Les deux Corée, si différentes et si semblables à la fois
Basé en Corée du Sud, le photographe Ed Jones a un droit d'accès régulier en Corée du Nord : une rare opportunité qui lui permet de rendre compte des similitudes entre les deux pays.
Les deux nations qui composent la péninsule coréenne font souvent la une de l'actualité mondiale. Pris en sandwich entre la Chine et le Japon, les Nord et Sud-Coréens endurent un conflit qui dure depuis plusieurs décennies entre les deux pays, nourri par des gouvernements qui peinent à trouver un terrain d'entente.
Cela n'a pourtant pas toujours été le cas. Avant que le Japon ne s'empare de la péninsule au début du 20e siècle et ne la perde au terme de la Seconde Guerre mondiale, la région était gouvernée par la dynastie séculaire Joseon, façonnant ainsi une culture commune sous un gouvernement unifié.
Cette dynastie a laissé une empreinte tenace sur les deux pays. Malgré des différences politiques et sociétales indéniables — l'un est une dictature, l'autre une république démocratique —, les aléas du quotidien des habitants de Corée du Nord et de Corée du Sud se ressemblent parfois.
Le photographe Ed Jones, l'un des rares photographes à avoir un accès régulier à la Corée du Nord, décrit depuis des années cette nation à travers ses photos, allant des cérémonies militaires aux arrêts de bus. Établi en Corée du Sud, le temps passé dans chaque pays lui a inspiré un parallèle photographique montrant le quotidien dans les deux nations.
« Des deux côtés de la zone démilitarisée, les espoirs et les conséquences [possibles] de l'unification, d'une manière ou d'une autre, constituent un problème tenace », raconte-t-il. « Exploiter la photographie et le privilège de pouvoir voyager entre les deux pays pour imaginer cette confrontation m'a paru évident. »
Il a ainsi pu montrer de rares aperçus de la vie réelle dans un pays longtemps isolé du monde et démontrer que ses citoyens ne sont, après tout, pas si différents.
« Les similitudes les plus frappantes entre les deux pays sont subtiles et peuvent être difficiles à rendre en photo », dit-il. « Par exemple, deux agriculteurs qui vivent à moins de dix kilomètres l'un de l'autre partagent le même temps et, au moment où les photos ont été prises, le même message sonore quotidien résonne dans les haut-parleurs du Nord et du Sud ».
Il explique que les habitants des deux côtés de la frontière partagent la même langue et que, malgré quelques différences, les similitudes révèlent les liens entre eux. Pourtant, trouver des personnes à photographier en Corée du Nord peut s'avérer difficile. Jones s'appuie sur l'accès qu'il a reçu lors de missions de reportage régulières pour soutenir des projets tels que ses portraits comparatifs.
« Parfois, la curiosité suscitée par ma présence se prête à une conversation utile pour demander un portrait et, dans la plupart des cas, je trouve que les gens sont bien disposés à poser », dit-il.
Jones affirme que même si les deux pays restent séparés et déconnectés à bien des égards, on constate davantage de contacts à travers le pays ces dernières années. « Il y a de chaque côté un plus grand intérêt pour l’autre », conclut-il.