Pourquoi certaines personnes sont plus susceptibles de contracter le coronavirus
Pour certaines professions et communautés, les mesures de santé publique sont difficiles, voire impossibles à suivre.
Chaque jour étant désormais synonyme d'annonce de toujours plus de cas avérés de coronavirus, les appels à la prudence et recommandations des services de santé publique se multiplient pour garder le taux de transmission le plus bas possible.
Les Hommes sont à la fois des réservoirs où le virus se développe et fait de nombreux dégâts, et les principaux propagateurs de la maladie. Une fois que les porteurs humains contaminent des objets - connus sous le nom de fomites ou vecteurs passifs de transmission - il faut à la fois penser à régulièrement nettoyer les surfaces usitées et se laver régulièrement les mains pour limiter la propagation du coronavirus.
Mais même avec ce type de précautions, les plus vulnérables d'entre nous - les personnes âgées ou celles présentant des maladies chroniques et notamment respiratoires - doivent redoubler de prudence. La littérature scientifique sur les précédentes flambées de coronavirus et d'autres épidémies indique qu'il est particulièrement compliqué de prévenir la transmission parmi certains corps de métiers et chez les personnes sans-abris ou les populations les plus pauvres.
Les leçons tirées des premiers épicentres de la pandémie sont autant de précieuses indications sur l'évolution probable de celle-ci dans le reste du monde.
RISQUE INÉGAL
Des millions de personnes à travers le monde ont un métier qui les exposent particulièrement au COVID-19.
Tout d'abord, et sans surprise, les personnels soignants présentent les plus hauts risques d'infections respiratoires. En Chine, où la pandémie a commencé, plus de 3 000 professionnels de santé avaient été infectés par le virus avant fin février.
Mais d'autres corps de métiers sont aussi très exposés au virus : les policiers, les pompiers, les infirmiers et aide-soignants libéraux, les aides à domicile, mais aussi une grande partie des ouvriers, les responsables du traitement des eaux, du bon fonctionnement du système électrique, etc...
L'ethnicité compte aussi dans certaines régions du monde. Par exemple aux Etats-Unis, dans le cadre d'une étude menée pendant la pandémie H1N1 les personnes hispanophones interrogées étaient beaucoup plus susceptibles que les que les Caucasiens et les Noirs-Américains de répondre qu'ils ne pouvaient travailler que s'ils étaient sur leur lieu de travail. Les Noirs-Américains et les Hispaniques étaient également plus susceptibles de répondre qu'ils auraient du mal à ne pas prendre les transports en commun.
Pour Sandra Quinn, professeur de l'Université du Maryland qui a mené l'étude en question, les risques les plus élevés concernent les travailleurs pauvres, qui vivent dans une certaine promiscuité, sont très dépendants des transports en commun et peuvent difficilement arrêter de travailler.
« La chose la plus importante que les gens oublient souvent dans une situation comme celle-ci est qu'une maladie infectieuse en soi n'est pas une catastrophe. Tout dépend du contexte dans lequel elle a lieu ». Aux États-Unis, le coronavirus se propage dans un pays où les minorités et les petites villes connaissent déjà d'importantes disparités en matière de santé.
Les personnes sans-abris sont particulièrement touchées par le coronavirus, beaucoup d'entre elles souffrant déjà de maladies chroniques.
« Rester en bonne santé est très compliqué si vous êtes sans-abri, sans même parler d'épidémie, » explique Margot Kushel, professeur de médecine et directrice du Center for Vulnerable Populations (Centre pour les personnes vulnérables en anglais, ndlr) de l'Université de Californie, San Francisco.
Pendant l'épidémie de SRAS au Canada, les foyers pour sans-abris ont eu du mal à trouver des produits de nettoyage pour appliquer les directives d'hygiène alors recommandées. Le dépistage du SRAS était délicat, car de nombreux sans-abri présentaient déjà un ou plusieurs des symptômes clés. De nombreux prestataires de services ne savaient pas non plus comment et où les sans-abri malades pouvaient être mis en quarantaine.
Les infections « sont une sorte de test décisif pour l'inégalité », explique Jon Zelner, professeur adjoint d'épidémiologie à l'Université du Michigan.
DISTANCIATION SOCIALE
Les recommandations officielles pour protéger les personnes vulnérables seront familières à tous ceux qui ont suivi l'actualité : lavez-vous fréquemment les mains avec de l'eau et du savon, couvrez-vous la bouche lorsque vous toussez ou éternuez et restez à la maison autant que faire se peut.
De nombreux lieux de travail et centres-villes prennent également des mesures de « distanciation sociale », séparant temporairement les gens afin de ralentir la propagation du virus. Les écoles, collèges, lycées et universités ont fermé jusqu'à nouvel ordre et de nombreuses entreprises à travers la France ont demandé à tous les employés qui peuvent le faire de travailler à domicile pendant les prochaines semaines.
Cependant, pour les habitants les plus pauvres et les plus vulnérables de nos villes, se tenir à l'écart des autres n'est pas toujours une option. Et comme de plus en plus de personnes contractent le virus, ils risquent d'être de plus en plus exposés.
« La dernière ligne de défense sera souvent constituée de personnes soumises à des contraintes économiques assez sévères », explique Zelner. « Les gens vont rester à la maison, mais ils doivent quand même aller faire leurs courses. Qui travaille dans les supermarchés et magasins d'alimentation ? Vous allez commander quelque chose en ligne, vous n'avez donc pas besoin de sortir. Mais qui va vous livrer ? »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.