La Côte d’Ivoire renforce sa politique de lutte contre le SIDA
Face à l’épidémie de SIDA qui frappe l’Afrique subsaharienne, la Côte d’Ivoire a mis en place des mesures pour favoriser le dépistage.
La Côte d’Ivoire et l’Afrique subsaharienne connaissent depuis des décennies une épidémie de VIH difficile à enrayer. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place l’objectif 90-90-90 afin de maximiser les chances de faire disparaître l’épidémie. L’OMS souhaite ainsi qu’à l’horizon 2020, 90 % des personnes concernées connaissent leur niveau d’infection, que 90 % des personnes infectées aient un traitement antiviral durable et que 90 % de ces personnes voient leur charge virale supprimée durablement.
En 2009, la Côte d’Ivoire a instauré des mesures recommandées par l’OMS afin de créer une stratégie de dépistage sur le long terme. La mesure principale était de proposer le test systématiquement lors d’une visite médicale, y compris quand la consultation n'avait pas de rapport direct avec l'épidémie. L’agence française de recherches sur le VIH et les hépatites virales (ANRS) a donc mené une étude afin d’évaluer l’efficacité de ces mesures et définir les axes de progrès. Pour mener cette étude, plusieurs experts de disciplines différentes sont intervenus et six enquêtes ont été menées en parallèle.
L’étude ANRS DOD-CI fait apparaître qu’en Côte d’Ivoire, une personne sur deux n’a jamais fait de test de dépistage et qu’environ une personne atteinte sur trois aurait pu être dépistée lors d’une consultation. L’étude fait effectivement état de plusieurs dysfonctionnements qui font obstacles à l’éradication de l’épidémie. Le principal dysfonctionnement reste la difficulté des soignants à proposer le dépistage aux patients en consultation. Les soignants évoquent plusieurs réticences :
- La peur que les patients refusent ou que cela crée une méfiance vis-à-vis de leur médecin, voire qu’ils quittent la consultation.
- La surcharge de travail que cela représente, puisque tous ces dossiers de dépistage sont traités indépendamment, qu’ils estiment ne pas être reconnue ou valorisée.
- Le dépistage n’est pas considéré comme une priorité médicale.
Résultat, seulement un patient sur cinq se voit proposer un dépistage lorsqu’il se rend en consultation, alors que la pratique devrait être systématique, et un quart de la population consultant pour une infection sexuellement transmissible effectue un dépistage pour le VIH.
Le problème tient également au grand nombre de démarches non-abouties. Sur les 3 882 Ivoiriens et Ivoiriennes interrogés, 15 % avaient déjà entamé la procédure sans la mener à son terme. Les causes les plus évoquées sont la peur du résultat et des obstacles organisationnels, la procédure étant jugée très longue, tout comme les files d’attente.
La sensibilisation des populations et des personnels soignants reste la condition sine qua non au succès de la stratégie de dépistage du pays, ainsi qu’une évolution des mentalités, même pour les autorités, pour qui le dépistage reste un acte considéré comme exceptionnel et non-naturel.
La Côte d’Ivoire est située en Afrique subsaharienne où plus de 26 millions de personnes sont touchées par le SIDA. Si en Afrique de l’Ouest le nombre de personnes infectées a baissé de 8 % en 5 ans, l’effort reste à fournir pour que la baisse soit significative aux yeux des autorités sanitaires.
Lundi 4 décembre à Abidjan, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a annoncé que son pays mobilisera près de 21 milliards de francs CFA dans la lutte contre la pandémie du VIH/Sida. Objectif : infléchir le taux d'infection de 2,7% à 1%.
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