À la découverte des communautés les plus reculées de l'est du Bhoutan
Avec ses imposants monastères, ses paysages majestueux et ses pratiques traditionnelles uniques, cette région trop peu fréquentée de l'Himalaya mérite que l'on s'y attarde.
Royaume bouddhiste situé dans l'Himalaya, entre la Chine et l'Inde, le Bhoutan compte plus de 700 000 habitants, dont la plupart vivent dans les villes de Thimphou et Paro, à l'ouest. Les six dzongkhag (ou districts) les plus à l'est comptent parmi les régions les moins peuplées du pays ; au moins deux jours de voiture sur des routes sinueuses sont nécessaires pour les atteindre.
La région, qui renferme des cultures et traditions uniques, est l'endroit idéal pour découvrir les plats emblématiques de la cuisine bhoutanaise, comme de l'ema datshi (une soupe très épicée à base de piments et de fromage) sur du riz.
Ses paysages abritent des rizières ondulantes et des vallées d'un vert profond, comme celle qui surplombe la rivière Dangme Chhu, qui est bordée de bornes routières en pierre destinées aux automobilistes.
Le village de Dungkar abrite le naktsheng, un manoir traditionnel construit au 16e siècle qui est aujourd'hui un musée culturel entretenu par des moines.
Le peuple semi-nomade des Brokpas vit dans les villages de Merak et Sakteng, dans les hautes altitudes des régions les plus orientales du Bhoutan. Nombre d'entre eux pratiquent encore l'élevage traditionnel et, pendant l'été, voyagent avec leurs yaks vers des pâturages parfois situés jusqu'à 4 500 mètres d'altitude.
Quand vient l'automne, ils descendent dans des camps de bergers où ils continuent à surveiller leurs animaux. Les hommes brokpas portent d'épaisses vestes en laine de yak ou de mouton afin de se protéger des intempéries lorsqu'ils s'occupent de leurs troupeaux, des tenues qui font désormais partie intégrante de leur costume traditionnel. Les femmes, quant à elles, portent des vestes colorées, souvent brodées et décorées de pierres et de métaux précieux.
La région n'abrite pas d'hôtels, mais certaines familles, comme les Kezang Choden dans le village de Merak, qui est caractérisé par ses maisons en pierre et en bois, acceptent souvent d’accueillir des hôtes chez eux.
Depuis la Route transversale, qui coupe le Bhoutan en deux, une route à voie unique serpente le long de la rivière Kuri Chhu, passant par des forêts de bambous subtropicales, des ponts suspendus et des petits villages où de jeunes garçons jouent avec de grandes fléchettes en métal.
De petits temples, appelés des chörtens, peuvent être trouvés dans des crevasses le long de chemins ou derrière des portes recouvertes de fresques. Ces petits édifices abritent de nombreux moulins à prières en souvenir d'êtres chers.
À une journée de route se trouve le village de Khoma, célèbre pour sa production de kishutharas, un type de kira (une jupe longue qui constitue un élément de la tenue nationale portée par les femmes bhoutanaises) en soie ornée de motifs. Les kishutharas sont fabriqués sur des métiers à tisser dans les maisons des tisserands ou dans des ateliers textiles collectifs dans le village. Ce tissu est si complexe qu'il faut parfois plus d'un an pour le confectionner.
À une demi-heure de route de Khoma, l'imposant Lhuentse Dzong se dresse au milieu d'un paysage verdoyant. Ce type de forteresse monastique, qui sert de centre religieux, gouvernemental et militaire, peut être retrouvé dans tout le Bhoutan. À l'intérieur se trouvent des bureaux administratifs qui aident à gérer le district, ainsi que des temples qui abritent des moines, et des cours où sont organisées chaque année les tshechu, des fêtes religieuses.
Les tambours utilisés lors de ces fêtes sont souvent conservés à l'intérieur de ces édifices, suspendus dans des salles dont les murs sont décorés de fresques.
Les moines des dzongs sont souvent invités à se rendre chez les habitants de la région. Ils s'engagent alors dans la traversée d'une vallée peuplée de troupes de macaques afin d'aller accomplir des rituels visant à assurer la santé et la prospérité de ces familles. Au cours de ces cérémonies, les moines jouent généralement de la corne, chantent, et tapent sur des tambours.
Du fait de sa position géographique centrale par rapport aux autres districts, la ville de Trashigang est un point de passage inévitable pour les voyages dans l'est du Bhoutan. Les vendeurs des petits stands situés en bord de route proposent toutes sortes de produits, tels que des boissons gazeuses, de l'eau, des chips, mais aussi des sandales et des cartes Pokémon de collection. Les seuls hôtels de la région sont tous installés ici, et proposent des douches chaudes et de grands lits. Bien qu'elle constitue un lieu de détente bienvenu, c'est en s'aventurant au-delà des limites de la ville que vous découvrir les lieux les plus mémorables de la région.
Les voyageurs pourront alors vivre des expériences uniques, en séjournant auprès de familles locales, en passant des soirées à observer la Voie lactée, en franchissant les portes de temples, ou plus simplement, en admirant les vestes à motifs fabriquées à la main par les femmes brokpas, à Sakteng.
En fin de compte, ce sont les communautés locales qui font de cette région du monde une destination unique, qui mérite d'être explorée.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.