujourd’hui, au vu de l’ancienneté du dossier, il semblerait que la cause la plus probable que la science ait établie soit celle de pathogènes toxiques qui auraient été inhalés par les personnes en contact avec le tombeau.
« Sous terre, il y a moins d’oxygène, l’environnement est plus volatil et les gaz potentiellement toxiques circulent plus facilement. […] Je ne suis pas certaine qu’il y ait eu une seule cause, mais les pathogènes toxiques sont les plus probables. »
Aujourd’hui encore, la découverte du tombeau de Toutankhamon et le mythe de la malédiction qui l’entourait permettent aux archéologues modernes d’être beaucoup plus vigilants à propos des questions sanitaires. « Dans le cadre du documentaire, nous avons échangé avec des travailleurs égyptiens qui ont l’habitude d’être les premiers à ouvrir les tombes. Comme on peut le voir sur les images, maintenant tout le monde a pris ces réflexes. S’il y a une momie dans une tombe, on met un masque. C’est quelque chose qui est acquis, tout le monde a changé son comportement », conclut l’archéologue.
Pour comprendre plus en détail la réalité scientifique qui se cache derrière la malédiction du tombeau de Toutankhamon, ne manquez pas le documentaire inédit de la chaîne National Geographic, diffusé ce dimanche 13 novembre à 21 h.