Voyager autrement : la tentation du voyage équestre

Dans le Wyoming, les voyages à cheval sont le moyen idéal de prendre un peu de recul, de se ressourcer en famille ou entre amis et de renouer avec la nature.

De Matt Stirn
Publication 24 juil. 2020, 12:00 CEST
Cavaliers et chevaux se frayent un chemin à travers les champs de fleurs sauvages lors d’une ...

Cavaliers et chevaux se frayent un chemin à travers les champs de fleurs sauvages lors d’une randonnée équestre dans le chaînon Gros Ventre du Wyoming.

PHOTOGRAPHIE DE Matt Stirn

J’ouvre les yeux. Je suis dans mon sac de couchage. Le soleil darde ses premiers rayons sur notre camping. Dans la chaîne de Wind River, située dans l’ouest du Wyoming, il fait un froid glacial. Je m'extirpe de la tente. À travers la prairie de fleurs sauvages, les chevaux arrêtent un moment de brouter et se tournent vers moi.

« Le petit-déjeuner est servi ! », s’écrie mon père. Heath, notre guide, véritable cowboy du Wyoming, me tend une tasse de café et une assiette d’œufs accompagnée de truites grillées que nous avions pêchées la veille. On se la coule douce en ce troisième jour de randonnée équestre. Rien ne presse, on veut simplement regarder le soleil se lever derrière la chaîne de montagnes. Il nous faut garder notre énergie. Plus tard dans la journée, on a prévu de visiter un glacier le long de la ligne continentale de partage des eaux.

L’histoire des voyages équestres aux États-Unis remonte au début du 19e siècle lorsque les explorateurs et les trappeurs décident de s’aventurer en terrain inconnu, dans les Rocheuses. Des mulets et des chevaux étaient alors utilisés pour faciliter le transport d’équipements lourds sur de longues distances.

De nos jours, les voyages équestres sont toujours une expérience unique mais à la place des expéditions intrépides dans des pays inexplorés, elles proposent des campings dans des régions montagneuses éloignées avec des tentes en toile confortables, des douches solaires et des repas gastronomiques.

La journée, on explore des paysages époustouflants, on pêche dans les lacs de montagne, on observe des animaux sauvages dans les zones alpines. Le soir, on cuisine sur le feu et on admire le magnifique spectacle nocturne de la Voie lactée. Dans un monde où on mène un rythme de vie effréné et où nos interactions sont de plus en plus virtuelles, les voyages équestres sont le moyen idéal de prendre un peu de recul, de se ressourcer en famille ou entre amis et de renouer avec la nature.

 

LE TEMPS SUSPEND SON VOL

En 2019, National Geographic a mené un sondage auprès de 3 500 personnes pour en savoir plus sur leurs voyages et les préparatifs des prochaines vacances. Les résultats ont montré une préférence pour les voyages durables qui favorisent les liens avec la nature et les cultures. Une étude similaire, menée par l’Adventure Travel Trade Association, fait écho à ces résultats.

« Les données récentes montrent que les voyages lents et immersifs sont en plein essor », affirme Shannon Stowell, PDG de l’Adventure Travel Trade Association. « Le concept du bus touristique Hop-on Hop-off semble révolue. Depuis toujours, les agences de voyages préfèrent offrir des expériences uniques en pleine nature, avec des personnes ou encore en compagnie d’animaux sauvages. »

Le concept croissant de slow travel va de pair avec le mouvement de slow food et permet de tisser des liens avec les lieux, les personnes, la nature ou encore soi-même en proposant des expériences durables et respectueuses de l’environnement. Au lieu de se concentrer sur l’itinéraire d’un voyage, le slow travel prône un changement de mentalité qui procure des bienfaits émotionnels, culturels et physiques. Ce mantra peut aussi facilement être appliqué dans un village voisin qu’en bord de la mer. Opter pour un séjour chez l’habitant plutôt qu’à l’hôtel, découvrir l’histoire d’un quartier inconnu, s’aventurer en milieu sauvage… voici quelques exemples de slow travel. Les bienfaits sont d’autant plus stimulés si la nature fait partie du voyage.

Une étude menée en 2015 par l’université Stanford, et publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, montre que le simple fait de passer du temps dans la nature réduit les pensées négatives, le stress et la dépression. En deux mots, la nature rend plus heureux. Pourtant, tout le monde n’est pas très à l’aise de se munir d’un sac à dos et de faire de la randonnée. Pour cela, le voyage équestre permet de faciliter la tâche : transport à quatre pattes, guide expérimenté et service de luxe « à la maison ».

Le voyage équestre donne également accès à une partie des zones sauvages protégées du pays qui s’étendent sur plus de 400 000 kilomètres carrés et qui sont interdites aux véhicules. Tory Taylor, écrivain et pourvoyeur pendant 40 ans, recourt souvent aux vertus thérapeutiques de la nature en s’y promenant à cheval. « La nature sauvage a ce je-ne-sais-quoi d’apaisant », dit-il. « Le bruit des sabots des chevaux est, comment dire, réconfortant. »

Avec la pandémie de coronavirus, le tourisme est pratiquement au point mort, avec des hôtels presque vides et un trafic aérien très réduit. Les loisirs en plein air sont désormais une expérience à ne pas manquer. « On s’intéresse de plus en plus aux longs voyages », explique Peter Linn, pourvoyeur de troisième génération dans le Wyoming. « On veut prendre le temps de savourer les activités au lieu de visiter plusieurs parcs nationaux en un week-end », ajoute-t-il. « Grâce aux voyages équestres, tout le monde peut profiter de ces moments de détente, même les personnes qui ne sont pas adeptes du plein air. »

 

PRENEZ LES RÊNES

Quelques nuitées ou des expéditions de plusieurs semaines ? Dans l’ouest des États-Unis, les pourvoyeurs proposent plusieurs options. Ils satisfont parfois des intérêts spécifiques comme la randonnée, la pêche ou même la contemplation d’animaux sauvages. Le printemps et l’été apportent leur lot de chaleur et de fleurs sauvages (parfois même de moustiques), alors que l’automne est plus propice à l’observation de la faune.

Les entreprises responsables comme Bear Basin Adventures et Pendergraft Outfitters, traitent bien leurs chevaux et mulets. Ils respectent la charge que les animaux sont capables de porter ainsi que les distances qu’ils peuvent confortablement parcourir. Le lien entre les guides et les animaux est généralement très fort et peut très bien être une raison de participer à un voyage équestre. Cela dit, en faisant vos recherches, n’hésitez surtout pas à vous renseigner sur le bien-être des animaux.

C’est une expérience novatrice des plus enrichissantes. « Regarder tout ce monde entrer en contact avec la nature, dit Taylor, c’est un peu comme voir un papillon émerger de sa chrysalide. Ils s’épanouissent sous nos yeux. »

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Matt Stirn est un écrivain, photographe et archéologue qui a participé à plus de 25 voyages équestres dans les Rocheuses. Il partage son temps entre Jackson Hole dans le Wyoming et Boston au Massachusetts. Suivez-le sur Instagram.

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