Les effets dévastateurs de la crise du COVID sur le patrimoine mondial

Une enquête de grande envergure menée par l’UNSECO alerte sur les effets de la pandémie de COVID-19 sur plus de 1 000 biens classés au patrimoine mondial.

De Mehdi Benmakhlouf
Publication 24 juin 2021, 12:08 CEST
Des chameaux se tiennent devant la porte du Trésor à Pétra, en Jordanie. Ils permettent de ...
Des chameaux se tiennent devant la porte du Trésor à Pétra, en Jordanie. Ils permettent de se rendre compte de l'immensité de l'ancienne cité. Sculptée dans la colline de grès par les Nabatéens au deuxième siècle après J.-C., cette structure imposante a probablement été utilisée comme un temple.
PHOTOGRAPHIE DE Jon Arnold Images Ltd, Alamy Stock Photo

Au cours de l’année 2021, l’UNESCO a enquêté auprès des États, délégations, ministères et institutions afin de faire un bilan détaillé de la situation des sites classés au patrimoine mondial après une année marquée par la pandémie de coronavirus.   

Les conclusions exprimées par les autorités locales ne sont pas bonnes : de nombreuses personnes interrogées s’attendent à ce que les effets de la crise sur les biens du patrimoine mondial perdurent durant des mois, voire des années. « Au plus fort de la crise, d'après les réponses obtenues, 90 % des biens du patrimoine mondial étaient fermés totalement ou partiellement » annonce l’enquête intitulée « Patrimoine mondial face à la pandémie de COVID-19 ».

Actuellement, 1 121 biens sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco, répartis sur 167 États membres. La liste compte 869 biens culturels, 213 zones naturelles avec 53 biens en classés « en périls ». Tous présentent un caractère exceptionnel et appartiennent à l’héritage commun de l’humanité.

La crise a eu des effets aussi bien négatifs que positifs sur les différents biens du patrimoine mondial. L'arrêt soudain des voyages et du tourisme a interrompu l'afflux de visiteurs et les recettes générées par le tourisme, qui dans certains cas constituent la principale source de revenus à-même de couvrir les frais de conservation et d'entretien, ainsi que les salaires.

En revanche, l’arrêt total des activités aurait dans certains cas permis de réaliser des travaux de rénovation et de réduire la pression générée par les activités humaines sur certaines zones naturelles.

De fait, durant la crise sanitaire, de nombreux gouvernements ont accordé des dérogations aux professionnels de la conservation, leur donnant accès aux sites pour qu’ils puissent faire avancer les travaux en l’absence de visiteurs. 

 

DES COMMUNAUTÉS LOCALES FORTEMENT IMPACTÉES

Ce rapport pointe les effets considérables sur les communautés locales qui vivent au sein et autour du patrimoine mondial. « 78 % des personnes interrogées ont fait état d’effets néfastes sur les communautés locales » annonce le rapport. Ce sont principalement les activités touristiques qui permettent à ces populations d’assurer des revenus fixes.

D’après le Conseil mondial du voyage et du tourisme, en 2020 à l’échelle mondiale près de 62 millions de personnes ont perdu leur emploi dans le secteur du tourisme et des voyages.

Les hébergements, les transports, les activités artisanales, les visites, toutes les sources de revenus ont dû s’arrêter du jour au lendemain à cause des divers confinements et des mesures sanitaires. Cette situation a contribué à accroître la pauvreté particulièrement chez les jeunes, les femmes et les personnes déjà en situation de précarité.

 

QUELLES SOLUTIONS PROPOSÉES POUR CES SITES ?

Cette enquête a été l’occasion de soulever les points d’amélioration à mettre en œuvre localement dans le but d’atteindre une certaine pérennité. Parmi les propositions des responsables de site interrogés, un processus de relance serait la meilleure solution pour assurer la protection et la conservation du patrimoine culturel et naturel.

L’UNESCO assure qu’un plan de relance sera proposé pour garantir une gestion durable de chaque site. Pour cela des subventions seront maintenues pour les sites qui en bénéficient déjà et proposées aux sites qui n’en bénéficient pas actuellement. L’UNESCO s’engage également dans la formation au niveau local pour émanciper les populations. À plus long terme, chaque site sera incité à s’éloigner de la dépendance du tourisme international de masse et à s’inscrire dans la culture au niveau international.

Le 21 juin, l’UNESCO a par ailleurs rapporté que la Grande Barrière de corail, Venise, Budapest ou la vallée de Katmandou, entre autres, pourraient être placés sur la liste « en danger » du Patrimoine mondial de l'UNESCO, tandis que le port marchand de Liverpool pourrait perdre son inscription au Patrimoine mondial. À Venise, l’impact des activités touristiques de masse fait partie des critères poussant l’UNESCO à demander le placement de la Cité des Doges dans la liste du patrimoine en péril. 

À Budapest, les rives du Danube et le quartier du château de Buda sont également visés. En cause : des démolitions « inopportunes » et des reconstructions à grande échelle, en particulier de bâtiments de grande hauteur qui viendraient dénaturer ces lieux historiques.

Concernant la Grande Barrière de corail, inscrite depuis 1981 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, c’est la récurrence des épisodes de blanchissement des coraux qui pousse les experts à l’inscrire sur la liste des sites « en danger ».

Un conseil se tiendra fin juillet en Chine pour statuer sur l’avenir de ces sites d’exception.

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