Archéologie : une stèle maya va être rendue au Guatemala

Ce fragment connu des archéologues depuis 1899, représente un des rois les plus importants de la dernière dynastie maya. Après avoir échappé à la vente aux enchères, elle va retrouver son pays d’origine.

De Margot Hinry
Publication 1 nov. 2021, 09:00 CET, Mise à jour 1 nov. 2021, 14:04 CET
Cérémonie de remise volontaire au Guatemala de la stèle n°9 du site archéologique de Piedras Negras

Cérémonie de remise volontaire au Guatemala de la stèle n°9 du site archéologique de Piedras Negras

 

PHOTOGRAPHIE DE © UNESCO/Christelle ALIX

En 2019, National Geographic retraçait le parcours historique de cette stèle n°9 à travers les siècles. Le 25 octobre 2021, l’Unesco a organisé la cérémonie de remise volontaire au Guatemala de cette pièce qui avait été extraite du site Piedras Negras dans les années 1960.

La pièce appartenait à un couple de collectionneurs fraîchement mariés lors de l’acquisition, Monsieur et Madame Aurance. Ils étaient tombés amoureux de l’histoire de cette stèle et en étaient devenus propriétaires en 1963, selon les mots prononcés par Madame Manichak Aurance elle-même lors de la cérémonie de remise volontaire à l’Unesco. Pendant cinquante-huit ans, explique-t-elle, la pièce a fait partie de leur collection d’art « passionnément rassemblée ». Ils n'avaient alors pas connaissance du caractère illicite de cette acquisition. Ce n’est qu’au moment de sa mise aux enchères il y a deux ans qu'ils l'ont découvert. Madame Aurance, son mari étant décédé depuis, a accepté la demande des autorités guatémaltèques et a décidé de leur remettre l’œuvre sous les auspices de l’Unesco.

Pour cette passionnée d’Histoire, le retour du fragment de la stèle n°9 était une évidence. « Toute notre vie […] on a admiré l’œuvre d’art à la maison. Nous voulions œuvrer d’une manière ou d’une autre à leur sauvegarde. Mon rêve le plus profond serait que ce fragment puisse rejoindre le reste de la stèle » témoigne Mme Manichak Aurance.

 

UN BIEN CULTUREL HISTORIQUE

Le trafic d’œuvres illicites est un fléau en hausse cette dernière décennie selon Interpol, notamment dans les zones de conflits. Depuis cinquante ans, l’Unesco permet le dialogue entre les nations concernées à travers la convention de 1970 de l’Unesco « pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels ».

« Nous avons ici réussi à combiner la coopération internationale et la bonne volonté d’un collectionneur privé : c’est un exemple à suivre » explique l’Unesco par voie de communiqué de presse. Le ministre de la Culture et des Sports du Guatemala s'y dit également reconnaissant « du respect et de la bonne volonté, de l’intégrité et de la valeur » de la coopération du Guatemala avec l’Unesco, notamment à travers cette convention.

 

UNE STÈLE EMBLÉMATIQUE

Le fragment est issu d’une stèle de 2,85 mètres de haut, découverte par les archéologues en 1899. Lors de sa reconstruction en 1997, un fragment avait disparu. Ledit fragment mesure 48 centimètres sur 46 pour une épaisseur de 6 centimètres et un poids approximatif de 18 kilos. Avant d’être acquise par les époux Aurance, la stèle aurait d’abord été volée de son environnement pour être vendue au marchand d’art californien Earl Stendhal.

D’ailleurs, le fragment aurait en fait été taillé par les pilleurs pour en faciliter le transport. C’est ce qu’expliquait Dominique Michelet, directeur de recherche émérite au CNRS interviewé par National Geographic en 2019 lors de la mise aux enchères de la stèle. « En comparant les photos de 1899 avec le fragment mis en vente, on voit que les pilleurs ont éliminé des parties qu’ils jugeaient moins intéressantes pour se concentrer sur la partie la mieux préservée ».

Quelle histoire nous raconte ce joyau historique ? Le fragment serait la partie haute gauche de la stèle, selon une photo prise par T. Maler en 1899 puis redessinée par D. Stuart et I. Graham. Elle représente le souverain 4, âgé de 27 ans, qui a accédé au trône de Piedras Negras, aujourd’hui site archéologique de renom, en l’an 729 de notre ère.

Le souverain maya porte des colliers de jade et une grande coiffe. Une lance dans sa main droite, un bouclier dans l’autre et à ses pieds, un prisonnier qui le regarde. L’ensemble le positionne comme un guerrier.

Aujourd’hui, l’œuvre a été remise à l’ambassadeur du Guatemala auprès de l’Unesco, Francisco Roberto Gross Hernandez. Elle sera bientôt envoyée au Musée national d’archéologie et d’ethnologie du Guatemala et y sera visible par tous les visiteurs.

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