Contes, légendes et créatures sanguinaires

Même s'ils semblent appartenir au passé, les monstres sont utilisés par l'Homme pour expliquer l'inexplicable depuis la nuit des temps.

De Sydney Combs
Publication 27 déc. 2020, 08:30 CET

Vous êtes peut-être persuadé de ne pas croire aux monstres et une chose est sûre, ils ne vous font pas peur, mais ces créatures jouent un rôle crucial dans la façon dont l’Homme tente de comprendre le monde qui l’entoure. Depuis des millénaires, face à un phénomène naturel ou scientifique qu’ils ne comprenaient pas, les Hommes ont inventé des monstres en guise d’explication.

Prenons par exemple les fossiles. Il y a environ 2 000 ans, alors que les mineurs des peuples scythes cherchaient de l'or dans le désert de Gobi, ils ont aperçu émergeant du sable des squelettes dotés de becs, de griffes et de larges omoplates. Ne parvenant pas à attribuer ces ossements à une créature, ils choisissent d'en inventer une : le griffon, mi-aigle, mi-lion et ardent défenseur de l'or du désert. En réalité, leur découverte était vraisemblablement un protocératops.

Ailleurs dans le monde, ce sont d'autres monstres que l'on tenait responsables des tremblements de terre. Dans le Pacifique Nord-Ouest, les légendes parlent de grandes batailles qui ébranlaient et déchiraient le sol en pointant du doigt A‘yahos, un métamorphe qui prenait l'apparence d'un serpent géant. Les points de repère évoqués par ces tribus suivent de près la faille de Seattle, ce qui permet aujourd'hui aux scientifiques de dater les événements géologiques et d'identifier d'anciens séismes.

Au Japon, le monstre des séismes est Namazu, un poisson-chat géant qui vit enfoui sous le pays et fait trembler la terre à chacun de ses déplacements. D'ailleurs, la croyance selon laquelle les poissons-chats ordinaires peuvent prédire les séismes est toujours répandue aujourd'hui, une croyance qui s'avère être soutenue par la science. Ainsi, le système d'alerte précoce des tremblements de terre qui équipe actuellement le Japon a pour logo un poisson-chat.

Et même si les créatures de ces mondes anciens ne nous font plus peur aujourd'hui, nous continuons d'inventer des monstres qui incarnent les angoisses de notre monde moderne. Plus tôt cette année, une horrible créature répondant au nom de Momo a effrayé les internautes, faisant craindre qu'elle pousserait les plus jeunes à se donner la mort dans le cadre d'un défi comme il en existe tant sur les réseaux sociaux, à l'image de ces adolescents qui avaient accepté de relever le Tide Pod challenge en ingérant des dosettes de lessive. Les trolls qui attendaient autrefois tapis sous les ponts vivent désormais au grand jour sur les différentes plateformes de réseaux sociaux.

Tant que l'Homme tentera de repousser les limites du monde connu, il sera hanté par les monstres de sa propre création.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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