Santé : les bienfaits d'une activité physique brève et intensive
D'après une étude récente, le simple fait d'accentuer l'intensité de vos activités quotidiennes permettrait de réduire le risque de cancer et de maladie cardiovasculaire.
Une activité quotidienne brève et intensive apporterait tout de même des bénéfices pour la santé par rapport à un mode de vie sédentaire ou moins actif.
La sédentarité est néfaste pour la santé, mais il est parfois difficile de s'extraire d'une période d'inactivité prolongée. Il semblerait toutefois qu'il existe une solution pour faciliter la reprise de bonnes habitudes. D'après une étude récente, une activité quotidienne brève et intensive suffirait à procurer des bienfaits non négligeables pour la santé.
« Cela paraît évident, mais ce n'est pas une idée très répandue, » déclare Emmanuel Stamatakis, directeur de l'étude et scientifique de l'exercice à l'université de Sydney. « Pour beaucoup et pour une grande partie des professionnels de la santé, l'activité physique se pratique sur son temps libre, dans un endroit dédié. »
Son équipe a découvert que la pratique quotidienne d'une activité physique par sursaut intensif de trois séries d'une minute pouvait diminuer le risque de décès de 40 %. De la même façon, ces séances brèves et intensives réduisent le risque de décès des suites d'un cancer ou d'une maladie cardiovasculaire.
Afin d'optimiser les bienfaits pour la santé, Stamatakis recommande d'accentuer l'intensité des activités quotidiennes. Il reconnaît toutefois que l'activité physique régulière, à raison de quatre ou cinq séances par semaine, procure évidemment de meilleurs résultats. « Cela ne fait aucun doute. »
SANTÉ ET INACTIVITÉ
Aux États-Unis, environ 25 % des adultes sont inactifs et 60 % ne sont pas régulièrement actifs, selon les données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Le manque d'activité physique augmente le risque pour une personne de développer un diabète de type 2 ou une maladie cardiovasculaire, de souffrir d'anxiété ou de dépression et même de connaître une mort précoce.
Le Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis recommande au moins 150 à 300 minutes par semaine d'activité modérément intensive, comme la marche rapide ou le ratissage des feuilles, ou 75 à 150 minutes d'activité plus intensive, comme la course à pied ou le déblayage de la neige, pour entretenir sa santé. Cependant, ce genre d'information est souvent tiré d'études basées sur des questionnaires qui ont tendance à cibler les personnes pratiquant une activité physique de longue durée ou des séances dépassant généralement les 10 minutes, indique Stamatakis.
Ces dernières années, on constate une reconnaissance et une mise en avant de l'idée selon laquelle toute activité compte, poursuit-il. Bien entendu, les résultats dépendent de l'intensité.
Quelques petites études se sont intéressées à l'impact de l'activité physique brève et intensive sur la santé. À l'université du Texas, le physiologiste de l'exercice Edward Coyle a étudié les bienfaits de sursauts d'activité physique rigoureuse de quatre secondes contre les effets néfastes de la position assise prolongée. Il a mené une petite étude dans laquelle de jeunes adultes devaient pédaler sur un vélo d'appartement aussi vite que possible pendant quatre secondes, à raison de cinq fois par heure sur une période d'étude de huit heures. L'équipe de chercheurs a constaté que ces sursauts d'activité amélioraient le métabolisme des graisses. « J'ai été surpris de l'efficacité de ces sprints de quatre secondes, » témoigne-t-il. « Ils sont aussi efficaces que des séances continues de 30 minutes d'exercice, » assure le physiologiste.
De leur côté, Stamatakis et ses collègues souhaitaient déterminer si une activité quotidienne pratiquée en courtes séances était également bénéfique pour la santé, par rapport à un mode de vie sédentaire ou moins actif.
SCIENCE ET BRACELETS CONNECTÉS
Pour étudier cela, son équipe a utilisé les données de bracelets connectés portés par 25 000 adultes identifiés comme étant inactifs. Sur une période de sept jours, ils ont utilisé des outils d'apprentissage automatique pour déterminer si le porteur était sédentaire, debout, s'il marchait ou s'il pratiquait une activité physique à haute intensité comme la course pendant des fenêtres consécutives de dix secondes. Les chercheurs ont également classé chaque mouvement selon trois catégories d'intensité : légère, modérée ou élevée. Puis, au cours des sept années qui ont suivi, ils ont tenu un registre des décès au sein de l'échantillon et des causes de mortalité.
D'après les résultats de l'étude, chez les personnes pratiquant au moins quatre séances quotidiennes d'une à deux minutes d'activité physique à intensité élevée, le risque de mourir d'un cancer diminuait de 40 % et ce chiffre atteignait 49 % pour les maladies cardiovasculaires. Plus les séances d'activité vigoureuse étaient nombreuses, plus la protection contre le risque de mortalité était importante, résume Stamatakis. « Plus il y en a, mieux c'est. »
Ces résultats ont surpris Coyle, qui n'a pas pris part à l'étude. Il était perplexe face aux bienfaits accumulés par les personnes pratiquant une activité physique très limitée, une activité qui ne relève même pas de l'exercice à proprement parler.
L'étude menée par Stamatakis était observationnelle, elle s'est intéressée aux liens entre activité physique et risques de mortalité, sans toutefois identifier les raisons de la protection offerte par ces sursauts d'activité. Pour Hassane Zouhal, professeur des universités à l'université de Rennes 2 non impliqué dans l'étude, ce type de mouvements pourrait également accélérer le rythme cardiaque et ainsi procurer certains bienfaits pour la santé, mais il insiste sur l'importance de l'intensité et de la durée.
À ce stade, le point à retenir est de bouger plus en réduisant le temps passé assis, indique Matthew Ahmadi, chargé de recherche à l'université de Sydney et coauteur de l'étude. « Durant ces activités, si vous réussissez à augmenter le rythme pendant une courte période, alors vous pourrez optimiser les bienfaits pour votre santé. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.