Quand la nature reprend ses droits
Une serre en fer forgé recouverte de mauvaises herbes jouxtant un château en Belgique pourrait laisser songeur, mais pas le photographe français Jonathan « Jonk » Jimenez.
« Ça a beau être un endroit abandonné avec des fenêtres cassées, c’est quand même magnifique. J'aime trouver de la beauté là où on peut penser qu'il n'y en a pas », explique Jimenez. Après avoir visité plus de 700 lieux abandonnés dans 33 pays sur quatre continents, Jimenez a publié ses photographies dans un livre intitulé Naturalia : Chronique des Ruines Contemporaines.
Jimenez a débuté en documentant le travail de graffeurs à Barcelone qui utilisaient les lieux abandonnés de la ville comme toiles. Il a même tenté lui-même de devenir street artist (d'où son pseudonyme). De retour dans sa ville natale de Paris, Jimenez a exploré les coins cachés du monde urbain, escaladant les toits, traversant des tunnels de métro et passant plusieurs jours sous terre dans les catacombes de la ville. (Paris : La nature a repris ses droits dans la petite Ceinture)
Il se consacre désormais à la découverte de lieux en dehors de la ville. Mais si vous souhaitez visiter vous-même de tels endroits abandonnés, réfléchissez-y à deux fois : beaucoup ne sont accessibles que par des chemins difficiles d'accès, voire des passages interdits. Alors que Jimenez était en visite dans une brasserie du nord de la France, un chien a aboyé, alertant la sécurité qui a appelé la police.
« C’est une violation de propriété dans le sens où la plupart des lieux sont des propriétés privées, mais c’est une violation de propriété sans casser ni forcer quoi que ce soit », déclare le photographe. « Quatre-vingt-dix-neuf pour cent du temps, ils réalisent que nous sommes juste des photographes et nous demandent de partir. Ce [gardien] avait dû passer une mauvaise journée. »
Poursuivant sa quête pour découvrir ce qui est caché, Jimenez a photographié des lieux allant d'une base militaire soviétique oubliée de Biélorussie à un château envahi par la végétation en Croatie. Plutôt que d’enquêter sur l’histoire des sites, les travaux de Jimenez capturent un témoignage du temps qui passe. Les bâtiments abandonnés nous rappellent l'inévitable processus de l'histoire. Finalement, la vie sauvage reprend rapidement le dessus. (Kolmanskop, l'envoûtante ville fantôme du désert du Namib)
« Certaines personnes voient dans mon travail quelque chose de très sombre, comme ce à quoi le monde ressemblerait après l'apocalypse », raconte Jonk. « Moi, ce que j'aime montrer, c'est que la nature est plus forte que l'homme. À la fin, la nature gagne toujours. »
Le photographe français Jonathan « Jonk » Jimenez a publié Naturalia : Chronique des Ruines Contemporaines. Suivez ses explorations de lieux abandonnés sur Instagram.