Découvrez les secrets de Lyon en explorant ses légendaires traboules
Pour redécouvrir l'Histoire de France avec originalité, rien de tel qu'une balade à travers le labyrinthe de traboules lyonnais.
Réparties à travers le périmètre UNESCO de la ville de Lyon qui comprend notamment les quartiers de la Croix-Rousse et du Vieux-Lyon, les traboules forment un vaste réseau de plus de 400 passages, couloirs et escaliers qui ont vécu et façonné l'Histoire de France, depuis le commerce de la soie à la Résistance de la Seconde Guerre mondiale.
Habitante de la ville depuis plus de 30 ans, Véronique Destombes y exerce en tant que guide touristique, elle sait quelles portes dérobées emprunter ou quels escaliers gravir pour trabouler en toute discrétion et explorer les 50 passages toujours accessibles aux touristes. Chaque traboule dispose de sa propre couleur pastel et d'un élément architectural unique en son genre. Pour l'un, ce sera une tour immense recouverte d'une peinture rose et pour l'autre, des plafonds en voûte ou des arches de la Renaissance… bref, il y en a pour tous les goûts.
Alors que nous remontons la rue du Bœuf, notre guide nous raconte comment les canuts, ces ouvriers de la soie lyonnaise, utilisaient les traboules pour transporter leurs tissus à travers la ville, à l'abri de la pluie et de la poussière. Au 19e siècle, ces passages ont joué un rôle crucial pendant la révolte des canuts qui compte parmi les premiers soulèvements populaires de la révolution industrielle européenne. Les traboules ont permis à ces travailleurs exploités de s'infiltrer dans le centre-ville de Lyon puis de s'emparer de certains points stratégiques. Durant la Seconde Guerre mondiale, c'est au tour de la Résistance française d'emprunter ces couloirs pour échapper aux nazis. Connaissant la ville comme personne, les membres de la Résistance n'avaient qu'à se faufiler dans les traboules pour semer les troupes de l'occupation ou échanger des messages en toute discrétion.
La plupart des traboules sont aujourd'hui des propriétés privées, utilisées uniquement par les résidents. Dans les années 1990, la ville de Lyon a accepté de financer l'entretien et la restauration des traboules que les résidents laissaient ouvertes au public toute la journée.
MAIS OÙ SONT-ELLES CES TRABOULES ?
En menant l'enquête, le voyageur averti peut s'octroyer un moment de tranquillité dans l'une des multiples traboules réparties à travers la ville. Dans le Vieux-Lyon, les accès sont marqués par des plaques de bronze en forme de bouclier alors que dans le quartier de Croix-Rousse, c'est une tête de lion sur fond jaune qui vous indiquera la voie à suivre. Voici une sélection de quatre traboules qui valent particulièrement le détour.
TRABOULE DE LA COUR DES VORACES
Véritable lieu de mémoire de la révolte des canuts, la traboule de la cour des Voraces a su préserver l'héritage de cette époque à travers son colossal escalier de façade sur six étages, l'un des plus vieux de la ville. On y trouve notamment une plaque sur laquelle est inscrite la mention suivante : « Dans la cour des Voraces, ruche du travail de la soie, les canuts luttaient pour leurs conditions de vie et leur dignité. » Pour vous plonger dans l'histoire lyonnaise à travers cette traboule historique, il faudra vous rendre au 9 place Colbert ou au 14 bis montée Saint-Sébastien.
LA LONGUE TRABOULE
Au 54 rue Saint-Jean, cherchez la porte verte et une gravure indiquant simplement « La longue traboule » pour accéder à la plus longue traboule du Vieux-Lyon. Elle vous emmènera au 27 rue du Bœuf en vous faisant traverser cinq arrière-cours séparées par quatre bâtiments. C'est l'une des quelques traboules que les Lyonnais utilisent encore fréquemment pour sillonner le Vieux-Lyon.
TRABOULE DE LA TOUR ROSE
Après être entré au 16 rue du Bœuf, vous tomberez nez à nez avec l'impressionnante maison du Crible, dite la Tour Rose, et son sublime escalier-belvédère en traversant la bien nommée traboule de la Tour Rose. Il n'est plus possible aujourd'hui d'emprunter les escaliers pour trabouler, mais les couleurs délicates de l'arrière-cour et les fenêtres du style Renaissance de la tour vous plongeront dans une atmosphère pittoresque.
TRABOULE DE MAISON BRUNET
Reliant le 10 rue Rivet au 5 place Rouville et le 12 rue Rivet au 6 place Rouville, cette traboule mènera qui ose s'y aventurer à la maison Brunet, un édifice comptant 365 fenêtres, pour les 365 jours de l'année, 52 appartements, pour les 52 semaines, 7 étages, pour les 7 jours de la semaine et 4 entrées, pour les quatre saisons. Lors de la révolte des canuts, les insurgés se postaient aux innombrables fenêtres pour envoyer des feux plongeants sur la garde nationale.
Carolyn Boyd est une journaliste et rédactrice spécialisée dans les destinations et la gastronomie françaises. Retrouvez-la sur Twitter.
Starlight Williams travaille en tant que réviseure et journaliste pour National Geographic. Retrouvez-là sur Twitter et Instagram.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.