Moïse aurait-il vraiment pu écarter la mer Rouge ?
La fuite d'Égypte de tout un peuple hébreu en compagnie de Moïse est l’un des épisodes les plus célèbres et les plus grandioses de l'Exode. Il est également l'un des plus difficilement explicables.
Pour pouvoir créer un couloir au beau milieu d’un tel point d’eau, long de 50 km et profond de 90 mètres, Moïse aurait dû déplacer environ 8 milliards de mètres cube d’eau.
« Moïse étendit le bras sur la mer. Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent. » (Exode 14, 21-27). Le miracle accompli par Moïse, premier personnage à être nommé « homme de Dieu » dans la Bible, est sans doute l’un des plus célèbres. Il permit à tout un peuple d’échapper à l’armée égyptienne. Mais un tel miracle est-il scientifiquement et physiquement possible ?
Selon les traductions bibliques, l’épisode se serait déroulé dans la mer Rouge. Pour pouvoir créer un couloir au beau milieu d’un tel point d’eau, long de 50 km et profond de 90 mètres, Moïse aurait dû déplacer environ 8 milliards de mètres cube d’eau. Une fois ce passage créé, il lui aurait fallu déplacer toute une foule d’Israélites sur 50 kilomètres, en une seule nuit.
Si cela paraît logiquement impossible, plusieurs scientifiques se sont tout de même penchés sur la question et proposent une explication rationnelle à cet épisode biblique pour tenter de comprendre s'il a réellement eu lieu.
L’explication avancée par des chercheurs du National Centre for Atmospheric Research et de l'Université du Colorado tient en deux parties. Selon eux, l’un des éléments d'explication de cet acte prodigieux tiendrait à une erreur, une approximation de traduction des bibles modernes. Moïse n’aurait pas écarté la mer Rouge, mais une autre mer. Dans les textes évoquant ce phénomène, « yam suf » est traduit par Mer Rouge, selon Carl Drews, l’un des scientifiques ayant travaillé sur l’étude. En français, il faudrait en réalité traduire cela par « mer de joncs », ou « mer des roseaux ».
Cette traduction littérale désigne l’un des deltas du Nil, le lac de Tanis, parsemé de roseaux de papyrus. Long de quelques kilomètres seulement, et situé à quelques encablures du lieu supposé de l’évènement, il offre une explication plus rationnelle que la traversée de la mer Rouge.
Mais cette erreur de traduction seule n’explique pas tout. Il faut en effet la conjuguer à un deuxième élément de réponse ; l’appui de puissants phénomènes météorologiques. Les scientifiques de l’Université du Colorado se sont également appuyés sur des simulations par ordinateur prenant en compte les interactions entre vents et eaux, additionnés à diverses données archéologiques, afin de démontrer l’implication d’un puissant vent d’est, ayant soufflé pendant douze heures d’affilée. Ce phénomène atmosphérique aurait ainsi permis d’écarter les eaux sur près de trois kilomètres de long et cinq kilomètres de large, et ce pendant quatre heures.
Ce phénomène physique est connu en anglais sous le terme de « wind setdown », et est vérifiable sur n’importe quel point d’eau. Quand un vent fort souffle de façon continue au bord d'un étang, d'un lac ou d'un océan, il pousse la surface de l'eau perpendiculairement vers la droite dans l'hémisphère Nord, et vers la gauche dans l'hémisphère Sud.
Si ces explications tendent à rationnaliser en grande partie cet épisode biblique, il demeure néanmoins quelques zones d’ombre : un vent aussi puissant aurait emporté avec lui Moïse, et très certainement tous les Israélites qui l’accompagnaient...