Le Tyrannosaurus rex décrypté par la science

Des études récentes apportent de nouveaux éclairages sur le mode de vie du terrifiant et légendaire carnivore.

De Julie Lacaze
01-tyrannosaurus-rex
Un squelette de Tyrannosaurus rex.
PHOTOGRAPHIE DE Corbin17, Alamy

Une taille atteignant 13 mètres de long, 4 mètres de haut, pour un poids de 6 tonnes ; 75 vertèbres portées par une tête d’environ 1,40 mètre ; 58 dents acérées de plusieurs dizaines de centimètres. Depuis la découverte de T. rex en 1900, les mensurations du dinosaure carnivore fascinent les paléontologues et le grand public. Ces dernières années, la mise au jour de nouveaux individus en Chine et en Amérique du Nord ont enrichi nos connaissances de cet énigmatique animal, disparu à la fin du Crétacé. Régime alimentaire, mode de déplacement et de reproduction... Petite mise au point dinosaurienne avec Jean Le Loeuff, paléontologue et auteur du livre T. rex superstar (Belin, 2016).

 

1. À QUOI LUI SERVAIENT SES BRAS MINUSCULES ?

T. rex était doté de deux bras d’environ 70 centimètres, comparables à ceux des humains, particulièrement disproportionnés par rapport à sa taille. Certains paléontologues pensent qu’ils ne servaient à rien, ces membres étant en voie de régression ; d’autres avancent, au contraire, que le T. rex les utilisait pour se relever. Sur les os de ses bras, on retrouve des crêtes osseuses permettant l’insertion de muscles. Les dernières études suggèrent donc que le tyrannosaure s’aidait de ses petits bras pour équilibrer son corps, à l’image du sprinter qui s’élance, afin de passer de la position allongée à la position debout.

 

2. ÉTAIT-IL CAPABLE DE COURIR ?

L’animal pesait entre 6 et 7 tonnes, voire plus. Les éléphants, d’un poids comparable, peuvent courir à 40 km/h. Mais les tyrannosaures étaient probablement de bien plus mauvais sprinters que les pachydermes. Car ils présentaient un grand handicap : des tibias plus courts que les fémurs. Chez les bons coureurs bipèdes du règne animal, l’autruche notamment, ces proportions osseuses sont inversées. La dernière étude en date suggère malgré tout que le tyrannosaure se déplaçait à 20 km/h. Une vitesse suffisante pour pourchasser ses proies.

 

3. D’OÙ VIENNENT LES TYRANNOSAURES ET LEURS ANCÊTRES ?

Des tyrannosaures et des tyrannosauridés, proches et plus lointains cousins, ont été retrouvés en Amérique du Nord, en Chine et en Mongolie. Les plus anciens d’entre eux sont des individus asiatiques apparus à la fin du Crétacé, notamment Dilong paradoxus (130 millions d’années). Au sud de l’équateur, pas de trace de la bête. À l’époque des dinosaures, il n’existait que deux continents, l’un au nord et l’autre au sud, séparés par l’océan Téthys. Les tyrannosauridés régnaient sur le nord. Les abélisauridés, d’autres dinosaures carnivores ressemblant un peu à T. rex, avaient colonisé le sud. Même si on connaît de nombreuses espèces en Afrique, en Amérique du Sud et même en Europe, les abélisauridés sont bien moins célèbres que leurs grands cousins du Nord.

 

4. LE TYRANNOSAURE VIVAIT-IL EN GROUPE ?

C’est probable. En 2014, des paléontologues canadiens ont découvert en Colombie-Britannique trois empreintes de pas fossilisées de cousins du tyrannosaure. Elles correspondaient probablement aux traces laissées par trois animaux différents, qui se déplaçaient en parallèle, laissant penser que les spécimens vivaient ensemble.

 

5. LES TYRANNOSAURES ÉTAIENT-ILS DES ANIMAUX À SANG CHAUD OU À SANG FROID ?

 Ces animaux étaient déjà homéothermes. C’est-à-dire qu’ils étaient capables, comme les oiseaux et les mammifères actuels, de réguler leur température corporelle entre 35 et 38 °C. Leur métabolisme nécessitait beaucoup d’énergie pour fonctionner. Les tyrannosaures devaient donc ingurgiter une grande quantité de nourriture. Ce mode de régulation leur donnait l’avantage d’être bien plus actifs que les reptiles de leur époque : crocodiles, varans ou autres animaux à sang froid doivent s’exposer longtemps au soleil pour réchauffer leur corps.

 

6. COMMENT SE REPRODUISAIT-IL ?

On n’a jamais retrouvé de nids et encore moins d’œufs de tyrannosaure. Les paléontologues supposent pourtant que l’animal était ovipare, comme ses parents les oiseaux et tous les autres dinosaures. Couvait-il ses œufs ? Difficile d’imaginer l’imposant animal s’installer sur un nid sans causer de dommages ! Au final, on ne connaît pas bien le mode de reproduction du tyrannosaure. Les mâles possédaient probablement un pénis rétractable, à l’image des oiseaux primitifs. Cet organe sexuel a disparu chez la plupart des oiseaux modernes, à l’exception du canard.

 

7. COMMENT DISCERNE-T-ON LES MÂLES DES FEMELLES ?

Même s’il est difficile de déterminer le genre d’un animal disparu, les paléontologues y sont parvenus en étudiant les os du Tyrannosaure. Les femelles possédaient du tissu osseux médullaire, une structure retrouvée également chez les oiseaux femelles au moment de la ponte. Cette substance interne de l’os se développe pour fournir les minéraux nécessaires à la formation de la coquille d’œuf. La femelle du tyrannosaure, dotée d’os épais, était ainsi plus robuste que le mâle.

 

8. DE QUOI ÉTAIENT CONSTITUÉS SES REPAS ?

Une crotte de T. rex a été retrouvée en 1998 dans le sud-ouest du Saskatchewan, au Canada. Elle mesurait 44 cm de long, 13 cm de haut et 16 cm de large. Celle-ci a été analysée par Karen Chin, une paléontologue américaine. Résultat : ses menus étaient essentiellement composés de dinosaures ornithischiens, la famille regroupant la plupart des dinosaures herbivores. Les espèces les plus fréquentes étaient les hadrosaures et les cératopsiens, dont le célèbre tricératops.

 

9 . T. REX ÉTAIT-IL UN CHAROGNARD OU UN PRÉDATEUR ?

Pendant un siècle, certains paléontologues ont considéré que le tyrannosaure était un charognard. Une dent de T. rex, soudée dans les os de la queue d’un hadrosaure, découverte en 2015, a permis de démentir cette hypothèse. Elle constitue la preuve que le carnivore s’attaquait bien à des individus vivants, ce qui ne l’empêchait pas d’être un charognard occasionnel.

 

10. T. REX SOUFFRAIT-IL DE MALADIES ?

Oui, notamment de la goutte. On a retrouvé chez certains individus des creusements au niveau des phalanges des doigts de pied. En cause, un régime alimentaire trop riche en viande. Certains fossiles présentent des perforations mandibulaires, probablement dues à une infection parasitaire. Cette dernière peut provoquer des nécroses osseuses, puis la mort de l’animal. La plupart des restes de tyrannosaure montre également des traces de fractures, des côtes ressoudées, témoignant d’une vie très violente. Le tyrannosaure vivait d’ailleurs trente ans tout au plus, une faible longévité pour un animal de cette taille.

 

11. UNE ÉTUDE AVANCE QU'IL JOUAIT À LA BALLE, EST-CE CRÉDIBLE  ?

Effectivement. En 2014, des chercheurs ont montré que des os sphériques de cératopsiens étaient souvent retrouvés dans les gisements paléontologiques, couverts de traces de dents de T. rex. Leur hypothèse : ces géants arrachaient la partie sphérique de l’arrière du crâne de leur proie, pauvre en protéine, pour s’amuser avec, le mordiller et, pourquoi pas, jouer à la balle.

 

12. QU'AVAIT-IL EN COMMUN AVEC SES COUSINS LES OISEAUX ?

On ne sait rien du cri du T. rex. Les paléontologues ont trouvé un spécimen de tyrannosauroïde avec un léger duvet. Cela ne veut pas dire que les tyrannosaures avaient des plumes. Les très rares spécimens de tyrannosaure présentant de petites traces de peau ne montrent que des écailles.

les plus populaires

    voir plus
    loading

    Découvrez National Geographic

    • Animaux
    • Environnement
    • Histoire
    • Sciences
    • Voyage® & Adventure
    • Photographie
    • Espace

    À propos de National Geographic

    S'Abonner

    • Magazines
    • Livres
    • Disney+

    Nous suivre

    Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.