Montres et bagues connectées : quand la technologie nous rend anxieux

De la surveillance de notre fréquence cardiaque aux données sur notre qualité de sommeil, les montres et autres bagues connectées révolutionnent notre santé. Mais à quel prix ?

De Tiffany Nieslanik
Publication 9 oct. 2024, 11:43 CEST
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Les dispositifs de technologie portable tels que les montres et bagues connectées peuvent nous fournir des informations précieuses sur notre santé, mais ils peuvent aussi susciter de l'anxiété. 

PHOTOGRAPHIE DE Nastasic, Getty Images

Les bijoux et montres connectés sont de plus en plus populaires. Des smartwatches aux bagues connectées, nous pouvons surveiller en permanence nos habitudes de sommeil, notre rythme cardiaque et même notre taux d'oxygène dans le sang. Si les recherches indiquent que ces dispositifs favorisent souvent une activité physique accrue et des modes de vie plus sains, le flux constant de données peut aussi devenir une source de stress.

Une étude récente publiée dans le Journal of the American Heart Association a révélé que le fait de porter des moniteurs d'activité physique pour surveiller des problèmes cardiaques tels que la fibrillation auriculaire - un rythme cardiaque irrégulier - pouvait rendre les gens plus anxieux au sujet de leur santé.

« Si le fait de pouvoir suivre des données spécifiques peut être motivant pour atteindre ses objectifs, cela peut également entraîner une fixation ou une obsession malsaine », explique Kate Miskevics, thérapeute agréée spécialisée dans l'anxiété, les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles du comportement alimentaire.

Alors, comment trouver le juste équilibre dans un monde obsédé par les données chiffrées ? 

 

LES OBJETS CONNECTÉS PEUVENT AUGMENTER VOTRE ANXIÉTÉ

« Plus nous sommes attentifs à quelque chose, plus nous entraînons notre cerveau à s'en préoccuper », relève Joanna Hardis, spécialiste de l'anxiété basée dans l'Ohio, aux États-Unis. Selon elle, il peut être difficile de rompre le cercle vicieux de la vérification compulsive de son moniteur d'activité physique.

Robert Goldel, neuroscientifique et ancien chercheur en innovation auprès de la Maison-Blanche, qui étudie les technologies portables, affirme que les trackers de fitness peuvent entraîner une « surcharge de données », en particulier lorsque les utilisateurs ont du mal à interpréter ou à gérer les informations. Une étude menée en 2019 par l'université de Copenhague a révélé que de nombreuses personnes se fiaient aux données de leur moniteurs d'activité comme s'il s'agissait d'un avis médical, ce qui suscite souvent des craintes et des angoisses inutiles.

« Il peut être difficile d'ignorer ce type de données si facilement accessibles lorsque nous portons littéralement des appareils qui nous alertent et nous servent de rappels visuels tout au long de la journée », explique Kate Miskevics.

 

COMMENT APAISER CETTE ANXIÉTÉ INDUITE ?

Malgré la charge mentale que ces technologies peuvent causer, leur popularité ne cesse de croître. Selon le Pew Research Center, près d'un adulte américain sur cinq utilise régulièrement une smartwatch ou un tracker de fitness. En France, les chiffres sont similaires : en 2022, selon l'Insee, 20 % des personnes de 15 ans ou plus vivant en France avaient déjà porté une montre connectée, un bracelet de fitness, des lunettes ou un casque connecté.

Heureusement, il existe des moyens de gérer l'anxiété que ces appareils peuvent générer. Joanna Hardis conseille de commencer par repenser la manière dont nous les utilisons. Elle explique que s'entraîner pour une course est une chose, mais que suivre de manière obsessionnelle chaque fluctuation de son rythme cardiaque en est une autre. Si votre moniteur d'activité physique alimente du stress, il est temps de réévaluer la manière dont vous le portez.

Kate Miskevics recommande d'ajuster les paramètres de notification pour réduire les distractions et faire des pauses sans technologie. « Nous savons que le fait de choisir consciemment de passer du temps loin de notre téléphone et de faire des pauses loin des écrans nous permet d'être plus attentifs et plus épanouis », explique Kate Miskevics. Sachant cela, « nous devons réfléchir à la manière dont la technologie portable peut réduire ces temps de pause, puisqu'elle nous donne un accès encore plus facile à notre vie technologique », ajoute-t-elle.

Si vous vous surprenez à consulter compulsivement votre téléphone portable, Joanna Hardis estime qu'il est essentiel que vous vous efforciez de rompre avec cette habitude. Cela ne sera pas confortable, dit-elle, mais si vous ne réapprenez pas à votre cerveau à cesser de vérifier vos données, la compulsion et l'anxiété deviendront plus fortes et plus persistantes.

Lorsque votre attention est accaparée par l'envie de vérifier vos données ou de vous inquiéter d'un problème de santé potentiel, Joanna Hardis recommande de s'arrêter et de « remarquer ce que vous voyez, entendez, sentez ». Cette pratique peut aider à entraîner le cerveau à rester ancré dans le présent plutôt que de s'enfoncer dans une spirale d'inquiétudes.

Une autre stratégie efficace ? Donner la priorité au repos. « Donnez de l'énergie à votre cerveau en dormant bien », conseille Robert Goldel. Au lieu de vous fier à votre téléphone portable pour suivre votre repos, il suggère une règle simple : « Si vous avez besoin d'un réveil, c'est que vous ne dormez probablement pas assez. »

Robert Goldel ajoute : « Soyez attentif à votre emploi du temps quotidien et prévoyez des pauses pour reprendre votre souffle, au sens propre comme au sens figuré. » Prenez cinq minutes sans technologie pour fermer les yeux et respirer. « Le repos et la récupération sont des processus actifs qui constituent des éléments essentiels de la vie. »

Si la technologie portable offre de nombreux avantages, trouver un équilibre entre la technologie et la pleine conscience peut nous aider à exploiter le pouvoir de la technologie portable sans sacrifier notre santé mentale, souligne Kate Miskevics. « Avoir accès à ces données, c'est formidable, nécessaire et utile », dit-elle. « Mais nous ne voulons pas non plus être tellement axés sur les données que nous oublions d'être humains. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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