Norvège : vingt-quatre heures le long des fjords du grand Nord
Des paysages de glace spectaculaires, une nature préservée et des baleines curieuses : bienvenue dans le grand nord norvégien. Suivez le guide pour une expérience à nulle autre pareille.
L'hiver dans le cercle polaire arctique, le soleil ne se montre pas durant presque trois mois, de fin octobre à début février. À partir de la fin du mois de décembre, une douce lumière éclaire le paysage pendant quelques heures, de 9h30 à 13h30 environ.
Cet article a été réalisé avec le soutien d'Expedia, qui a offert ce voyage.
Je n’avais jamais dormi sur un bateau. Au rythme de la houle, j’ai fini par trouver le sommeil dans la petite cabine du bateau qui nous amène dans les fjords du nord de la Norvège. J’ouvre doucement les rideaux. Un paysage merveilleux s’offre à moi. Un paysage lunaire, qui me fait étrangement penser à la Vallée de la mort tant ses reliefs paraissent hostiles à l’Homme. Nous sommes ici dans l’extrême opposé, un environnement de neige et de glace. Le ciel est teinté de rose, ce rose singulier qui colore le ciel à cette période de l’année, alors que le soleil n’est jamais visible au-dessus de la ligne d’horizon. Bientôt, la nuit polaire retombera.
J’enfile les couches de vêtements qui me protègeront du froid. Nous sommes partis hier soir sous la neige depuis Tromsø, dans le nord-ouest de la Norvège. D’immenses glaciers, pour beaucoup encore intacts, ont façonné au fil des âges géologiques des vallées sous-marines que la mer emprunte pour venir s’enrouler au pied des montagnes. Le terme fjord lui-même signifie « aller » ou « traverser » en norrois. Ces bras de mer ponctuent ainsi le nord de la Norvège, très morcelé.
La météo est plus calme ce matin. Le bateau navigue lentement, pour réduire le risque de collisions avec la faune. Plusieurs espèces de cétacés peuvent être observées le long des côtes norvégiennes, notamment des orques (Orcinus orca) et des baleines à bosse (Megaptera novaeangliae), connues pour leurs vocalises et leurs démonstrations acrobatiques, qui migrent dans les eaux norvégiennes pour se nourrir de krill et de petits poissons. La baleine de Minke (Balaenoptera acutorostrata) est l'espèce de baleine à fanons la plus commune dans les eaux norvégiennes, et peut y être observée tout au long de l'année. Un peu plus rares, le rorqual commun (Balaenoptera physalus), le globicéphale commun (Globicephala melas) et les cachalots (Physeter macrocephalus) peuvent aussi être observés au large.
Depuis le cockpit, le bateau se fraie sans mal un chemin dans les fjords du grand Nord. « Là ! Regardez droit devant, une baleine à bosse ! » nous alerte le capitaine. Au loin, un jet puissant sort de l’eau, puis un mouvement, une nageoire caudale se lève avant de disparaître.
OBSERVER DES BALEINES SANS LES METTRE EN DANGER
L’observation des baleines est devenue une activité touristique dans les années 1950. Désormais, plus d’une centaine de pays proposent des excursions en mer pour tenter d’apercevoir une vaporisation soudaine de fines gouttelettes à l’horizon, une nageoire caudale se glissant avec grâce sous la surface de l’océan ou une baleine à bosse surgissant hors de l’eau. Mais tous ces pays ne garantissent pas une observation sans danger pour les cétacés.
« La présence excessive de bateaux dans les zones où vivent les cétacés peut avoir un impact négatif » explique Victoria Melluish, naturaliste britannique spécialiste des cétacés et cheffe d’exploration pour Norwegian Travel. « Leur communication, qui repose sur le son, peut être perturbée par le bruit des moteurs. Ils peuvent aussi entrer en collision avec différents types de bateaux. Pour préserver leurs aires d'alimentation, il est essentiel de favoriser un tourisme responsable. »
La Norvège du Nord est une région unique pour l'observation des baleines. Ici, une baleine à bosse remonte à la surface avant de replonger dans les profondeurs.
La Commission baleinière internationale, qui supervise la pêche à la baleine et le tourisme baleinier dans le monde entier, répertorie une cinquantaine de pays, dont la Norvège, qui se sont dotés de règles pour encadrer le tourisme maritime, qu’il s’agisse de distances de sécurité à respecter ou bien du temps imparti pour les bateaux auprès d’un groupe de cétacés.
Pour Victoria Melluish, dans le cadre d’une démarche responsable et dans le respect des animaux que vous souhaitez observer, il est important de se renseigner sur les sociétés proposant les excursions d’observation de baleines. « Visitez le site web de l'opérateur ou parlez à un représentant pour vous assurer que vous soutenez les opérateurs les plus responsables. Pensez à poser les questions suivantes : l’opérateur s’engage-t-il à maintenir une distance de sécurité entre le navire et les mammifères marins ? Le bateau utilisé par l'opérateur est-il respectueux de l'environnement afin de minimiser la pollution sonore et la consommation de carburant ? L'opérateur navigue-t-il à une vitesse de sept nœuds ou moins, ce qui réduit le risque de collision et permet d'observer les baleines plus sereinement ? Enfin, demandez à l'opérateur s'il a établi un protocole pour les rencontres avec les couples mère-baleineau. Cela fait preuve de leur volonté de prioriser le bien-être des animaux. »
Dans ce paysage si étranger à tout ce que je connais, ces apparitions de cétacés venant à la rencontre du bateau semblent relever du merveilleux. Curieux, une baleine à bosse et son petit tournent non loin du bateau.
Le vent est désormais trop fort pour nous permettre d’aller les observer de plus près en zodiac. Je me tourne vers Victoria pour lui demander si cette pratique n’aurait pas été dérangeante pour les cétacés, puisque nous aurions utilisé un bateau à moteur, contrairement à d’autres zones maritimes où des kayaks, des canoës ou des paddleboards sont proposés aux touristes. Si elle reconnaît que ces moyens de navigation représentent un moindre stress pour les animaux, elle insiste sur le fait que quel que soit le moyen d’observation, le plus important est de maintenir une distance de sécurité de 50 à 100 mètres et de veiller à ne pas les suivre ou se diriger droit vers eux. « Pour toute observation de la faune d’une manière générale, il y a une règle d'or à respecter : si un animal sauvage modifie son comportement en raison de votre présence, c'est que vous êtes trop près. »
COMMENT DISTINGUER LES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE CÉTACÉS ?
En Norvège, la saison d’observation hivernale des baleines va de mi-janvier à avril, et la saison d'été de début mai à début novembre. Dans le nord du pays, et surtout dans l’archipel des Vesterålen, vos chances d'apercevoir des baleines sont supérieures à tout autre endroit en Norvège. Au milieu de l’hiver, les harengs migrateurs se dirigent vers le nord, attirant cachalots, orques et rorquals communs. Ces dernières années, cette migration a principalement eu lieu dans les régions de Lyngenfjord et d’Alta.
Très rares les saisons précédentes, les cachalots sont de plus en plus souvent vus dans les eaux du nord de la Norvège. Ils étaient auparavant principalement observés à Andenes et notamment dans le Bleik Canyon où ils peuvent plonger profondément, de 600 à 2 500 mètres. L’hypothèse de la disponibilité de nourriture a été avancée pour expliquer la présence de cachalots dans ces régions du grand nord. Victoria Melluish n’en est pas convaincue. « Je ne pense pas qu'il y ait une pénurie de nourriture dans la région d’Andenes. Au large de Vesterålen, où l'on a historiquement plus de chances d’observer des cachalots, il n'y a pratiquement pas de plateau continental. Le fond marin plonge directement dans l'océan profond. La rencontre d'eaux froides et d'eaux chaudes en fait une région riche en micro-organismes, en plancton et en poissons. À Skjervøy, ils se nourrissent probablement de flétan du Groenland, de baudroie commune et peut-être de morue de l'Atlantique. » S’il y a une pénurie de nourriture, ajoute-t-elle, il est possible que des cachalots migrent plus au nord pour se nourrir, le temps que les populations de poissons se reconstituent dans la région d’Andenes.
Les baleines à bosse, connues pour leurs vocalises et leurs démonstrations acrobatiques, migrent dans les eaux norvégiennes pour se nourrir de krill et de petits poissons.
Le vent crée de petites vagues, d’où ressortent avec grâce des nageoires caudales qui disparaissent presque aussitôt dans les flots. Pour distinguer les différentes espèces qui viennent nous saluer, Victoria me donne quelques conseils pratiques :
Recherchez les rostres : Les baleines font généralement surface pour respirer, et l'un des signes les plus visibles est leur rostre ou leur souffle. Faites attention à la forme, à la hauteur et à la fréquence du jet. Les différentes espèces ont des caractéristiques distinctes, mais le souffle du cachalot est très distinctif : il est incliné vers la gauche et vers l'avant.
Taille et forme du corps : Observez la taille et la forme du corps du cétacé en question. Certaines espèces ont des caractéristiques corporelles uniques, comme les baleines à bosse avec leurs longues nageoires pectorales ou les orques avec leurs nageoires dorsales proéminentes.
Les nageoires caudales : Observez les nageoires caudales lorsque la baleine plonge. La forme, les motifs de couleur et les marques sur les nageoires caudales peuvent être spécifiques à certaines espèces et peuvent aider à l'identification.
Comportement et mouvements : Observez le comportement et les mouvements de la baleine. Certaines espèces ont des comportements spécifiques, certaines brèchent, c’est-à-dire qu’elles sautent hors de l'eau, ou font claquer leur queue.
Forme et coloration de la nageoire : Faites attention à la forme et à la coloration de la nageoire dorsale. La forme des nageoires peut varier d'une espèce à l'autre, certaines ayant des nageoires incurvées ou triangulaires, tandis que d'autres ont des formes plus singulières. Les motifs de couleur et les marques sur le corps peuvent également être distinctifs.
Taille du groupe et comportement social : Notez le nombre de baleines et leur comportement social. Certaines espèces, comme le rorqual commun, ont tendance à voyager seules ou en petits groupes, tandis que d'autres forment des groupes plus importants.
Alors que le bateau continue sa route vers le nord, l’air est à la fois glacial et vivifiant. Les montagnes découpent l’horizon d’une manière spectaculaire. Je pourrais passer des heures sur ce pont, mesurant le caractère exceptionnel de cette expérience. Les teintes roses du ciel s’assombrissent déjà, la nuit plongera bientôt ce paysage onirique dans l’obscurité.
POUR ALLER PLUS LOIN - Expedia® vient de publier un guide de voyage complet sur le nord de la Norvège. Informations de voyage, astuces pour faire des économies, conseils de photographie et itinéraires idéaux vous aideront à planifier un voyage unique.
COMMENT S’Y RENDRE - Pour avril 2024, Tromsø propose l’option de voyage la plus économique avec des tarifs hôteliers quotidiens s’établissant en moyenne à 136 €, soit 73 € de moins par nuitée qu’en janvier. Pour l’automne/hiver 2024, septembre s’impose comme le mois le plus abordable pour un séjour à Tromsø, avec un tarif moyen de 132 € par nuitée enregistré au cours des deux dernières années.