Un mois sans boire d’alcool suffit à transformer votre corps

Grâce à des initiatives telles que le Dry January, de plus en plus de personnes essaient de réduire leur consommation d’alcool. Voici les bienfaits auxquels elles peuvent-elles s’attendre.

De Rachel Fairbank
Publication 6 janv. 2025, 15:56 CET
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De nombreux participants au Dry January ou à l’Octobre Sobre, des campagnes invitant à ne pas boire d’alcool pendant un mois, remarquent que la qualité de leur sommeil s’améliore et qu’ils sont moins anxieux. Selon les spécialistes du sujet, cet exercice comporte également des bienfaits pour le foie, pour l’intestin et pour d’autres organes.

PHOTOGRAPHIE DE Victoria Jones, PA Images, Getty Images

Chaque année, dans le monde entier, des millions de personnes arrêtent de consommer de l’alcool pendant un mois ; une tradition à l’origine nommée Dry January qui a donné lieu à d’autres démarches similaires, comme l’Octobre Sobre. Que cela s’inscrive dans le cadre d’une campagne coordonnée ou dans une simple tentative personnelle de boire moins, le nombre de personnes intéressées par la sobriété semble croître.

En 2024, 4,5 millions de Français ont tenté l'expérience d'un mois sans alcool, selon le site de l'opération Dry January. Selon une enquête réalisée par Ipsos, en 2025, 20 % des adultes américains prévoient de participer au Dry January, et 39 % ont pris la résolution de diminuer leur consommation d’alcool tout au long de l’année. Ces nombres sont encore plus élevés chez les jeunes adultes ; 25 % des adultes âgés de 18 à 34 ans ont l’intention de prendre part au Dry January et 50 % d’entre eux affirment souhaiter boire moins en 2025.

Avec cette tendance viennent nécessairement quelques questions : quels bénéfices peut-on tirer de l’arrêt de la consommation d’alcool ? Et un mois suffit-il pour commencer à les ressentir ?

« Les effets vont être différents en fonction des personnes, cela dépend du temps qui s’est écoulé depuis que l’on a commencé à boire de l’alcool », explique Shehzad Merwar, gastro-entérologue à l’UTHealth Houston. Ainsi que certaines études commencent à le montrer, réduire sa consommation d’alcool tout au long de l’année comporte de nombreux bénéfices ; et des démarches telles que le Dry January peuvent largement contribuer à modérer ses habitudes de consommation.

 

LES EFFETS DE L’ALCOOL SUR LE CORPS

L’alcool nuit à notre corps de bien des manières. Les effets les plus importants concernent le foie, organe où l’alcool est décomposé. Mais ce dernier a des conséquences secondaires sur nos autres organes, comme le cœur, l’appareil digestif, le pancréas et le cerveau. Celles-ci peuvent varier grandement et dépendent souvent de la durée de présence de l’alcool dans le corps et de la quantité ingérée.

« Le taux d’alcool dans le sang est un facteur majeur dans les lésions causées aux organes », prévient Paul Thomes, chercheur à l’Université d’Auburn, en Alabama, dont les travaux portent sur le mécanisme des lésions organiques dues à l’alcool.

Comme Paul Thomes l’explique, le foie décompose l’alcool sous une forme moins toxique afin qu’il puisse être éliminé dans le corps. Lors de ce processus, l’alcool est d’abord transformé en acétaldéhyde, un composé hautement toxique connu pour son caractère cancérigène. En général l’acétaldéhyde se désagrège très rapidement ; cependant, si ce processus est retardé ou interrompu – soit à cause d’une alcoolémie élevée ou à cause d’un autre facteur sous-jacent, comme la prise de médicaments interférant avec le métabolisme du foie – alors ce composé chimique est susceptible de s’accumuler dans l’ensemble du corps et de provoquer des dégâts.

« C’est la durée de l’accumulation des molécules toxiques dans les cellules et dans les tissus qui détermine l’ampleur des dégâts », explique Paule Thomes.

Ces dégâts peuvent avoir des effets sur tous les organes du corps et favoriser à long terme un certain nombre de périls liés à la consommation chronique d’alcool : tension artérielle élevée, cardiopathies, hépatopathies et risque accru de contracter certaines formes de cancer, entres autres… Une consommation chronique d’alcool peut également affaiblir le système immunitaire et altérer le bon fonctionnement du cerveau.

 

COMMENT LE CORPS SE REMET DE L’ALCOOL

La plupart des recherches sur les effets liés à l’arrêt de la consommation d’alcool portent sur des personnes alcooliques. Cependant, « même chez les buveurs modérés, vous pouvez avoir des effets observables sur la santé quand vous arrêtez de boire de l’alcool pendant un mois », affirme Carrie Mintz, psychiatre à l’Université Washington de Saint-Louis. « Vous pouvez voir ces changements en un mois à peine. »

Lorsque l’on arrête l’alcool, des changements apparaissent en l’espace de quelques semaines seulement. Notamment dans le foie, qui peut commencer à réparer les dégâts causés lors de trois des quatre stades de la maladie alcoolique du foie, qui débute avec l’accumulation de graisse, puis progresse vers une inflammation chronique, qui entraîne à son tour des lésions, qui culminent en cirrhose. Pour tous ces stades, à l’exception du dernier, le foie peut guérir.

« Le foie possède une capacité de régénération énorme, indique Paul Thomes. Les trois premiers stades [des lésions hépatiques] sont réversibles lors de la période d’abstinence. » S’abstenir de boire de l’alcool peut tout de même comporter des bénéfices pour les personnes atteintes de cirrhose du foie, car cela freine la progression de la maladie et prolonge la durée de vie du patient, bien que cela ne permette pas de faire machine arrière et de guérir de la maladie.

En plus des bienfaits pour le foie, l’arrêt de l’alcool présente d’autres avantages pour la santé qui seraient dus, eux aussi, à une diminution des taux d’alcool et d’acétaldéhyde dans le corps.

Dans le cadre d’une étude, quatre-vingt-quatorze buveurs modérés et grands buveurs ayant arrêté l’alcool pendant un mois ont vu leur résistance à l’insuline, leur tension artérielle et leur poids s’améliorer par rapport à leurs pairs qui ne s’étaient pas abstenus.

Parmi les autres avantages liés à l’arrêt de l’alcool figurent notamment : une amélioration du sommeil et de l’humeur, y compris une baisse des symptômes dépressifs et de l’anxiété, mais aussi une meilleure santé de la peau et de l’intestin. Il a été prouvé que l’alcool déséquilibre la composition microbienne de l’intestin, une maladie appelée dysbiose. Il provoque en outre des lésions aux cellules tapissant sa paroi, ce qui a pour effet de faire passer son contenu dans le sang.

« Dans l’intestin, cette dysbiose peut être annulée, mais pas complètement, même après trois à cinq semaines, prévient Paul Thomes. Cela peut prendre plus de temps pour restaurer le microbiote intestinal et [réparer] les lésions de l’intestin. »

 

UN MOIS PEUT AUSSI PORTER CONSEIL…

Un arrêt d’un mois a également souvent l’avantage d’aider les consommateurs à comprendre pourquoi leurs habitudes en matière d’alcool affectent leur santé et leur bien-être en général.

« Cela peut donner lieu à une vraie révélation », explique Steven Tate, médecin de l’Université Stanford spécialiste d’addictologie. Ainsi qu’il le fait observer, l’alcool peut soit causer, soit aggraver des problèmes de santé (sommeil de mauvaise qualité, dépression, anxiété…). Une consommation d’alcool régulière peut également être une tentative de s’automédiquer parce que l’on souffre de troubles du sommeil ou de l’humeur sous-jacents. En arrêtant l’alcool pendant un mois, on s’offre l’occasion de découvrir si cette substance provoque – ou masque –des problèmes de santé.

D’après l’expérience de Steven Tate, l’arrêt de l’alcool peut également nous aider à mieux cerner le rapport que nous entretenons avec celui-ci, et notamment à savoir si notre consommation est devenue excessive.

« Il est parfois difficile de se rendre compte que l’on est tombé dans l’addiction, fait observer le médecin. Il est parfois délicat de savoir où se situe la ligne rouge et parfois l’on ne s’en rend pas compte avant de l’avoir franchie. »

 

… ET CHANGER VOS HABITUDES DE CONSOMMATION

L’une des principales préoccupations concernant les tentatives d’arrêter l’alcool pendant un mois est ce qui se passe lorsque le mois se termine, et plus particulièrement le fait que la consommation d’une personne puisse devenir extrême lorsqu’elle reprend la boisson. Cependant, des études suggèrent que pour un certain nombre de participants au Dry January, le fait de s’abstenir pendant un mois peut également conduire à une consommation modérée au cours des mois qui suivent.

Dans l’étude qui avait suivi quatre-vingt-quatorze buveurs modérés et grands buveurs pendant un mois, les chercheurs ont constaté, lors d’un suivi effectué six mois plus tard, que les participants affirmaient boire considérablement moins qu’auparavant. En moyenne, leurs habitudes de consommation les plaçaient dans la catégorie « faible risque » en ce qui concerne les comportements problématiques liés à la boisson. Dans une autre enquête, qui a cette fois-ci porté sur 857 adultes britanniques ayant pris part au Dry January, les participants affirmaient boire moins six mois après avoir arrêté l’alcool pendant un mois.

La recherche commence à le montrer, le fait de modérer sa consommation d’alcool dans la durée peut avoir des effets bénéfiques importants sur la santé, des effets largement susceptibles de perdurer bien après la fin du mois initial. Selon les spécialistes, étant donné les dégâts que peut causer l’alcool à divers organes, en particulier lorsque l’alcoolémie est élevée, une modération générale des comportements liés à la boisson peut engendrer des bénéfices majeurs à long terme.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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