Le paludisme pourrait être éradiqué en Asie du Sud-Est d'ici 2030

L’une des souches de malaria les plus meurtrières, Plasmodium falciparum, prolifère dans la région du Grand Mékong. Face à ce parasite, les autorités des différents pays bordant le Mékong mettent en place une politique d’éradication de la maladie.

De Guillaume Marchand
Publication 8 août 2018, 14:48 CEST
Il ne faut pas s’y méprendre, les moustiques ne sont pas responsables du paludisme. Il s’agit ...
Il ne faut pas s’y méprendre, les moustiques ne sont pas responsables du paludisme. Il s’agit de minuscules parasites se logeant dans leurs glandes salivaires appelé Plasmodium.
PHOTOGRAPHIE DE smuay, getty Images

La malaria, ou paludisme, pourrait disparaître de l’Asie du Sud-Est à l’horizon 2030. Cette projection semblerait atteignable selon l’OMS dont la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 a été adoptée en Mai 2015. Ce document ambitionne de réduire de 90 % le nombre de cas de paludisme dans le monde par rapport aux niveaux de référence de 2015 soit de 211 millions de malades. Un chiffre en importante baisse au cours des 15 dernières années.

En Asie du Sud-Est où sont recensés 10 % des cas de paludisme en 2015, 16 des 22 pays endémiques de la maladie ont réduit le nombre de cas à 75 %. Cette baisse non-négligeable provient de nombreux facteurs comme l’émergence de nouveaux financements tel que les Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme créé en 2002 mais également l’apparition de nouveaux outils et technologies améliorant la prévention, le diagnostic et le traitement de cette pathologie.

 

LE PALUDISME : DU MOUSTIQUE À L'HOMME

Le paludisme est l’une des maladies les plus répandues au monde. Principalement présent dans les régions tropicales, le palu était auparavant présent dans les zones à climat tempéré. Résistant, il a parcouru les époques, infectant par exemple Toutânkhamon et Dante Alighieri. Cette pathologie est transmise par les moustiques femelles du genre Anopheles. Seules les moustiques femelles piquent afin de nourrir leurs œufs, le reste du temps elles se nourrissent comme les mâles de sève et de nectar. Cependant il ne faut pas s’y méprendre, les moustiques ne sont pas responsables du paludisme. Il s’agit de minuscules parasites se logeant dans leurs glandes salivaires appelés Plasmodium. Ces organismes unicellulaires, une fois dans le corps humain, se multiplient dans le foie puis, quelques jours après, les milliers de nouveaux parasites migrent dans les globules rouges où ils recommencent un cycle de multiplication. Ce cycle nommé « intra-érythrocytaire » entraîne l’éclatement des cellules sanguines et est à l’origine des symptômes de la malaria.

Il n’existe pas de traitement puissant contre le paludisme, seul un système de santé durable peut en venir à bout. Néanmoins certaines molécules comme la chloroquine et la quinine sont efficaces contre la maladie. Celle-ci étant d’origine parasitaire, elle développe des résistances relativement rapidement. Plus le diagnostic et les soins sont précoces, plus l’intensité de la maladie et donc les chances de décès sont réduites. Des vaccins contre le paludisme sont actuellement à l’étude dans plusieurs laboratoires.

 

LE MÉKONG, RÉGION À RISQUE

La sous-région du Grand Mékong composé du Cambodge, du Laos, du Myanmar, de la Thaïlande et du Vietnam est une zone où prospère une forêt humide luxuriante, un endroit idéal pour les moustiques. Certains habitants, attirés pour l’abondance des ressources qu’elle recèle, sont les premières victimes du paludisme. Dans cette région, la malaria est d’autant plus dangereuse qu’elle abrite le parasite Plasmodium falciparum, le plus redoutable car potentiellement déclencheur de complications graves touchant le cerveau. Les promenades dans les forêts des habitants sont alors une aubaine pour ces parasites. Ces locaux malades sont en effet des hôtes de choix leur permettant de se multiplier. Et ces derniers vivent généralement dans des villages reculés où ils n’ont accès à aucun traitement.

Un autre problème, lui plus grave, apparaît dans la région : la résistance aux traitements. Le remède de référence contre P. falciparum, l’artémisinine médicamenteuse devient de moins en moins efficace puisque certains parasites ont évolué vers des mutations capables de résister au traitement. Cette résistance proviendrait de soins pas assez efficaces qui éliminent uniquement de manière incomplète les lignées parasitaires. Non-détruites, elles peuvent infecter d’autres personnes et par la même occasion se renforcer. Ainsi l’une des façons de contrer la pharmaco-résistance serait d’endiguer la maladie dans la sous-région du Grand Mékong.

 

UNE CONTRE-ATTAQUE INTERNATIONALE

Encouragées par diverses ONG, organisations internationales et gouvernementales, des actions sont menées dans le but de prévenir au mieux la malaria aux abords du Mékong. L’une des mesures phares reste l’inauguration de la plateforme Vector Control Platform for Asia Pacific (VCAP) regroupant toutes les innovations de moyens de lutte contre la maladie créée le 18 Juillet 2018 par l’association d’Unitaid, organisation de centralisation d’achats de traitements médicamenteux, et d’APLMA (Asia Pacific Leaders Malaria Alliance).

La lutte contre le paludisme a besoin de moyens humains et financiers. Outre les 41 millions de dollars que les gouvernements des nations du Grand Mékong se sont engagés à verser, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a décidé de soutenir à hauteur de 243 millions de dollars cet effort consenti. Des donateurs privés s’ajouteront également à la lutte comme la Fondation Bill et Melinda Gates et la Banque asiatique de développement. En tout plus de 20 millions de dollars viendront compléter la tirelire allouée au paludisme. Ce capital aidera notamment à recruter des agents de santé et des volontaires pouvant disposer de médicaments et prévenir toute recrudescence du parasite.

De nouveaux challenges scientifiques sont à prévoir afin d’optimiser les diagnostics auprès des locaux. Actuellement le test de diagnostic rapide utilisé consiste à déposer une goutte de sang sur une bandelette détectant des protéines de P. falciparum. Celui-ci montre des failles quant à la détection des parasites dans le sang : seul un quart des tests semble les déceler.

Des technologies plus efficaces sont développées mais il semble difficile de les utiliser sur l’ensemble du territoire du Grand Mékong. Mais d'ici 2030, le nombre de cas de paludisme devrait drastiquement chuter dans la région.

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