Où et comment photographier des aurores boréales ?
Quel matériel prendre ? Quels réglages faire ? Voici nos conseils pour capturer ce fascinant phénomène naturel.
Le massif des Alpes de Lyngen est illuminé par des aurores boréales, en mars 2013. Situé dans le nord de la Norvège, ce massif recouvre toute la péninsule du même nom. Il s'étend à l'est de la ville de Tromsø.
Cet article a été réalisé avec le soutien d'Expedia, qui a offert ce voyage.
TROMSØ, NORVÈGE - Il fait nuit noire. Depuis plusieurs heures déjà. Le soleil ne s’élève pas dans le ciel à cette période de l’année. Un ensoleillement partiel baigne le paysage enneigé d’une lumière douce, aux teintes roses et bleues, pendant deux à trois heures. Puis revient la nuit, qui enveloppe cette nature hostile de son grand manteau.
Nous sommes partis de Tromsø vers 21h et roulons à présent vers Aurora Alps. « Rien ne garantit de voir des aurores boréales ce soir. Si j’avais un bouton pour les faire apparaître, je serais sans doute l’homme le plus riche du monde », plaisante Alex, notre guide pour Norwegian Travel.
Les aurores sont le résultat de la collision entre le vent solaire, qui est un flux de gaz chaud et magnétisé connu sous le nom de « plasma », et la magnétosphère. Cette zone abrite le champ magnétique qui nous protège des projections ou objets cosmiques susceptibles de s’écraser sur Terre.
Toute l’année, des vents solaires, flux de plasma constitués essentiellement d'ions et d'électrons qui sont éjectés de la haute atmosphère du Soleil, viennent bousculer la magnétosphère. Ce phénomène excite les atomes encore présents dans l’atmosphère, plus précisément les atomes d’azote ou d’oxygène. « [À 65° ou 75° de latitude], l’atmosphère est très peu dense, mais il y a quand même toujours des molécules d’azote et d’oxygène qui vont être excitées par ces particules déviées par la magnétosphère » explique Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS.
Au moment où elles entrent dans l’atmosphère, ces particules attirées par les pôles qui agissent comme de grands aimants, font jaillir de la lumière. « C’est pourquoi les aurores se situent toujours autour de pôles, dans ce que l’on appelle le cercle auroral. Cela correspond au cercle polaire arctique ou antarctique » ajoute Jean-Baptiste Renard.
En fonction de l’altitude de l’aurore dans l’ionosphère, qui s'étend depuis environ 80 km d'altitude jusqu'au-delà de 1000 km, les couleurs seront créées par les réactions chimiques entre les particules et éléments en présence. « De 80 kilomètres à 100 kilomètres, la réaction entre le flux de particules et le nitrogène donne du violet » explique Carlo Alberto Cacopardo, guide d'expédition qui étudie les aurores boréales dans le nord de la Norvège. « De 100 à 250 kilomètres d’altitude, le vert si caractéristique des aurores boréales est le produit de la réaction entre le vent solaire, le nitrogène et l’oxygène. Plus rare, au-delà de 250 kilomètres d’altitude, on aperçoit du rouge, réaction entre le flux solaire et l’oxygène seul. »
Leur forme peut également varier. Guidées par le champ magnétique de la Terre, elles peuvent former des arcs, forme la plus commune annonciatrice d’une activité de plus en plus importante, des rayons s’étirant vers le haut, des voiles éthérés couvrant une partie du ciel, et dans leur forme la plus rare des tourbillons aux couleurs multiples.
Mais « il est possible, si les aurores sont de faible intensité, qu’elles soient invisibles à l’œil nu » nous prévient Alex. « Et ce même si nous nous rendons sur un site préservé de toute pollution lumineuse par temps clair. »
LES MEILLEURS SITES POUR PHOTOGRAPHIER DES AURORES BORÉALES
Dans le cercle auroral, vos chances de photographier des aurores polaires seront grandes. Pour les aurores boréales, les sites prisés par les chasseurs d’aurores se trouvent en Islande, dans la région au-dessus des volcans, dans le nord de la Norvège, l’est du Groenland, en terre Same en Finlande, dans le nord de la Russie et le nord-ouest du Canada.
Situé dans une zone solaire active au centre de l’ovale auroral, Tromsø se trouve à 69° de latitude, ce qui en fait une destination de choix pour les chasseurs d’aurores amateurs et professionnels. Cette ville de l’extrême nord de la Norvège figure parmi les lieux les plus recherchés pour des séjours dans le cercle polaire, ce qui souligne l’intérêt croissant pour les aurores polaires : un Français sur deux (49 %) aimerait admirer des aurores boréales au moins une fois dans sa vie. À Tromsø, la probabilité d’apercevoir des aurores boréales est parmi les plus élevées au monde. De septembre à mi-avril, vous aurez de fortes chances d’observer des aurores boréales durant votre séjour, avec un pic de janvier à mars.
Les experts prédisent que cette année, il sera possible d’observer des aurores boréales depuis des régions où elles n’apparaissent pas en temps normal, comme le sud de l’Espagne, car notre étoile devrait atteindre son « maximum solaire », un pic d’activité qui se produit tous les onze ans environ. Les plateformes de prévisions, comme le Space Weather Prediction Center de la NOAA ou les applications My Aurora Forecast et Northern Light Aurora Forecast, pourront vous aider à prévoir le moment le plus propice pour observer des aurores boréales, et suivre l’extension de l’ovale auroral vers le Sud. Toutefois, seules les couleurs visibles au-delà de 250 kilomètres d’altitude, c’est-à-dire un dégradé de rouge, éclaireront le ciel dans le sud de l’Europe, en raison de l’angle depuis lequel les aurores boréales pourront y être observées.
L’indice Kp (Kp index ou Planetary K-index) est souvent utilisé pour déterminer la probabilité de voir les aurores polaires. Cet indice mesure les perturbations du champ magnétique terrestre. Reporté notamment sur le site de l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), il permet de connaître l’activité du champ magnétique avec un délai de trois heures, et ainsi estimer la probabilité de voir apparaître des aurores boréales en haute et basse altitude.
« Comme il n'est vérifié que toutes les trois heures, l'indice Kp peut manquer des changements soudains dans l'activité des aurores, en particulier pendant les périodes où l'activité solaire est faible » nuance Carlo Alberto Cacopardo. « En outre, les données utilisées pour déterminer l'indice Kp sont recueillies par différentes stations de surveillance situées à des endroits divers, ce qui peut rendre les prévisions incohérentes. »
Nous arrivons enfin au camp Aurora Alps. Le ciel est dégagé, le nombre d’étoiles infini. Mon application météo indique -27°C, ressenti -40°C. Avant d’enfiler mes deux paires de gants, il est temps de paramétrer mon appareil photo.
CONSEILS PHOTOGRAPHIQUES
Même s’il est possible de photographier des aurores boréales avec votre smartphone sur le mode nuit, les derniers modèles étant de plus en plus sensibles aux lumières basses, l’idéal est de vous munir d’un appareil photo qui peut être réglé en mode manuel. Certains smartphones disposent de réglages manuels ; si c’est le cas, réglez la vitesse d’obturation entre 2 et 30 secondes. Pour votre appareil photo, la vitesse d’obturation pourra varier entre 5 à 10 secondes si l’aurore est très lumineuse et active, et 20 à 25 secondes si l’aurore se déplace lentement.
Choisissez un objectif grand angle (entre 10 et 18mm), avec une ouverture entre F2.8 et F4. « Il faut ensuite jouer avec la sensibilité ISO » conseille Tor-Ivar Næss, photographe spécialisé dans la photographie d’aurores boréales qui nous accompagne ce soir-là. Ce qu’on appelle la sensibilité ISO est la quantité de lumière que votre appareil photo capture. « Une sensibilité élevée, entre 1600 et 6400, permet de capter plus de lumière » précise Tor-Ivar Næss.
Que vous optiez pour un appareil photo ou votre smartphone, pensez à emporter un trépied, indispensable pour que vos photographies soient nettes avec les réglages manuels. Enfin, pensez à prendre votre chargeur, voire une seconde batterie chargée au maximum pour votre appareil photo, car le froid décharge rapidement les batteries.
L’appareil installé sur le trépied, j’avance tant bien que mal dans la neige pour trouver un cadre qui me plaît, en attendant les aurores. « Essayez de raconter une histoire. C’est le plus important. Focalisez-vous sur un élément au premier plan, qui créera du contraste ou reflétera les aurores boréales » nous explique Tor-Ivar Næss. « Photographier l’émotion d’une personne qui voit une aurore pour la première fois est par exemple une belle histoire à raconter ».
J’ajuste le focus en prenant pour repère Vénus, qui brille dans le ciel nocturne. Le temps du réglage, qui nécessite que je retire un de mes gants, je sens mes doigts saisis par le froid. J’ai à peine le temps de les réchauffer, que tout le monde s’émerveille. Nous n’avons pas eu à attendre longtemps avant que le ciel s’éclaire.
Comme l’avait prédit Alex, ces premières aurores sont presque imperceptibles à l’œil nu. Mais leurs couleurs sont révélées par nos appareils photo. Du vert surtout, qui semble envahir le cadre. Les montagnes immaculées donnent des repères visuels, dentellent le ciel sombre. Nous sommes seuls dans cette nature immense, conscients de notre chance d’observer un tel spectacle.
J’appuie sur le déclencheur encore une fois. Une personne entre dans le cadre par la gauche, créant un effet de mouvement qui contraste avec le paysage immuable, la lumière de la Lune et cette aurore qui s’étend vers la droite. La photographie n’est pas spectaculaire, mais elle me plaît. Elle capture l’essence de ce spectacle que je rêvais d’observer.
Une aurore boréale illumine le ciel nocturne de janvier, dans la région de Tromsø, dans le nord de la Norvège.
POUR ALLER PLUS LOIN - Expedia® vient de publier son guide de voyage complet sur les aurores boréales, le Northern Lights Insider Guide. Informations de voyage, astuces pour faire des économies, conseils de photographie et itinéraires idéaux vous aideront à planifier un voyage unique : tout est réuni pour partir à la découverte des aurores boréales.
COMMENT S’Y RENDRE - Pour avril 2024, Tromsø propose l’option de voyage la plus économique avec des tarifs hôteliers quotidiens s’établissant en moyenne à 136 €, soit 73 € de moins par nuitée qu’en janvier. Pour l’automne/hiver 2024, septembre s’impose comme le mois le plus abordable pour un séjour à Tromsø, avec un tarif moyen de 132 € par nuitée enregistré au cours des deux dernières années.