COVID-19 : après le vaccin, à quand un retour à la vie normale ?

Avec l’augmentation du nombre de personnes vaccinées, certaines activités deviendront moins risquées, mais les spécialistes recommandent le maintien des gestes barrières pendant encore plusieurs mois.

De Shaena Montanari
Publication 12 févr. 2021, 11:06 CET
L’augmentation du nombre de personnes vaccinées s’accompagne d’une question importante : comment revivre en société en toute sécurité ?

L’augmentation du nombre de personnes vaccinées s’accompagne d’une question importante : comment revivre en société en toute sécurité ?

PHOTOGRAPHIE DE Michael Ciaglo

Près d’un an après le début de la pandémie qui a fait plus de 2,3 millions de morts à travers le monde, l’espoir est arrivé sous la forme de plusieurs vaccins mis au point en un temps record et aux impressionnants résultats dans la prévention de la COVID-19.

« Tous ces vaccins offrent une importante protection contre les formes graves de la maladie, l’hospitalisation et le décès », déclare William Moss, directeur exécutif du International Vaccine Access Center de l’École de santé publique Johns Hopkins Bloomberg. Selon lui, cela constitue la plus grande réussite des vaccins contre la COVID-19 et contribuera à juguler cette violente pandémie.

Avec l’augmentation du nombre de personnes vaccinées, nous sommes beaucoup à nous demander quelles activités ne seront désormais plus risquées grâce au vaccin. Des spécialistes nous expliquent quels seront les risques relatifs à certaines activités de la vie courante une fois que nous serons vaccinés.

 

APRÈS LA VACCINATION, AU BOUT DE COMBIEN DE TEMPS L’IMMUNITÉ TOTALE EST-ELLE ATTEINTE ?

Les vaccins à ARN de Moderna et Pfizer-BioNTech, actuellement homologués aux États-Unis, nécessitent deux doses administrées à trois ou quatre semaines d’intervalle. Une à deux semaines après la seconde injection sont nécessaires pour bénéficier du niveau de protection maximal contre la COVID-19. Lors des essais cliniques, ces vaccins se sont révélés efficaces à 95 % pour prévenir la maladie.

À l’heure actuelle, les scientifiques ignorent pendant combien de temps une personne ayant reçu les deux doses sera immunisée et seul le temps nous le dira. Comme pour la grippe, le vaccin contre la COVID-19 pourrait être administré chaque année. Ses bénéfices pourraient durer plus ou moins longtemps.

 

LES PERSONNES VACCINÉES PEUVENT-ELLES ÊTRE ASYMPTOMATIQUES ET TRANSMETTRE LE VIRUS À CELLES QUI NE SONT PAS VACCINÉES ?

Cette question, extrêmement importante, n’a pas encore fait l’objet d’études approfondies. Les données actuellement disponibles indiquent que la vaccination réduit significativement l’infectiosité chez les personnes asymptomatiques. Lors de la phase 3 des essais cliniques de Moderna, un test de diagnostic réalisé avant l’administration de la seconde dose du vaccin a révélé que 89,6 % des cas asymptomatiques et symptomatiques étaient évités par la première dose.

Les résultats préliminaires de la phase 3 des essais cliniques du vaccin Oxford-AstraZeneca ont montré une réduction de 67 % des prélèvements par écouvillon positifs après une vaccination.

Selon John Swartzberg, professeur clinicien émérite à l’École de santé publique de l’université de Berkeley en Californie, ce résultat est « vraiment encourageant ». « En tant que personne responsable, cela va me donner l’impression que je peux côtoyer d’autres personnes de manière plus sûre », ajoute-t-il.

 

EST-IL SANS RISQUE POUR DES PERSONNES VACCINÉES DE SE VOIR ?

Se retrouver entre personnes vaccinées implique un « calcul » mental, souligne John Swartzberg. Une personne vaccinée pouvant être infectée, il convient de tenir compte de la probabilité que chaque personne soit exposée au virus SARS-CoV-2, qu’elle soit vaccinée ou non.

Avec le temps, l’augmentation du nombre de vaccinés et la diminution du nombre de personnes infectées, il « deviendra sans risque » pour les personnes vaccinées de se réunir entre elles, estime William Moss.

« Par prudence, nous devrions continuer d’appliquer les mesures de distanciation autant que possible à court terme jusqu’à ce qu’une plus grande part de la population soit vaccinée », explique Cynthia Leifer, professeure agrégée d’immunologie à l’université de Cornell. Elle recommande ainsi d’éviter les grands rassemblements, de continuer à porter le masque et de respecter la distanciation sociale de deux mètres.

L’efficacité des vaccins contre de nouveaux variants encore inconnus soulève également de nombreuses interrogations.

« Plus la COVID circule, plus la probabilité que des variants émergent est grande », souligne la professeure. « Nous ne pouvons pas prévoir quand un nouveau variant potentiellement résistant au vaccin émergera ».

Non homologué, le vaccin Novavax a présenté une diminution considérable de son efficacité (de 89,3 % à 49,4 %) contre le variant d’Afrique du Sud, qui s’est depuis diffusé dans le monde. Pfizer et Moderna continuent de tester l’efficacité de leurs vaccins contre le variant britannique, plus contagieux.

 

LES PERSONNES VACCINÉES DOIVENT-ELLES ENCORE PORTER UN MASQUE DANS LES LIEUX PUBLICS ?

Les spécialistes s’accordent à dire que tout le monde doit porter un masque, tout du moins pour l’instant. Au-delà du fait de savoir qui est vacciné ou non, ce qui pourrait déboucher sur des situations délicates et confuses, le système immunitaire de chaque personne réagit différemment à la vaccination.

« Si vous vaccinez 100 personnes, chacune d’entre elles présentera des niveaux de réaction au vaccin différents et certaines réactions pourraient être insuffisantes pour les protéger », poursuit Cynthia Leifer. Puisqu’il est impossible de savoir comment votre corps réagira au vaccin, le port du masque constitue une protection supplémentaire. Une autre zone d’ombre porte sur le nombre de personnes vaccinées qui seront capables de transmettre le virus.

« À mes yeux, le vaccin est un gros pansement, sans doute le plus important, mais il en existe d’autres que nous pouvons utiliser pour nous protéger », explique John Swartzberg. Selon lui, le port du masque est un autre pansement et personne ne devrait penser à cesser de le porter.

 

UNE FOIS VACCINÉ, PUIS-JE VOYAGER SANS RISQUE ?

Nous sommes nombreux à ne pas avoir vu notre famille et nos amis en personne depuis des mois, voire des années. Mais être vacciné ne signifie pas automatiquement qu’il n’y a aucun risque à voyager à l’autre bout de la planète.

« Tout dépend du degré d’inquiétude des personnes, mais elles doivent savoir que nous ne pouvons pas prédire si et quand de nouveaux variants émergeront. Et si tel est le cas, nous ignorons si elles en seront protégées », précise Cynthia Leifer. 

Si John Swartzberg indique qu’il ne verra bientôt plus de problème à se réunir en petit comité avec d’autres personnes vaccinées, c’est une autre histoire pour prendre l’avion. « J’ignore qui se trouve dans l’aéroport ou l’avion… Donc, il va me falloir un peu plus de temps avant d’être sûr que l’avion ou l’aéroport n’est pas rempli de personnes non vaccinées. »

 

DANS COMBIEN DE TEMPS UN NOMBRE SUFFISANT DE PERSONNES SERONT-ELLES VACCINÉES POUR « RETROUVER UNE VIE NORMALE » ?

Le monde insouciant de 2019 est aujourd’hui un souvenir lointain. Mais, alors que la campagne de vaccination suit son cours, un retour à la vie normale, comme manger au restaurant, aller à l’école ou l’université, faire une soirée entre amis, semble à portée de main.

À l’heure actuelle, plus de 107 millions de personnes se sont faites vaccinées dans le monde. En France, 2 060 675 personnes ont reçu la première dose de vaccin, et plus de 442 000 personnes ont reçu les deuxi injections. Pour que le pays atteigne l’immunité collective, les chercheurs pensent qu’entre 60 % et 70 % de la population devront être vaccinées.

À mesure que nous nous rapprochons de l’immunité collective, il y aura des signes d’un retour à la normale. John Swartzberg confie qu’il se sentira mieux lorsque le nombre de nouveaux cas diminuera, réduisant ainsi la probabilité d’une exposition au virus.

« Je pense qu’il y aura une sorte de phase de transition avant de retrouver nos vies d’avant la pandémie », confie William Moss. La première étape consiste à réduire le nombre de cas, d’hospitalisations et de décès grâce à la vaccination, pour qu’une solution de traçage des cas contacts soit mise en œuvre de façon plus efficace. 

Cynthia Leifer a bon espoir que la vaccination s’accélère grâce à des plans de fabrication et de distribution inventifs. « J’entrevois l’atteinte des objectifs d’ici la fin de l’été, pour que les étudiants puissent retourner à l’université », précise-t-elle.

Le vaccin n’est pas le gros lot, mais il offre une solution pour réduire les risques et ainsi permettre aux personnes de revoir plus tôt leurs proches.

« Cela fait presque 10 mois que je n’ai pas serré mes petits-enfants et mes enfants dans mes bras », raconte John Swartzberg. « J’ai vraiment besoin de le faire à un moment ou un autre ».

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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