Arctique : présence record de microplastiques dans la banquise

Une étude scientifique révèle que la glace de mer du pôle Nord contient une forte concentration de plastique.

De Julie Lacaze
Glace de mer sur l'océan Arctique, au large du Nunavut, au Canada. © S. Hendricks
Glace de mer sur l'océan Arctique, au large du Nunavut, au Canada. © S. Hendricks
PHOTOGRAPHIE DE S. Hendricks

La pollution par le plastique n’épargne aucune région. Pas même les zones polaires. Des chercheurs allemands ont quantifié la densité de microplastiques (les fragments inférieurs à 5 mm) dans la glace de mer arctique. Le résultat de leur travail, l’un des premiers à étudier le phénomène au pôle Nord, a été publié dans la revue Nature Communication en avril 2018. Il montre que la banquise est devenue un véritable réservoir de microplastiques.

Les chercheurs de l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine ont effectué cinq carottages dans les glaces, lors de trois expéditions en Arctique menées en 2014 et 2015 à bord du Polarstern, un brise-glace allemand. Leur but : mieux comprendre la façon dont la banquise est affectée par la pollution.

Pour analyser le contenu des carottages, ils ont utilisé un spectromètre infrarouge. L'appareil a identifié dix-sept formes de polymères de plastique, notamment du nylon, du polyéthylène, du polyamide, de l'acétate de cellulose, de l'éthylène-acétate de vinyle, du polyester et du polypropylène. Ces substances synthétiques entrent dans la composition de produits de consommation courante comme les emballages et bouteilles en plastique, les peintures, les vernis, les filtres à cigarettes, etc.

Un échantillon de glace prélevée par une équipe allemande de l'Institut Wegener en Arctique afin d'étudier la quantité de plastique qu’il contient.
PHOTOGRAPHIE DE T. Vankann

L’un des échantillons contenait 12 000 microparticules de plastique par litre d’eau gelée. Une concentration des centaines de fois supérieure à celles mesurées dans l’eau de mer. Selon les chercheurs, le plastique est transporté par la dérive transpolaire, l'un des courants principaux de l’Arctique, et il provient essentiellement de deux zones : la côte sibérienne et le grand vortex de déchets du Pacifique Nord.

Les conséquences d'une telle pollution sur la santé humaine restent largement méconnues. Mais les biologistes constatent déjà ses effets dévastateurs sur la faune marine, qui prend ces petites particules pour du zooplancton. De plus, le plastique a tendance à fixer les polluants présents dans un milieu.

Selon les auteurs de l’étude, le plastique représente aujourd’hui 73 % des déchets d’origine humaine de l’océan. Ce chiffre risque encore d’augmenter avec le réchauffement climatique, provoquant la fonte de la glace de mer riche en microplastiques. La banquise pourrait perdre dix fois sa superficie actuelle d’ici aux années 2050.

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