Maroc : l’objectif ''Zéro plastique'' n’est pas encore atteint
L’heure est au bilan pour le Maroc. Deux ans après la mise en application de la loi 77-15 le 1er Juillet 2016 promulguant la fin des sacs plastiques dans le royaume, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous.
Le Maroc s'est engagé voilà deux ans à lutter contre la propagation des sacs plastiques, dénoncés partout dans le monde pour leurs effets néfastes sur l’environnement. Le royaume, auparavant deuxième plus grand consommateur de sacs plastiques au monde après les États-Unis avec une moyenne d’utilisation de 900 sacs par personne et par an, avait il y a deux ans pris une décision historique en interdisant la commercialisation et l’utilisation de sacs plastiques dans le pays. Cet exemple inspirant a malheureusement montré ses limites : les mikas, comme les Marocains les nomment, n’ont toujours pas disparu.
Malgré la nette diminution de l’utilisation des sacs plastiques rapportée dans un communiqué émanant du Ministre de l’Industrie marocain, leur emploi ne faiblit pas dans les souks et les commerces ambulants. Alimenté par la contrebande, au total 846,9 tonnes de sacs ont été saisis par les autorités marocaines en deux ans dont 90 tonnes aux abords des frontières. Ces sacs provenant des marchés parallèles sont beaucoup plus dangereux pour la santé que leurs équivalents à l'intérieur du pays. Les contrôles de polyéthylène, matière première des sacs plastiques, se densifiant, les clandestins utilisent donc du « plastique récupéré dans les décharges, ainsi que des matières premières hautement toxiques » pour les remplacer, comme l’explique le ministère de l'Industrie marocain.
Parallèlement à cela, une enquête menée le 27 juin 2018 par l’association environnementale Zero Zbel et soutenue par l’ONU Environnement a démontré que 65 % des clients déclarent utiliser encore 5 à 15 sacs plastiques lorsqu’ils font leurs courses. Un chiffre élevé et, ce malgré les 682 467 opérations de contrôles effectuées. Un choix assumé par plus de la moitié des commerçants interrogés qui déclarent que plus de 80 % de leurs clients exigent des sacs plastiques. Tiraillés entre les sanctions gouvernementales et la demande des clients, la plupart d’entre eux préfèrent prendre le risque d'en mettre à disposition.
Les alternatives ont, quant à elles, peine à percer. Les principales options sont les sacs réutilisables en polypropylène et en tissu. Si pour le Ministère de l’Industrie marocain la demande de ces produits éco-responsables est importante, passant pour les sacs en polypropylène de 1,8 à 3,2 milliards d’unités et les sacs tissés de 1 à 1,2 milliards.
Pour les habitants, c’est l’incompréhension qui domine comme le précise un propos rapporté par l’enquête indépendante de Zero Zbel : « Ils n’ont pas interdit les sacs en plastique, ils les ont simplement embellis ». La solution contre les sacs plastiques réside-t-elle par leur remplacement avec d’autres sacs en plastique biodégradable ?