Quelles sont les meilleures photographies de l'année 2022 ?
Ces 10 photographies saisissantes capturent toute la splendeur de notre planète et de la vie qu'elle abrite. La gagnante du grand prix de notre concours "Pictures of the Year", prise par Karthik Subramaniam, en est le parfait exemple.
Un pygargue à tête blanche arrive pour s'emparer d'une bonne place sur une branche, qui offre une vue stratégique sur le rivage de l'Alaska Chilkat Bald Eagle Preserve. Lorsque d'autres pygargues tirent des saumons fraîchement pêchés de l'eau, ces spectateurs se précipitent pour en prendre une part. « C'est grâce à des heures d'observation de leurs habitudes et de leur comportement que j'ai pu capturer des moments comme celui-ci », explique le photographe Karthik Subramaniam , un ingénieur logiciel passionné par la photographie animalière.
« Partout où il y a du saumon, il y a du chaos. » Telle était la devise de Karthik Subramaniam alors qu’il campait près du rivage de l’Alaska Chilkat Bald Eagle Preserve, et attendait le bon moment.
C’était le dernier jour de son voyage photographique d’une semaine. Le ferry de l’ingénieur logiciel devenu photographe amateur devait partir quelques heures plus tard, mais M. Subramaniam préférait rester le plus longtemps possible et observer les pygargues à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) entrer et sortir de l’eau dans leur quête de nourriture. La ville de Haines, une pointe de terre coincée entre deux bras de mer et située au sud de l’Alaska, accueille chaque automne les plus grands rassemblements de pygargues à tête blanche du monde, soit près de 3 000 individus qui arrivent à temps pour la migration des saumons.
Plusieurs de ces rapaces s’attardaient sur un rondin. Cet emplacement de choix leur permettait de se poser à proximité du rivage, où leurs pairs arrivaient parfois avec le butin de leur chasse réussie : un saumon fraîchement pêché. Lorsqu’un poisson apparaissait, les spectateurs descendaient pour déguster leur portion.
Alors que Subramaniam dirigeait son objectif sur une branche, il a observé une agitation : un aigle arrivait à toute vitesse, intimidant le résident actuel et s’appropriant la place de choix. Il a intitulé la photographie obtenue Dance of the Eagles (La danse des aigles), en référence à la guerre fictive entre les dragons du roman de George R. R. Martin A Dance with Dragons, et l’a soumise au concours photographique Pictures of the Year de National Geographic.
Pendant des années, Subramaniam se contentait de photographier des paysages et ses souvenirs de voyages, mais en 2020, alors qu’il était bloqué à San Francisco par la pandémie de COVID-19, il a commencé à s’adonner à la photographie animalière. Il a parcouru les réserves naturelles locales, s’est rendu au Point Reyes National Seashore et s’est promené dans les parcs de la ville, à la recherche d’oiseaux et d’autres créatures. Lorsqu’il a appris que deux pygargues à tête blanche nichaient sur le toit d’une école primaire à seulement deux heures de chez lui, il a commencé à s’y rendre le week-end, et à camper aussi longtemps qu’il le fallait pour les photographier pendant leur chasse.
La patience qu’il a acquise lors de cette période d’essai a fini par porter ses fruits : vendredi, sa photographie des rapaces d’Alaska a gagné le grand prix de notre concours, ce qui lui vaudra une place dans le numéro de mai du magazine National Geographic.
Subramaniam confie apprécier tout particulièrement la tension capturée dans cette photographie. « On peut se demander ce qu’il s’est passé ensuite. » La réalité est moins mystérieuse : lorsqu’il s’est aperçu qu’aucun saumon n’apparaissait, l’oiseau triomphant a fini par s’ennuyer et céder sa place au prochain observateur.
MENTIONS HONORABLES
RITEN DHARIA – En mai 2021, le volcan Fagradalsfjall dans la péninsule de Reykjanes en Islande est entré en éruption pour la première fois depuis plus de 6 000 ans. La coulée de lave s'est poursuivie pendant six mois, répandant de la roche noire et dure dans le paysage. C'était, selon Riten Dharia, qui a capturé cette image, « une exposition de la puissance brute et impressionnante de la nature ».
RHEZ SOLANO – Des manchots royaux s'entassent dans le viseur de Rhez Solano sur les plages de Gold Harbour en Géorgie du Sud. L'île se trouve dans l'océan Atlantique sud, non loin de l'Antarctique, et abrite près de 25 000 couples reproducteurs de manchots royaux, mais aussi des manchots papous et des éléphants de mer.
AN LI – Les mines de sel de Maras, au Pérou, comptent environ 4 500 puits de sel creusés à flanc de colline. Selon les archives archéologiques, il est probable que l'extraction du sel ait commencé ici avant l'Empire inca, peut-être dès l'an 500 de notre ère. Aujourd'hui, cette tradition se poursuit avec les familles qui possèdent des puits, dont chacun produit près de 200 kilogrammes de sel chaque mois. « Les puits de sel reçoivent de l'eau par des canaux alimentés par une source souterraine salée à proximité et, une fois l'eau évaporée, le sel cristallisé reste », explique An Li, qui a capturé cette photo. « Ici, pour extraire le sel, les mineurs utilisent un râteau en bois. »
ERIC ESTERLE – Asiilbek, un chasseur d'aigle nomade kazakh, prépare son aigle royal, Burged, pour une chasse à cheval dans les prairies à l'extérieur de Bayan-Ölgii, la province la plus occidentale de Mongolie. L'entraînement de l'aigle commence dès son plus jeune âge. Les oisillons sont capturés dans leur nid au bord de la falaise et sont formés à chasser le lièvre, le renard et même le cerf. La tradition remonte à 3 000 ans. « Pour cette image, j'étais allongé sur le ventre en position couchée et je regardais le bord du ruisseau à travers le viseur électronique », explique le photographe Eric Esterle. « Le sol a tremblé lorsque le cheval d'Asiilbek est passé à quelques mètres de moi, m'éclaboussant d'eau glacée. Je me souviens avoir couvert mon appareil photo avec mon corps et avoir baissé la tête. »
TIHOMIR TRICHKOV – En rentrant de l'aéroport un matin d'octobre, le photographe Tihomir Trichkov a traversé la Blue Ridge Parkway en Caroline du Nord et a vu le soleil se lever doucement au-dessus de la vallée. Cette dernière était recouverte d'un épais brouillard qui laissait passer les couleurs de l'automne. Le photographe a zoomé avec un téléobjectif et a capturé cette image. « J'observais un mystère silencieux, et je créais de l'impressionnisme avec un appareil photo », raconte M. Trichkov. « Il avait plu la veille, il y avait une tonne d'humidité dans l'air. Je l'ai appelée "Legends of the Fog" [Légendes du brouillard], car lorsque je la fixe, j'entends des chuchotements. »
TAYFUN COSKUN – Cette vue aérienne prise par le photojournaliste Tayfun Coskun montre les étangs de marais salés du parc du comté d'Alviso Marina à San Jose, en Californie. Ces marais urbains uniques sont menacés par l'élévation du niveau de la mer, et des projets de conservation s'efforcent de revenir en arrière et de restaurer la région pour sa faune et ses poissons, mais aussi pour ses capacités à absorber les eaux de crue et à capturer le dioxyde de carbone.
BRUCE TAUBERT – Bruce Taubert, biologiste animalier, étudiait les habitudes alimentaires des petites chouettes du désert de l'Arizona. C'est alors qu'il a trouvé une espèce rare de petit-duc. Pendant plusieurs nuits, à l'aide d'un faisceau infrarouge qui déclenche un flash à haute vitesse, il a photographié les oiseaux transportant de la nourriture jusqu'à leurs oisillons. Cette chouette a attrapé un gecko nocturne. « Les geckos nocturnes ne sont pas originaires de l'Arizona, leur répartition s'étend », explique M. Taubert. Mais comment sont-ils arrivés là ? « Il se peut que les geckos aient été livrés aux maisons [voisines] par des entreprises paysagistes apportant des plantes exotiques. »
ALEX BERGER – Lors d'un voyage dans les Alpes autrichiennes, Alex Berger a repéré une route à une voie qui s'enfonçait dans les montagnes et revenait en boucle sur la carte. Il a décidé de la suivre, le long d'un petit ruisseau bordé de murs de forêt, et c'est alors qu'il a repéré cet arbre coloré qui s'épanouissait au beau milieu des troncs foncés. Selon le photographe, on y voit comme « une dimension d'inspiration fantastique pour moi qui me donne la chair de poule ».
W. KENT WILLIAMSON – Parfois, la clé d'une excellente photographie est une nuit blanche. Vers 3 h 40 du matin, par un matin d’été glacial, le photographe W. Kent Williamson a capturé cette photographie depuis le lac Tipsoo, dans le parc national du mont Rainier, dans l’État de Washington. De l'autre côté de l'eau immobile, il pouvait voir une ligne de phares d'alpinistes fatigués qui s'approchaient du sommet de 4 392 mètres, point culminant d'une ascension de plusieurs jours. « Le ciel nocturne était exceptionnellement clair et on pouvait voir la Voie lactée juste au-dessus de la montagne », décrit M. Williamson. « J'ai été surpris de voir le niveau de luminosité des lanternes des grimpeurs. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.