Arrêtez de percer les boutons qui apparaissent sur votre visage
Cette injonction est à respecter tout particulièrement dans le "triangle de la mort", qui s’étend de l’arête du nez aux extrémités des lèvres, où les lésions et infections peuvent être plus graves.
Le « triangle de la mort », qui s'étend de l'arête du nez aux extrémités de la bouche, est un peu plus sensible que le reste du visage. En effet, des veines situées sous la peine drainent du sang dans les sinus caverneux, qui sont directement reliés au cerveau.
Peut-être avez-vous entendu dire qu’il est dangereux de percer des boutons dans la zone du visage qui s’étend de l’arête du nez aux extrémités des lèvres, car cela pourrait provoquer des infections graves, voire mortelles.
Cette zone, connue sous le nom de « triangle de la mort », est en effet très sujette aux infections, mais selon les experts, il est extrêmement rare que celles-ci évoluent au point de devenir dangereuses. Cela étant dit, les dermatologues s’accordent pour rappeler qu’il est essentiel de faire preuve de prudence lorsque l’on souhaite percer des boutons.
Pourquoi ce « triangle de la mort » fait-il autant parler de lui, et quels risques encoure-t-on réellement lorsque l’on décide de percer un comédon ? Bien qu’ils recommandent systématiquement de ne jamais toucher aux imperfections, les dermatologues reconnaissent qu’il n’est pas réaliste d’attendre de leurs patients qu’ils ignorent la présence de boutons, notamment sur leur visage. Voici donc comment traiter l’aggravation de l’acné soi-même, et comment déterminer quand il devient nécessaire de demander de l’aide à un professionnel de santé.
Le « triangle de la mort » désigne la zone du visage située entre les extrémités de la bouche et le haut du nez.
LE TRIANGLE DE LA MORT : QU’EST-CE QUE C’EST ?
Selon Joshua Zeichner, professeur agrégé de dermatologie à l’hôpital Mount Sinai, il est peu probable que le fait de percer des boutons dans le « triangle de la mort » mette votre vie en danger. Dans de rares cas, des infections dans cette zone ont cependant entraîné de graves complications, telles qu’une paralysie faciale partielle.
En effet, la partie centrale du visage est pleine de vaisseaux qui drainent le sang jusque dans les sinus caverneux, une région creuse située derrière les orbites et directement reliée au cerveau, décrit Zeichner. Les infections bactériennes dans cette zone peuvent donc déclencher la formation de caillots sanguins qui peuvent atteindre le cerveau, et ainsi entraîner une affection potentiellement mortelle connue sous le nom de thrombose du sinus caverneux.
Il est néanmoins « très peu probable que le fait de percer un bouton entraîne une infection qui se propage jusqu’aux sinus », et encore plus que celle-ci atteigne le cerveau, ajoute-t-il. Même si un bouton éclaté laisse une petite plaie ouverte, cette dernière n’introduit généralement pas suffisamment de bactéries pour provoquer une infection suffisamment profonde pour atteindre les sinus. Tout comme les petites coupures ailleurs sur le corps, les cellules immunitaires de la peau sont efficaces pour bloquer les infections à l’intérieur des pores, avant qu’elles n’atteignent le sang.
D’après Jordan Carqueville, fondatrice et directrice médicale du Derm Institute of Chicago, une formation chirurgicale approfondie est nécessaire pour réaliser des procédures invasives dans le « triangle de la mort ». En raison de l’important réseau de vaisseaux sanguins dans cette zone, celle-ci est en effet sujette à des saignements excessifs, ce qui peut entraîner une coagulation et une accumulation du sang à l’extérieur des vaisseaux sanguins, et potentiellement causer des lésions tissulaires ou des infections.
La spécialiste confie toutefois qu’en vingt années de carrière en dermatologie, elle n’a jamais rencontré d’infection des sinus caverneux, et encore moins d’infection causée par un bouton. « Il est extrêmement rare que le fait de percer un bouton dans cette zone entraîne la mort. »
Cela ne signifie pas pour autant que vous devriez percer vos boutons librement, encore moins dans le triangle de la mort. En effet, même si le terme est très théâtral, le concept « met en lumière l’importance de bien prendre soin de sa peau et d’éviter les mauvaises habitudes qui peuvent conduire à une infection », explique Zeichner.
Quelle que soit la zone du corps concernée, percer des boutons est susceptible de mener à des infections, des taches cutanées ou des cicatrices permanentes, mais le risque qu’une infection se propage serait plus élevé dans ces zones du visage reliées à de nombreux vaisseaux sanguins.
NE PERCEZ PAS VOS BOUTONS
Même en dehors du triangle de la mort, les experts s’accordent à dire qu’il est « toujours plus prudent de ne pas percer » ses boutons, affirme Sandra Lee, dermatologue et youtubeuse, connue sous le nom de Dr. Pimple Popper. « Un bouton a rarement besoin d’être percé », ajoute Jayden Galamgam, dermatologue à l’UCLA.
Les boutons apparaissent lorsque les pores ou les follicules pileux sont obstrués par du sébum ou des cellules mortes, ce qui provoque des bosses appelées des comédons. Les deux types de boutons les plus courants sont les comédons fermés et les comédons ouverts. Dans le cas des comédons ouverts, mieux connus sous le nom de points noirs, les substances piégées à l’intérieur du pore s’oxydent, ce qui leur donne une couleur foncée. L’extraction des points noirs est une pratique courante pour les esthéticiens et les dermatologues : selon les experts, celle-ci est sans danger.
Les comédons fermés, quant à eux, surviennent lorsque les pores sont totalement obstrués et recouverts par une fine couche de peau. Ces boutons se présentent sous la forme de petites bosses avec ou sans point blanc. Les comédons fermés peuvent également déclencher une réaction immunitaire, provoquant ainsi des bosses rouges douloureuses, remplies de pus, qui vont plus profondément dans la peau : c’est ce qu’on appelle de l’acné inflammatoire. Si vous percez un comédon fermé, vous risquez de vous faire plus de mal que de bien, surtout dans le cas de bosses rouges douloureuses sans point blanc.
Percer des comédons fermés peut en effet déclencher une réaction inflammatoire en cascade qui peut rendre la zone encore plus rouge. Vous risquez également de propager les bactéries présentes dans le bouton, ce qui peut entraîner une infection plus profonde, des modifications de la pigmentation de votre peau et la formation de cicatrices, prévient Galamgam.
Pour traiter les boutons sans les faire éclater, Carqueville recommande l’utilisation de pansements hydrocolloïdes, qui aideront à les cacher et à les faire disparaître plus rapidement tout en conservant l’humidité de la zone et en protégeant cette dernière contre les bactéries.
Si un bouton ne disparaît pas, il est préférable de consulter un dermatologue afin de déterminer quelles sont vos options. Selon Zeichner, les extractions constituent parfois la meilleure méthode pour déboucher un pore obstrué qui ne parvient pas à le faire lui-même.
COMMENT PERCER UN BOUTON SANS DANGER ?
Malgré leurs recommandations, les experts reconnaissent qu’il n’est pas très réaliste d’attendre des patients qu’ils ignorent systématiquement leurs boutons. Si vous ne pouvez pas vous en empêcher, traitez l’opération comme une intervention chirurgicale, explique Zeichner. Nettoyez et désinfectez votre peau, vos mains et tous les instruments avec de l’eau et du savon ou de l’alcool afin de limiter le risque que des bactéries pénètrent dans le bouton.
Selon Lee, il est également important de s’assurer que le bouton est prêt à sortir, c’est-à-dire qu’il a créé un point, et d’arrêter d’essayer de le faire éclater si ça ne fonctionne pas. Si vous utilisez vos doigts, enveloppez-les dans un mouchoir en papier ou, mieux encore, utilisez un extracteur de comédons stérilisé. Appliquez une pression douce et régulière sur le bouton afin de ne pas laisser de marque qui pourrait mettre plus de temps à guérir que le bouton lui-même, conseille Zeichner. Une fois le bouton percé, appliquez un peu de peroxyde de benzoyle à l’aide d’un coton-tige propre pour désinfecter la zone, recommande Lee.
Néanmoins, « vous ne parviendrez pas à contrôler votre acné si vous vous contentez de vous attaquer aux boutons », selon Lee. Plusieurs produits en vente libre peuvent vous aider à mieux gérer l’acné. « L’acide salicylique est fantastique pour déboucher les pores et traiter les points noirs et les points blancs, et le peroxyde de benzoyle est efficace pour tuer les bactéries responsables de l’acné. » Les rétinoïdes peuvent également aider, explique Zeichner.
L’acné peut aussi être causée par de nombreux autres facteurs, dont certains sont impossibles à contrôler. La génétique, les changements hormonaux et le stress jouent également un rôle dans sa formation. Tout le monde est différent, souligne le spécialiste.
Si votre acné ne disparaît pas ou si vous souffrez d’une acné kystique sévère et douloureuse, il est préférable de consulter un dermatologue. Un traitement précoce permet d’éviter les cicatrices et les taches cutanées, qui peuvent être permanentes.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.