Ces peuples antiques précurseurs ont été oubliés par l'Histoire
Bien qu’éclipsés par des cultures plus célèbres, des vestiges archéologiques révèlent que ces peuples d’inventeurs, d’explorateurs, de constructeurs et de commerçants ont bel et bien marqué l'Histoire.
Pionnières de la fabrication du caoutchouc, les cultures mésoaméricaines ont utilisé cette innovation dans leurs jeux de balle, comme le montre cet artefact précolombien. Ce jeu, qui a débuté avec la civilisation olmèque, opposait deux petites équipes sur un terrain de balle enfoncé.
Les peuples de la Grèce, de la Rome et de l’Égypte antiques nous sont très familiers, car ils ont laissé de nombreuses traces : des documents écrits, une magnifique architecture et des œuvres d’art impressionnantes. Bien que certaines des autres grandes civilisations du monde n’aient, quant à elles, pas laissé de traces aussi abondantes ou détaillées, leur impact et leurs réalisations n’en sont pas moins remarquables. Dans cinq régions différentes à travers le globe, ces cultures ont laissé derrière elles un héritage qui, même s’il n’est pas aussi célèbre, n’en est pas moins stupéfiant.
LES PIONNIERS D’OCÉANIE
Le site antique de Nan Madol sur l’île de Pohnpei, en Micronésie.
Avant même la construction des pyramides d’Égypte, des marins expérimentés maîtrisaient les vagues de l’océan Pacifique. Vers 50 000 avant J.-C., des humains ont migré de l’Asie du Sud-Est vers les terres émergées d’Australie, de Nouvelle-Guinée et des îles voisines dans des bateaux simplement équipés de voiles.
Vers 8 000 avant J.-C., la montée des eaux causée par un réchauffement climatique sépara l’Australie et la Nouvelle-Guinée. Peu après, les Océaniens indigènes (un groupe comprenant les Australiens aborigènes, les Papous et les Austronésiens) commencèrent à explorer et à développer du commerce le long de la côte nord de la Nouvelle-Guinée. Ils naviguaient en plein océan dans des canoës à balancier et, au fil des vagues successives de découvertes, colonisèrent une multitude d’îles du Pacifique. Certains archéologues estiment que leurs descendants allèrent jusqu’à atteindre les côtes sud-américaines.
Il y a environ 40 000 ans, alors que les Néandertaliens parcouraient encore l’Europe, le peuplement de l’Australie était déjà bien avancé. Les migrants venus du nord s’adaptèrent bien à cette nouvelle terre et développèrent la plus longue histoire culturelle continue au monde. Ils n’utilisèrent jamais de métaux ou de poterie, ni ne développèrent l’arc et les flèches ou la roue, mais leur culture était riche en mythes et en art. Ils croyaient que sur certains sites sacrés, les ancêtres du temps du rêve, un royaume intemporel, venaient se reposer et se transformaient en illustrations sur les rochers. Certains de ces êtres, connus sous le nom de Wandjina et présents dans la région de Kimberley, au nord-ouest de l’Australie, sont représentés dans de spectaculaires peintures rupestres qui dateraient de 4 000 ans.
LE TRAVAIL DU FER EN EUROPE DU NORD
Un cimetière monastique sur Skellig Michael, une île au large de la côte ouest de l'Irlande.
La culture celtique est née vers 1000 avant J.-C., le long du fleuve Danube supérieur, en Europe centrale. Plutôt qu’un seul peuple unifié, les Celtes étaient un mélange de peuples dont les traits linguistiques et culturels étaient répartis dans toute l’Europe pré-romaine. De nombreux historiens pensent qu’ils partageaient des systèmes de croyance et une même langue (dont certaines versions sont encore parlées en Europe de l’Ouest).
Les Celtes ne développèrent pas un système d’écriture complet, mais leur savoir-faire artisanal leur permit de prospérer. Avec l’avènement du travail du fer, une technique originaire du Moyen-Orient, vers 750 avant J.-C., les communautés celtes acquirent un avantage pour le commerce et la guerre. La culture celtique se répandit sur les territoires que nous connaissons aujourd’hui comme l’Allemagne, la France, le nord de l’Espagne et même jusqu’aux îles britanniques, et elle y prospéra pendant des siècles avant de tomber aux mains des Romains.
LES INVENTEURS DE MÉSOAMÉRIQUE
Teotihuacan abrite certaines des plus importantes pyramides mésoaméricaines. À son apogée, vers 400 après J.-C., Teotihuacan était l’une des plus grandes villes du monde, ainsi qu’un centre régional de commerce.
Issue de petits villages agricoles, la première civilisation complexe de Mésoamérique vit le jour vers 1200 avant J.-C., le long du golfe du Mexique. Ses habitants, connus sous le nom d’Olmèques, faisaient du commerce, fabriquaient des bijoux en jade, en os et en coquillages et consignaient les événements historiques dans des pictogrammes.
Le plus célèbre accomplissement des Olmèques est sans doute l’invention du caoutchouc ; leur nom vient d’un mot nahuatl signifiant « habitant du pays du caoutchouc ». Les archéologues ont trouvé un certain nombre d’artefacts indiquant que les Olmèques extrayaient le latex des arbres régionaux et le mélangeaient à du jus de la vigne afin de créer le caoutchouc qu’ils pouvaient ensuite utiliser pour les semelles de leurs sandales, des balles de sport, ou encore comme adhésif.
Les Olmèques étaient une « culture mère » du centre du Mexique, et plusieurs civilisations évoluèrent après eux, notamment les bâtisseurs de pyramides de Teotihuacan dans la vallée du Mexique. Les Toltèques montèrent en puissance au 10e siècle et inspirèrent à leur tour les Aztèques, qui prospérèrent à partir du 14e siècle. Ces cultures américaines développèrent des styles artistiques et des systèmes de gouvernement distincts, tous bouleversés à l’arrivée des premiers Européens sur leurs côtes.
LES ARCHITECTES D’AMÉRIQUE DU NORD
Préservé au sein du parc national de Mesa Verde du Colorado, Cliff Palace était la demeure des Anasazis au 13e siècle.
Les cultures amérindiennes prospéraient en Amérique du Nord plusieurs siècles avant l’arrivée des Européens. Les peuples de la vallée du Mississippi et du sud-ouest désertique développèrent des cultures complexes. Cultiver le maïs, les haricots, les courges et d’autres aliments permit aux Mississippiens de vivre en se passant de la chasse et de la pêche.
Ainsi sédentarisés, ils purent construire des villes immenses telles qu’Etowah (Géorgie), Moundville (Alabama) et Cahokia (Illinois), qui se distinguent de par les monticules de terre géants qu’elles arborent. Dans la région actuelle des Four Corners, les ancêtres des Indiens Pueblos, les Anasazis, vécurent pendant des centaines d’années dans des habitations à flanc de falaise et des appartements en adobe de plusieurs étages.
LES COMMERÇANTS D’AFRIQUE DE L’OUEST
La Grande Mosquée de Djenné est la plus grande structure en terre du monde.
Au Moyen-Âge, les routes commerciales transsahariennes reliaient les richesses d’or et d’ivoire de l’Afrique de l’Ouest aux marchands musulmans, et plusieurs puissants royaumes commerciaux virent alors le jour. Parmi eux, l’empire du Mali, fondé au 13e siècle par l’ambitieux prince Soundiata Keïta, qui régnait sur un vaste territoire comprenant des plaques tournantes du commerce telles que Djenné et Tombouctou.
Des envahisseurs berbères s’emparèrent de Tombouctou au 15e siècle, avant d’être chassés par l’empire Songhaï. Ayant pris le contrôle des richesses de la région, les Songhaïs prospérèrent avant de tomber aux mains des forces marocaines en 1591.
La riche tradition artistique de l’Afrique de l'Ouest se manifeste aujourd’hui par un certain nombre de statuettes expressives en terre cuite datant du 13e au 15e siècles, découvertes sur le site de Djenné, et qui ont permis de mieux comprendre la société malienne de l’époque. Les statuettes d’archers et de cavaliers, par exemple, nous indiquent que le Mali possédait une armée bien équipée et financée. Certains personnages tourmentés se couvrent la tête en signe de tristesse ou semblent porter les marques d’une maladie semblable à la variole. D’autres sculptures, comme ce personnage féminin, montrent que les Maliens appréciaient un large éventail d’ornements corporels.
Des extraits de ce travail ont déjà été publiés dans Atlas of the Ancient World par Patricia S. Daniels. Copyright © 2016 National Geographic Partners, LLC.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.