Explorateurs - La cartographe qui recueille le savoir des nomades
Hindou Oumarou Ibrahim est une exploratrice National Geographic. À 35 ans, elle porte la voix des peules autochtones du Tchad.
Ce portrait a initialement paru dans le magazine National Geographic. S'abonner
Hindou Oumarou Ibrahim est issue de la communauté peule bororo. Enfant, elle accompagnait ses parents, à travers le Tchad, dans la transhumance de leur troupeau. À 35 ans, elle porte désormais la voix de ces nomades. Accompagnée de scientifiques – agronomes, climatologues, biologistes…– , la cartographe et coordinatrice de l’Association des femmes peules autochtones du Tchad sillonne le pays pour recueillir les savoirs traditionnels des Bororos qui, martèle-t-elle, ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique.
« Le développement durable, ils le pratiquent depuis des millénaires ! » rappelle-t-elle. « Préserver l’environnement est, pour eux, une question de survie et d’identité. Ils connaissent toutes les plantes, ainsi que les meilleures façons de les protéger et de les utiliser. » Ils sont également les premiers témoins du changement climatique.
« Outre l’assèchement du lac Tchad, ils constatent la disparition de nombreuses rivières et mares, pointe Hindou Oumarou Ibrahim. Des végétaux déclinent au profit de mauvaises herbes, qui rendent les vaches malades. » Toutes ces informations, elle les reporte sur une maquette détaillée, qu’elle fabrique avec l’aide des nomades, et dans des légendes informatisées. Un projet soutenu par National Geographic.
« Ce travail peut prendre plusieurs semaines, d’autant qu’il nous arrive de manquer d’électricité et de matériaux. » La maquette est photographiée et digitalisée, devenant une carte en 3D que la jeune femme transmet aux autorités gouvernementales. « C’est un document crucial, qui permet de localiser précisément les problèmes et donc de planifier des projets environnementaux adaptés », se réjouit-elle.
Autre objet de satisfaction pour Hindou Oumarou Ibrahim: sa technique de cartographie participative intéresse d’autres pays, notamment le Soudan.