Spéléologie : une aventure au centre de la Terre

La grotte des Eaux Chaudes, dans les Pyrénées-Atlantiques, offre aux visiteurs aventureux une perspective inédite : la montagne vue de l'intérieur.
De Thomas Nicolon, National Geographic
Publication 23 oct. 2024, 11:43 CEST

Le tonnerre est assourdissant en ce matin de septembre, alors que Jonathan Dorez étale le plan de la grotte des Eaux Chaudes sur une table de l’auberge. Minutieusement, il détaille les sept heures de trajet que nous allons effectuer dans cette grande cavité souterraine des Pyrénées-Atlantiques.

Il est neuf heures passées lorsque nous nous mettons en route. Nous sommes accompagnés de deux touristes, Marc, qui a déjà fait de la spéléologie, et Marie, dont c’est la première fois. La pluie tombe à verse et les montagnes autour de nous sont enveloppées d’un épais brouillard. En contrebas, le Gave, rivière pyrénéenne qui arrose la vallée d’Ossau, s'anime au rythme des précipitations. Après vingt minutes de route sinueuse, nous nous arrêtons sur une piste de montagne. 

Combinaison intégrale, chaussures de spéléologie, baudrier, mousquetons, casque, gants, lampe frontale… l'attirail est impressionnant mais confortable - et surtout sécurisant. Une fois équipés, nous suivons Jonathan qui nous guide vers l’entrée de la grotte.

Spectaculaire et mystérieuse, la grotte des Eaux-Chaudes est une curiosité à la portée des randonneurs les moins expérimentés et des novices en spéléologie.

PHOTOGRAPHIE DE thomas nicolon, National Geographic

La grotte des Eaux Chaudes accueille de nombreux visiteurs. Au début du 19e siècle déjà, des touristes aisés venaient s’y balader. Dans les années 1860, des passerelles et autres aménagements en bois y ont même été érigés pour en faciliter l’accès. Tout au long du 20e siècle, les spéléologues se sont succédés pour explorer la grotte en profondeur, et ce jusqu’en 2016. D’une longueur totale de 11 kilomètres, elle abrite une rivière et plusieurs cascades.

De prime abord, l'exploration de la grotte des Eaux Chaudes ne paraît pas difficile. L’entrée est vaste, et les premiers mètres ne comportent aucun obstacle particulier. C’est plus loin que les choses se corsent, lorsque l’obscurité se fait totale, et le terrain plus technique. Très vite, il faut grimper, s’accrocher ou même se faufiler à l'horizontale entre rochers et parois. À nos pieds, l'eau est si claire qu’on ne la voit pas, et à plusieurs reprises je marche dans des flaques, parfois jusqu’à la cheville.

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      Gauche: Supérieur:

      Pour les besoins de ce reportage, le photographe National Geographic Thomas Nicolon a traversé les plus beaux paysages des Pyrénées au volant d'un nouveau Dacia Duster hybride.

      Droite: Fond:

      Pour les besoins de ce reportage, le photographe National Geographic Thomas Nicolon a traversé les plus beaux paysages des Pyrénées au volant d'un nouveau Dacia Duster hybride.

      Photographies de thomas nicolon, National Geographic

      Après deux heures de progression lente mais sportive, nous prenons une pause déjeuner dans un couloir de la grotte. Avec une température de 6°C nos corps se refroidissent vite au repos. Il faut rapidement reprendre la marche pour se réchauffer.

      Adolescent, j’avais eu l’occasion de m'initier à la spéléologie dans les gorges de l’Aveyron, à 300 kilomètres de là, mais rien ne m’avait préparé à cette sortie intense et ludique à la fois. Peu après le repas, je dois m’accrocher avec des mousquetons à un câble en fer pour longer une paroi d’une cinquantaine de mètres. Après cette séquence physique, nous nous retrouvons dans une gigantesque salle au milieu de laquelle coule une cascade. « C’est ce que j’aime dans cette grotte » m’explique Jonathan, « son immensité tout en étant sous terre. Il y a aussi un côté rude. Pas d’argile ici, que de la roche. C’est la montagne vue de l’intérieur. » 

      La grotte des Eaux Chaudes figurait dans la plupart des guides à destination des curistes du 19e siècle. Ces derniers prenaient plaisir à s'y rendre en excursion pour découvrir à leur tour cette merveille de la nature.

      PHOTOGRAPHIE DE thomas nicolon, National Geographic

      À chaque passage délicat, Jonathan prend le temps de donner des consignes. Sûr de lui mais décontracté, ce natif de Charente-Maritime inspire confiance. Installé dans les Pyrénées-Atlantiques depuis 2015, il est à la tête d’Accro-Nature, qui propose des aventures touristiques en canyoning et spéléologie. Il dispense également des formations aux personnes qui préparent un diplôme d’État dans ce domaine. « Je fais des sorties ici même avec des enfants de douze ou treize ans, explique Jonathan, mais je suis aussi amené à faire des parcours sur mesure avec des clients plus expérimentés. »

      Après trois heures et demie d’exploration, nous atteignons la cascade dite Fajolles, découverte en 1923. Sur le chemin du retour, nous empruntons par endroits des déviations, pour varier l’itinéraire. La progression se fait plus complexe. Je me retrouve à certains moments accroché à une ligne de vie aérienne, les pieds sur une paroi, mon dos sur une autre pour ne pas glisser.

      La grotte des Eaux Chaudes a été aménagée pour des visites touristiques sur la demande de l'impératrice Eugénie en 1854. Quelques anciens aménagements subsistent, dont des murets et des passerelles.

      PHOTOGRAPHIE DE thomas nicolon, National Geographic

      Un peu plus loin nous procédons à l’étape la plus palpitante de la sortie : une descente en rappel de 15 mètres dans l’obscurité. « Tu relâches la pression sur la corde pour descendre, m’indique Jonathan, mais quoi qu’il arrive, ne la lâche jamais. » Je touche le sol quelques minutes plus tard.

      Marie, novice, est aussi enchantée que moi par l’expérience. L’activité était accessible aux débutants, mais comportait tout de même son lot de défis techniques et physiques. Le tout parsemé de quelques légères sueurs froides… L’aventure parfaite.

      Après une descente en rappel, retour à l'air libre. Plusieurs itinéraires permettent aux touristes de se rendre dans cette superbe grotte.

      PHOTOGRAPHIE DE thomas nicolon, National Geographic

      Vers dix-sept heures, nous apercevons la lumière du jour. J'ai l'impression d’émerger des entrailles de la Terre après un long périple dans l’obscurité. La pluie s’est arrêtée. Le soleil nous réchauffe. En marchant vers notre Dacia Duster, nous rejouons chaque étape de cette aventure hors norme, le sourire aux lèvres. Fiers, et heureux. 

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