États-Unis : Hausse de la mortalité maternelle chez les femmes afro-américaines
Malgré les progrès de la médecine, les États-Unis sont l’un des deux seuls pays développés où le taux de décès chez les femmes enceintes augmente. Les femmes afro-américaines ont 2,6 fois plus de risques de décéder pendant ou après leur grossesse.
« Il n’y a absolument aucune raison pour que les femmes noires meurent à ce rythme là. » C'est la revendication principale qu'exprime Brittany Ferrell, activiste communautaire pour les droits des femmes noires aux États-Unis, lorsqu'elle évoque le taux de mortalité en couche des femmes afro-américaines. Militante dans le Missouri, État où la mortalité maternelle est la plus forte, Brittany Ferrell se bat pour un accès aux soins périnatals plus équitable entre les femmes noires et les femmes blanches.
La mortalité maternelle concerne l'ensemble des États-Unis. Chaque année, plus de 700 femmes meurent en couche ou de causes liées à la grossesse dans ce pays. Depuis 1990, les États-Unis sont l'un des deux seuls pays développés, avec la Serbie, à voir son taux de mortalité maternelle augmenter. En 2015, 14 femmes sur 100 000 sont mortes en couche aux États-Unis. Entre 2011 et 2015, sur 100 000 femmes enceintes, on dénombre 18,1 morts de femmes caucasiennes, contre 47,2 de femmes afro-américaines et à 38,8 de femmes amérindiennes.
Ces chiffres alarmants peuvent partiellement être expliqués par l'absence d'accès aux soins périnatals de ces communautés. Environ 12 % des femmes amérindiennes et 9 % des femmes afro-américaines en sont privées.
Alors lorsque l'on sait que le taux de mortalité maternelle est 2,6 fois supérieur chez les femmes noires que chez les femmes blanches, et que selon des études, 60 % de ces morts pourraient être évitées, on comprend que la voix de Brittany Ferrel ne soit pas la seule à s'élever. Sur l'ensemble du territoire, un « Birth Equity Movement » (Mouvement pour l'égalité du traitement des naissances, ndlr) a vu le jour et rassemble des organisations telles que la National Birth Equity Collaborative ou encore Black mamas matter, pour œuvrer en faveur d'une justice reproductive. Composées d'universitaires, de membres du corps médical et de militantes communautaires, ces organisations ont mené différentes études et actions de terrain permettant de déterminer que des biais liés à la pauvreté, au racisme ainsi qu'aux inégalités sociales et économiques étaient des facteurs aggravant de la situation.
En décembre dernier, leurs travaux et actions ont permis de faire voter une nouvelle loi à l'unanimité par la Chambre des représentants, the Preventing Maternal Deaths Act, qui permettra de débloquer 12 millions de dollars par an sur 5 ans pour mener des études sur les causes de ce phénomène de mortalité et pour la formation des personnels médicaux afin de prévenir des morts évitables. La loi doit encore être votée par le Sénat avant d'être mise en place.
Le phénomène est si grave et si global qu'il a même donné lieu à une coalition des mairesses noires de tout le pays sur le sujet. C'est dans cette même dynamique mais sur un plan plus communautaire qu'a été créé Mamatoto Village, afin de venir en aide et d'accompagner des femmes issues des quartiers défavorisés de Washington.