Découverte d'une nouvelle espèce de titanosaure en Patagonie

Ce dinosaure argentin récemment découvert pourrait nous fournir une image plus précise de notre planète avant la chute de l’astéroïde qui a annihilé son espèce.

De Meghie Rodrigues
Publication 7 mars 2025, 09:12 CET
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Des centaines de fossiles ont été découverts dans une ancienne carrière au nord de la Patagonie et montrent la vie d’un écosystème, un étang dans le désert à la fin du Crétacé. Les chercheurs ont révélé une espèce encore inconnue de titanosaure (illustré ci-dessus) parmi d’autres créatures fossilisées du site.

ILLUSTRATION DE Gabriel Lío

C’est au nord de la Patagonie que les chercheurs ont mis au jour l’ancien écosystème d’un lagon entouré de dunes et de palmiers où prospéraient des créatures préhistoriques. Des excavations de roches vieilles de 78 millions d’années provenant d’une carrière située juste à l’extérieur de la ville de General Roca, en Argentine, ont révélé un trésor riche de 432 fossiles appartenant à plus d’une centaine d’espèces animales.

La majorité d’entre eux étaient des fossiles de tortues mais d’autres résidents du lagon ont été identifiés comme des poissons, certains cousins du crocodile, des limaces, parmi lesquelles le premier fossile de la famille d’escargots terrestres tropicaux Neocyclotidae, et le premier Leptinaria, un gastéropode pulmoné. Des fossiles de dinosaures ont également été découverts.

La plus belle découverte : un nouveau titanosaure, baptisé Chadititan calvoi.

Bien que la formation rocheuse Anacleto, où des fossiles sont découverts depuis des années, soit bien connue des chercheurs, c’est la première fois qu’ils font une découverte d’une telle diversité sur un seul lieu du nord de la Patagonie, raconte le coauteur Diego Pol, paléontologue au Museo Argentino de Ciencas Naturales Barnerdino Rivadavia à Buenos Aires et un explorateur National Geographic. Aujourd’hui, l’équipe de chercheurs argentins et uruguayens a publié un article sur la découverte du nouveau titanosaure et du site archéologique dans la revue du musée.

« La faune fossile que l’on y a découverte est riche et notre compréhension des écosystèmes de l’hémisphère sud vers la fin de l’ère des dinosaures est toujours très incomplète », souligne le paléontologue Matthew Lamanna, du Carnegie Museum of Natural History de Pittsburgh, qui n’a pas pris part aux fouilles.

 

UN ANCIEN POINT D’EAU

Si le site est si riche en fossiles, c’est probablement parce que c’était une oasis au cœur d’un environnement aux conditions rudes de la Patagonie argentaise à la fin du Crétacé. À cette époque, les températures étaient environ cinq à dix degrés Celsius plus élevées que nos températures actuelles et la biodiversité se concentrait principalement autour des lieux à latitudes élevées, les régions tropicales étant trop chaudes pour la plupart des espèces. « C’est un environnement particulier, avec des dunes entrecoupées de petits lacs et, comme nous pouvons l’observer de nos jours dans les lieux arides, l’eau est synonyme de biodiversité », explique Diego Pol.

Sur les plus de 400 fossiles mis au jour, presque vingt d’entre eux appartiennent à Chadititan calvoi. « Chadi » ou « sel » en mapudungun, langue parlée par le peuple Mapuche, fait référence au site de fouilles qui se trouve aux frontières d’un désert salin, les plaines de Salitral Moreno. Le nom complet du genre se traduit par « titan du sel ». L’espèce calvoi est un hommage à l’ancien paléontologue argentin Jorge Calvo, qui a décrit plusieurs titanosaures et a découvert le groupe Rinconsauria auquel le nouveau dinosaure appartient.

Les titanosaures sont connus pour leurs proportions exceptionnelles, allant de la vache d’une tonne à des bêtes de la taille d’une baleine, de 60 tonnes, explique Matthew Lamanna. Bien que les plus grands titanosaures atteignaient aisément les 30 mètres de long, la nouvelle espèce mesure environ 7 mètres, à peu près la même taille qu’un minibus ou une caravane. « Pour le genre titanosaures, Chadititan n’est pas un géant, même s’il est grand par rapport aux animaux modernes », ajoute le paléontologue.

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Cet os d’orteil (montré sous plusieurs angles) appartient à la nouvelle espèce de titanosaure, Chadititan calvoi.

PHOTOGRAPHIE DE Angolín et al., 2025

Certains des os fossilisés de C. calvoi partagent des caractéristiques avec d’autres herbivores, dinosaures et autres, de la fin du Crétacé, découverts dans la région, comme Overosaurus et Muyelensaurus. Ce sont d’autres particularités qui distinguent cette nouvelle espèce des autres. « Par exemple, son fémur présente un renflement latéral, sa colonne vertébrale est projetée vers l’arrière et son humérus est très fin et large », explique Diego Pol.

Pour Matthew Lamanna, cette trouvaille est intéressante car elle suggère que le sous-groupe de titanosaures auquel C. calvoi appartient, les rinconsaurus « pouvaient avoir des proportions corporelles qui sortaient de l’ordinaire, à la carrure plus proche de celles des girafes que les autres sauropodes ».

 

LA FIN D’UNE ÉPOQUE

C’est en Amérique du Sud que les titanosaures étaient les plus diversifiés, même s’ils étaient présents partout sur le globe. Sur ce continent, ils étaient les herbivores les plus nombreux. « Dans tout écosystème terrestre, les herbivores jouent un rôle majeur, ils sont des intermédiaires entre les plantes et les autres maillons de la chaîne alimentaire », explique Diego Pol. Les chercheurs ne savent pas avec certitude qui était le prédateur des titanosaures parmi les grands dinosaures « mais ils étaient probablement, et surtout les jeunes titanosaures, des proies aux yeux d’autres espèces », affirme-t-il.

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    Lorsqu’un astéroïde a signé la fin des dinosaures, il y a 66 millions d’années, les titanosaures étaient parmi les derniers herbivores à long cou encore en vie. En étudiant cette nouvelle espèce, et les autres, les paléontologues pourraient apprendre comment la biodiversité a évolué à mesure que le règne des dinosaures touchait à sa fin. « Les titanosaures comptent dans leurs rangs certains des derniers dinosaures non aviaires de la planète », indique Matthew Lamanna.

    Les dinosaures herbivores de l’hémisphère sud semblent aller à contre-courant des tendances qui précédaient la chute de l’astéroïde Chicxulub dans le Golfe du Mexique. Digeo Pol remarque que certaines études suggèrent qu’une crise dans la biodiversité aurait eu lieu peu avant cette extinction de masse, particulièrement chez les herbivores. « C’est un sujet qui nous intéresse énormément car nous voulons tester notre hypothèse. Nous ne sommes pas encore convaincus de sa véracité, surtout en Amérique du Sud, où les espèces d’herbivores étaient particulièrement diversifiées », ajoute-t-il.

    Engagée à mettre en lumière et à protéger les merveilles de notre monde, la National Geographic Society a finance les travaux de l'explorateur Diego Pol. Pour en savoir plus sur le soutien de la National Geographic Society à ses explorateurs, suivez ce lien.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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