Athéna, le visage de la sagesse
La "déesse aux yeux pers" était la fille préférée de Zeus. Vierge martiale crainte et adorée, Athéna était une guerrière mais aussi l'incarnation de la raison.

Pallas Athéna (V. 1539) par Parmigianino, l'un des représentants du maniérisme italien. Le peintre représente la déesse non pas comme une guerrière mais comme une jeune femme méditative.
Beaucoup d'Athéna est contenu dans le récit de sa naissance, qui la voit sortir tout armée, poussant un cri de guerre, du crâne de Zeus, lequel, afin de conjurer la prédiction qui voulait, depuis Ouranos son aïeul, que tout fils assassine son père afin de le détrôner, avait pris soin, afin d'éviter tout risque de grossesse, d'avaler la Titanide Métis, avec laquelle il venait de faire l'amour.
Résiliente, Athéna, qui n'a pas eu de mère pour lui donner la vie, est une fille, mais dotée de qualités tellement éminentes qu'elle entretient une relation privilégiée avec son père, ce qui ne manque pas de susciter la jalousie des autres dieux.
LA RAISON PLUTÔT QUE LA FORCE
Le plus souvent représentée avec son casque, son bouclier et sa lance ou son javelot, Athéna, vierge impérieuse et intrépide, d'une chasteté farouche, partage avec le grand Zeus la possession de l'égide, cette peau de chèvre qui offre l'invicibilité.

Les femmes dans les mythologies
Si elle s'illustre par sa férocité dans la guerre contre les Titans, au cours de laquelle elle dépèce Pallas pour placer la peau de celui-ci sur légide, elle n'en est pas moins l'antithèse d'Arès, incarnation de la force brutale, par son souci, inspiré par la mètis, l'intelligence pratique et rusée, de déployer plutôt que de la violence aveugle toutes les ressources de la stratégie éclairée par l'usage de la raison.
Comme toutes les divinités majeures, Athéna possède une multitude d'attributions résumées par ses épiclèses. Polias, épithète qui se rapporte à la cité, entendue dans son sens politique, rappelle qu'elle est la gardienne des villes, celle qui, en relation avec son caractère guerrier, protège les communautés citadines. Parmi celles-ci, et avant toutes les autres, Athènes, où la déesse patronne les groupes de sociabilité et les subdivisions politiques de la cité phare du monde hellénistique.
À l'époque de Périclès, au Ve siècle avant J.-C., Athènes lui élèvera le grandiose Parthénon qui, aujourd'hui encore, témoigne auprès du monde entier du prestige immese dont jouiassait la grande déesses. Ergane, la « travailleuse », Kalliargos, « celle qui travaille avec art » ou Machianis, « l'ingénieuse », Athéna est aussi celle qui, en donnant sa protection aux travailleurs et aux artisans, accorde son patronage non seulement à l'art du tissage, mais aussi à ceux, si importants pour le monde antique, de la métallurgie, de la charpenterie et d'autres techniques, qu'elle enseigne aux hommes.

Adoration de la déesse Pallas Athéna - huile sur toile de Louis-Hector Leroux.
L'OLIVIER ET LA CHOUETTE
En sa qualité de protectrice de la cité, Athéna joue également un rôle bénéfique en matière d'agriculture et de fécondité et est associée à l'olivier, arbre à la longévité séculaire auquel s'attachent de multiples symboles, dont celui de la paix. Ce n'est pas le moindre des mérites de cette déesse, dont l'art s'est plu à représenter les multiples visages, en l'associant souvent à son animal fétiche, la chouette, dont la capacité à voir dans le noir est signe de sagesse, d'avoir embrassé tous les domaines qui concernent l'humain avec un sens de la mesure qui est sa marque distinctive.
LES PANATÉNÉES
Beaucoup de villes grecques, telles Sparte ou Argos, qui étaient fières de la protection d'Athéna, veillaient à l'honorer, mais c'est à Athènes que l'on rendait hommage de manière permanente à la déesse. Outre les cérémonies annuelles, les grandes Panathénées, d'une durée de six jours, qui se déroulaient tous les quatre ans, rassemblaient tous les habitants de l'Attique, y compris les femmes et les métèques, mais à l'exception des esclaves.
Ces fêtes, encore célébrées au IVe siècle, déclineront graduellement jusqu'à disparaître, en grande partie à cause de l'expansion du christianisme. Il ne restait qu'à retirer la statue d'Athéna du Parthénon, ce qui s'accomplit à la fin du Ve siècle, pour contribuer à effacer, lentement mais sûrement, la figure de la déesse aux yeux pers.
Ce portrait d'Athéna figure dans le livre National Geographic Les femmes dans les mythologies, de Jean-Baptiste Rendu, paru aux éditions Prisma.
