Santé des femmes : la quarantaine, la décennie pour faire le point

Les médecins affirment que la quarantaine est le moment de faire le point sur la tension artérielle, le cholestérol, le poids et l’activité physique, ainsi que de tirer parti des techniques permettant de prévenir certaines maladies.

De Tara Haelle
Publication 27 juin 2024, 18:32 CEST

Le risque de cancer augmentant progressivement dans la quarantaine, il est conseillé aux femmes de cet âge de poursuivre le dépistage du cancer du col de l’utérus et de s’atteler au dépistage de deux des cancers les plus meurtriers pour les femmes : le cancer du sein et le cancer colorectal.

La plupart d'entre nous connaissent les principes de base d'une vie saine : bien manger et bien dormir, faire de l'exercice, prévoir un bilan de santé annuel et faire des rappels vaccinaux. Mais prendre soin de soi tout en se soumettant à des examens de dépistage du cancer et d'autres maladies peut s'avérer décourageant. La notion de « santé » varie également selon les femmes à différents stades de leur vie. C'est pourquoi nous vous proposons une série d'articles sur la santé des femmes qui couvre les questions de santé les plus importantes pour les femmes de chaque décennie. Voici le quatrième volet de cette série, qui passe en revue les points sur lesquels les femmes de quarante ans devraient se concentrer pour vivre au mieux et en bonne santé.

Pour presque toutes les femmes, la quarantaine sera la dernière décennie de leur vie menstruelle, ce qui peut avoir des conséquences considérables sur les risques de santé auxquels elles seront confrontées dans les décennies à venir.

C’est également le moment où les risques cardiovasculaires et de cancer commencent à augmenter. L’année des quarante ans est donc cruciale pour faire le point sur sa santé et apporter les changements nécessaires à son amélioration dans la mesure du possible, exhorte Stacey Rosen, cardiologue à Northwell Health, le plus grand réseau de soins de santé de New York.

« C’est une période importante durant laquelle il faut optimiser sa tension artérielle, son cholestérol, son poids, son niveau d’activité physique, tout cela, parce que, franchement, ça devient en bonne partie plus difficile et ça constitue un enjeu une fois que l’on a atteint la ménopause », signale Stacey Rosen. « La quarantaine est l’occasion de vraiment renforcer la prévention. »

Les maladies coronariennes sont la principale cause de décès chez les femmes. Neuf femmes sur dix, âgées de quarante à soixante ans, présentent au moins un facteur de risque de maladie cardiovasculaire. Les bonnes vieilles méthodes pour réduire les risques restent une alimentation saine et une activité physique régulière. L’idéal est d’effectuer, par semaine, au moins deux heures et demie d’exercice aérobique d’intensité modérée à intense et deux sessions de renforcement musculaire.

Faire de l’exercice et adopter une alimentation saine permet également de réduire le risque de cancer au moment où celui-ci commence à augmenter, durant la quarantaine chez les femmes. Préparez-vous à ajouter deux dépistages de cancer supplémentaires à votre routine de soins de santé au cours de cette décennie.

 

CANCER DU SEIN ET CANCER COLORECTAL : COMMENCER LES DÉPISTAGES

Le risque de cancer commence à augmenter progressivement dans la quarantaine. Les femmes doivent donc continuer les dépistages du cancer du col de l’utérus tous les trois à cinq ans. Elles commenceront également à se faire dépister pour d’autres types de cancer. L’U.S. Preventive Task Force (USPSTF), un groupe indépendant et impartial qui examine toutes les données relatives aux dépistages, recommande aux femmes de commencer à se faire dépister pour deux des cancers les plus meurtriers pour leur sexe : le cancer du sein et le cancer colorectal.  

Ce groupe de travail a commencé, en 2021, à conseiller aux femmes présentant un risque moyen d’effectuer leur premier dépistage du cancer colorectal à l’âge de quarante-cinq ans. Dans l’idéal, il s’agirait d’une coloscopie, l’examen de référence pour prévenir ce cancer, à ne réaliser que tous les dix ans.

« Environ 90 % des décès dus au cancer colorectal pourraient probablement être évités si nous pouvions les dépister à temps et procéder à une coloscopie de haute qualité », affirme Rajeev Jain, gastro-entérologue à la Texas Digestive Disease Consultants, association professionnelle de gastro-entérologues, à Dallas. Les coloscopies ne se limitent en effet pas à la recherche d’un éventuel cancer ; elles permettent également de détecter et d’éliminer les polypes susceptibles de se transformer en cancer.

Il existe d’autres options pour dépister le cancer colorectal, notamment : une analyse de selles tous les ans ; un test basé sur l’ADN fécal, nommé Cologuard®, tous les un à trois ans, bien que cela engendre un taux de faux positifs plus élevé ; et d’autres types d’examens d’imagerie tous les cinq ans.

Ces options peuvent sembler préférables car elles sont non invasives, contrairement à la coloscopie qui nécessite une préparation avant l’examen. Le docteur Rajeev Jain conseille toutefois à ses patientes de comparer cette dernière à l’alternative de la chimiothérapie et de la chirurgie en cas de cancer colorectal. Les tests non invasifs ne peuvent que diagnostiquer un cancer existant, alors qu’une coloscopie permet non seulement cela, mais également de le prévenir. « Si l’on veut prévenir le cancer, il faut une coloscopie de haute qualité avec ablation des polypes », précise-t-il.

Les recommandations relatives à l’âge auquel il faut effectuer sa première mammographie et la fréquence de cet examen ont été corrigées à de nombreuses reprises au fil des ans. La principale raison de cela est que celles-ci évoluent au fur et à mesure que les résultats s’accumulent afin de définir plus clairement l’équilibre entre les avantages et les inconvénients de ce dépistage.

Il est aujourd'hui recommandé de réaliser leur première mammographie à l’âge de quarante ans, puis de se faire dépister tous les deux ans. 

Joann Elmore, en médecine interne à l’université de Californie, sur le campus de Los Angeles, spécialisée dans l’étude des dépistages du cancer, déclare qu’il est important de comprendre que ceux-ci présentent des inconvénients en plus des avantages. Outre l’inconfort de la procédure en elle-même, il existe un risque de faux positifs. « Le test peut indiquer que vous avez un cancer alors que ce n’est finalement pas le cas [et] entraîner une cascade de nombreux examens supplémentaires », avertit-elle.

Il ne s’agit pas de dissuader les femmes de se faire dépister mais il est essentiel que celles présentant un risque moyen ne le fassent pas plus que nécessaire et qu’elles soient conscientes que les faux positifs sont fréquents.

« Dans le cas du cancer du sein, une mammographie sur dix présentera une anomalie et la patiente sera rappelée pour des examens complémentaires », poursuit la spécialiste. « Cela fait partie du processus de dépistage et il ne faut pas être trop bouleversée lorsque cela se produit. »

L’un des moyens de réduire la probabilité de faux positifs est, si possible, d’effectuer une mammographie par tomosynthèse car elle fournit beaucoup plus d’informations, conclut Joann Elmore.

 

SANTÉ EN MATIÈRE DE SEXUALITÉ ET DE PROCRÉATION

Bien que de nombreuses femmes continuent à tomber enceintes et à accoucher jusqu’à la quarantaine, la plupart d’entre elles ont laissé derrière elle la maternité au cours de la trentaine. Si vous avez réussi à conserver le même gynécologue-obstétricien pendant tout ce temps, vous avez, avec un peu de chance, établi une solide relation patient-praticien avec lui. Cela signifie que vous pouvez lui demander de vous aider à optimiser votre santé générale et à vous préparer à ce qui viendra avec la périménopause, période qui précède la ménopause, au cours de laquelle le corps produit progressivement moins d’œstrogènes et où les menstruations commencent à se faire plus rares.

Il reste à espérer qu’il vous examine également de manière régulière en termes de dépression, d’anxiété, de stress excessif et de violence conjugale.

 

SANTÉ MÉTABOLIQUE ET VASCULAIRE

Si vous avez eu des enfants, la quarantaine est aussi le moment d’évaluer les éventuels problèmes survenus avec la grossesse, tels que : le diabète gestationnel ; la prééclampsie ou les troubles hypertensifs ; les troubles de l’humeur, comme la dépression post-partum ; l’accouchement prématuré ; ou encore les pertes fœtales à répétition. Ceux-ci peuvent augmenter votre risque cardiovasculaire, vous devrez donc être plus vigilante en ce qui concerne votre glycémie, votre taux de cholestérol et votre tension artérielle.

Cette dernière doit être contrôlée au moins tous les deux ans si elle reste inférieure à 120/80 mmHg, sinon tous les ans en cas de développement d’une hypertension artérielle. De même, les contrôles du cholestérol ne doivent être effectués que tous les cinq ans, à moins que les chiffres ne dépassent la normale, auquel cas ils devront être plus fréquents. Quant au diabète, pour lequel vous devriez avoir commencé les tests de dépistage dans la trentaine, il est conseillé de poursuivre ces derniers.

D’après Jill Rabin, gynécologue-obstétricienne à Northwell Health, à New York, certaines femmes dans la quarantaine peuvent développer des problèmes de thyroïde, parfois révélés par la grossesse. Bien qu’aucune agence ne le recommande officiellement, elle indique qu’il est judicieux d’envisager de réaliser un bilan sanguin pour connaître les taux de TSH, hormone thyréostimulante, et de T4 libre, soit thyroxine libre, hormone thyroïdienne. Ces dernières contribuent à réguler le métabolisme, ainsi que d’autres fonctions corporelles, et leur taux peut être un indicateur du bon ou mauvais fonctionnement de la thyroïde.

Si vous présentez des symptômes d’hyperactivité ou d’insuffisance thyroïdienne, demandez à votre médecin s’il convient d’effectuer des analyses pour contrôler le fonctionnement de la thyroïde ou de vous adresser à un endocrinologue. Les symptômes d’une thyroïde hyperactive, ou hyperthyroïdie, comprennent une perte de poids inexpliquée, un rythme cardiaque rapide, une transpiration excessive ou des difficultés à supporter la chaleur, un gonflement au niveau du cou, des mains tremblantes, une faiblesse musculaire, des troubles du sommeil et de la nervosité ou de l’irritabilité. L’hypothyroïdie, une thyroïde sous-active, se manifeste par de la fatigue, une prise de poids, une sensibilité au froid, des douleurs articulaires ou musculaires, une sécheresse cutanée, les cheveux qui se clairsement, des symptômes dépressifs et un ralentissement du rythme cardiaque.

 

CE QUI EST AU-DESSUS DU COU

Tout le monde devrait effectuer un bilan ophtalmologique à l’âge de quarante ans, puis le renouveler en fonction de ce qu’il révèle, des antécédents familiaux et des symptômes.

Poursuivez les nettoyages dentaires deux fois par an, voire plus souvent si vous faites preuve de négligence en matière de santé bucco-dentaire, comme faire l’impasse sur le fil dentaire.

Selon April Armstrong, dermatologue à l’université de Californie, sur le campus de Los Angeles, de nombreuses femmes commencent à remarquer des changements au niveau de leur peau durant la quarantaine, notamment l’apparition de ridules et de rides d’expression qui résultent de la contraction répétée des muscles du visage.

« La quarantaine est le moment où l’on commence à remarquer une perte de l’élasticité et une déshydratation visible de la peau. On constate qu’elle est plus sèche et qu’elle commence à devenir un peu plus fine », indique-t-elle. 

« Il n’y a pas de recommandation universelle en ce qui concerne le dépistage du cancer de la peau à la quarantaine », précise la dermatologue. Elle préconise toutefois la plus grande vigilance aux personnes qui présentent des facteurs de risque, comme des expositions prolongées au soleil ou l’utilisation d’appareils de bronzage, ou qui ont des antécédents familiaux de mélanome ou de cancers de la peau non mélanomateux. Elle encourage les femmes à s’autocontrôler en suivant la règle ABCDE afin de détecter tout grain de beauté ou toute décoloration pouvant paraître suspects.

April Armstrong leur recommande également, à partir de la quarantaine, d’intégrer dans leur routine de soins de la peau un rétinol ou, dans l’idéal, un rétinoïde, pour atténuer les effets des dommages causés par le soleil. Comme toujours, cependant, l’étape la plus importante de ces soins reste la protection solaire, notamment l’utilisation régulière d’une crème solaire. Même si votre fond de teint contient une protection solaire, celle-ci est souvent composée de filtres laissant passer les rayons. Elle conseille donc d’appliquer d’abord une crème solaire normale sur la peau, puis de se maquiller par-dessus.

 

LA VACCINATION

Enfin, il est important de ne pas négliger la possibilité d’éviter les maladies infectieuses pouvant être prévenues par une vaccination réalisée à temps. Continuez à vous faire vacciner chaque année contre la grippe et la COVID-19 afin de réduire le risque de complications et d’hospitalisation lié à ces maladies. Ces vaccins sont particulièrement importants pour les femmes présentant certains facteurs de risque, tels que l’obésité ou l’hypertension artérielle. Même les personnes d’âge moyen sans problèmes de santé peuvent se retrouver hospitalisées à la suite d’une infection par un virus de la grippe ou un coronavirus. 

La quarantaine constitue également la dernière occasion pour les femmes de se faire vacciner contre le papillomavirus humain (HPV) afin de réduire le risque d’infection par les neuf souches responsables de la quasi-totalité des cancers du col de l’utérus et de nombreux cancers de la vulve, du vagin, de l’anus et des voies aérodigestives supérieures. Les taux de cancer du col de l’utérus ont augmenté chez les femmes âgées de trente à quarante-quatre ans et il n’est possible de se faire vacciner contre le HPV que jusqu’à l’âge de quarante-cinq ans.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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