Guatemala : découverte de 60 000 vestiges mayas

En janvier 2018, 60 000 structures archéologiques ont été détectées sur le site de Naachtun, dans la jungle guatémaltèque. L’analyse de ces découvertes révèle une organisation complexe et insoupçonnée des anciennes cités mayas.

De Arnaud Sacleux
La cité maya de Tik’al, au Guatemala.
La cité maya de Tik’al, au Guatemala.
PHOTOGRAPHIE DE Roberto A Sanchez, Istock Photo

Dissimulée sous une épaisse jungle, une gigantesque « mégalopole » a été découverte grâce au projet Naachtum, dirigé par le chercheur français Philippe Nondédéo. Financé par la fondation Patrimonio Cultural y Natural Maya, ce programme a permis l’étude de 2 144 km² de terrain difficilement accessible grâce au LIDAR, un système de topographie surpuissant.

 

UNE CITÉ ANTIQUE COMPLEXE

« Les résultats de l’exploitation de l’imagerie LIDAR sur la région du Guatemala ont été un véritable choc », avoue Philippe Nondédéo. « Nous ne sommes pas en présence d’un seul et immense site, mais d’un ensemble de sites différents. Les 60 000 structures archéologiques recensées sont réparties sur des zones discontinues et espacées parfois de plusieurs dizaines de kilomètres. » Parmi ces structures, on trouve des bâtiments d’envergure comme des pyramides et des palais, mais aussi des constructions plus modestes comme des habitations ou des parcelles cultivées. La découverte majeure du programme Naachtum sont les interconnexions de ces structures et la très forte densité de population sur le site. Les chercheurs ont ainsi estimé que 150 000 à 240 000 personnes vivaient autrefois sur le site de Naachtun. « Dans pratiquement toutes les zones, il y a des gens. » résume Philippe Nondédéo. 

Cette découverte va à l’encontre du postulat classique qui affirmait que les centres urbains étaient densément peuplés, en opposition aux zones rurales qui l’étaient nettement moins en raison d’une agriculture extensive. Maintenant, cette hypothèse est moins crédible. Il n’y avait en effet pas la place pour de telles cultures. Le LIDAR a cependant montré que les habitants avaient une gestion savante du territoire et une surprenante aptitude à s’adapter à leur environnement : pas de surexploitation, des aménagements agricoles sur des terrains pentus et des canaux installés en zones inondables pour le drainage et l’irrigation.

« Les images produites par cette technologie montrent bien que la région entière était très organisée et plus densément peuplée qu'on ne l'imaginait, » explique Thomas Garrison, archéologue à l'université d'Ithaca et explorateur National Geographic spécialisé dans l'usage des technologies numériques appliquées aux recherches archéologiques.

 

LE LIDAR À L’ORIGINE DE CES DÉCOUVERTES

Le LIDAR est un radar embarqué à bord d’un drone qui émet des impulsions laser. Leur précision permet d’avoir une cartographie détaillée de la surface de la terre à une échelle très fine et peut ainsi pénétrer des végétations très denses. Sur le site de Naachtum, le lidiar a émis 33,5 milliards de lasers sur une distance de 2 144 km². Les données une fois passées au crible, la végétation envahissante a pu virtuellement être effacée et tous les détails topographiques naturels et artificiels sont apparus.

Avant l’utilisation du lidar, seules 5 à 10 % des 60 000 structures révélées étaient déjà connues. À Naachtun, il a permis de révéler 12 000 édifices, contre 900 avant son utilisation. Alors que le réseau totalise une cinquantaine de kilomètres de routes et de chemins aménagés, les chercheurs n’auraient rien vu sans le lidar. Car même en sachant que ces routes existaient, les apercevoir restait très difficile en contexte de forêt tropicale, et les recherches auraient nécessité de déboiser tout le secteur.

Selon Philippe Nondédéo, il va cependant falloir des années pour comprendre comment le territoire s’organisait : comment les zones agricoles étaient-elles reliées aux zones résidentielles, ou comment les centres de pouvoir se liaient-ils aux périphéries ?

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