Les curieux remèdes de la médecine chinoise
Découvrez quatre breuvages étonnants utilisés dans la médecine traditionnelle asiatique.
LA BILE D’OURS
La première mention de la bile d’ours dans la littérature chinoise se trouve dans le Wai tai mi yao, un traité en quarante volumes du VIIIe siècle. Elle y est notamment prescrite pour les problèmes de foie, la fièvre et les hémorroïdes. En 1902, un chercheur suédois en a isolé l’un des composants. L’acide ursodésoxycholique entre aujourd’hui dans la composition de médicaments contre les hépatopathies et les calculs biliaires. Des chercheurs pensent même que la substance recèle d’autres effets et pourraient, par exemple, être utilisée contre les dystrophies musculaires, des maladies affectant les muscles. Les acides gras, les acides biliaires et les opioïdes de la bile d’ours auraient également une action bénéfique sur les maladies cardiaques.
COCKTAIL DE PLANTES
Dans un livre ancien, Le traité des atteintes du froid, imprimé sur du papier de bambou, des chercheurs américains de l’université de Yale ont trouvé une concoction vieille de 1800 ans : un mélange de scutellaire, de réglisse, de pivoine et de jujube. L’équipe s’est lancée dans la préparation de la formule qu’ils ont baptisée PHY906. Le but : traiter les nausées et les désordres gastro-intestinaux des patients sous chimiothérapie. Presque toutes les personnes ayant suivi le traitement ont ressenti un soulagement. Mais autre chose est arrivée : leurs tumeurs se sont réduites plus vites que celles des patients qui n’avaient pas pris le cocktail de plantes. Les chercheurs travaillent encore sur ce mélange et souhaitent en faire le premier médicament multiplantes du pays, approuvé par l’agence des produits alimentaires et médicamenteux (FDA).
L’HUILE DE SERPENT
Cette pommade traditionnelle, à base de graisse d’un serpent de la mer de Chine, a longtemps été synonyme d’escroqueries. D’après les historiens, ce remède fut introduit aux États-Unis au XIXe siècle par des immigrants chinois recrutés pour construire les voies ferrées. Ceux-ci l'utilisaient pour soigner leurs douleurs articulaires et musculaires. La substance acquit une réputation douteuse, car des colporteurs américains se mirent à vendre des huiles minérales sous le nom d'“huile de serpent”. Néanmoins, des études montrent que la graisse du serpent de mer de Chine contient un taux d’acides gras oméga-3 plus élevé que le saumon. Ces derniers sont réputés pour réduire les inflammations et le mauvais cholestérol, améliorer la cognition et atténuer la dépression. On les utilise aujourd’hui dans plusieurs produits cosmétiques. Dans les années 2000, des chercheurs japonais ont effectué des études sur des souris auxquelles ils ont administré de la graisse du serpent Laticauda. Ils ont constaté une augmentation des capacités des cobayes à nager et se repérer dans un labyrinthe.
LA CORNE DE RHINOCÉROS
Le marché de la corne de rhinocéros en Asie est un facteur crucial de l’extinction prévisible de l’espèce (lire notre reportage). De vieilles recettes la prescrivent pour guérir la fièvre et le mal de tête. Certains l’utilisent aujourd'hui comme une panacée, contre la gueule de bois, les effets secondaires de la chimiothérapie, les troubles érectiles et bien d’autres maux. Pourtant, les études scientifiques sont formelles : la corne, qui est composée de kératine, la substance qui forme les ongles et les cheveux humains, n’a peu ou pas d’effet pharmaceutique perceptible quand on l’ingère. Mais, son effet placebo apaiserait les patients.
Dans le numéro de janvier 2019 du magazine National Geographic, un reportage sur la médecine chinoise.